Marathon girl

L’autre jour, en me promenant, je tombe sur le passage du marathon de Paris. Ça, c’est un chouette spectacle ! Il suffit de se poser au bord de la route et de regarder : on voit défiler des centaines d’humains de toutes sortes, grands ou petits, minces ou ronds, à l’aise ou en souffrance. C’était au début de la course et déjà des différences de foulées se faisaient sentir : pour certaines et certains, on se demandait bien comment ils allaient réussir à parcourir les 20 ou 30 kilomètres restants, tant ils commençaient à courir de guingois.
Tout à coup, je vois passer un drôle de groupe : une dame dans une sorte de fauteuil roulant conçu pour aller vite, poussée par un monsieur et entourée par une troupe portant le même T-shirt qu’elle. Elle avait l’air toute contente de glisser ainsi au milieu de ce flot d’humains et de ces galops inégaux et heurtés.
« Pfff… C’est vraiment une drôle d’idée de se faire pousser comme ça, au sein de cette horde suante et soufflante, dans le tumulte des tambours ou des orchestres du bord de la route, les encouragements des spectateurs, les odeurs de foule et de goudron… » que je me dis. Il me semble qu’à sa place, tant qu’à ne pas pouvoir marcher ni courir, je ne me flanquerais pas là-dedans, mais je chercherai plutôt des plaisirs calmes et contemplatifs, qui ne me rappelleraient pas mes manques ni mon handicap.
Et là – merci mon cerveau ! - mon petit warning intérieur s’allume aussitôt : « Dis donc, vieux, si tu arrêtais un peu de juger ? D’abord tu n’es pas à sa place : toi tu peux marcher et courir ; alors il y a sans doute des choses qui t’échappent dans cette histoire. Et puis, elle était souriante, et apparemment contente d’être là, au milieu de ses copains qui se relayaient pour la pousser. Alors de quoi tu te mêles, avec tes deux jambes qui marchent ? Tu trouves que c’est parfois absurde ces personnes handicapés qui veulent faire comme si elles n’étaient pas handicapées ? Mais c’est peut-être exactement ce dont tu rêverais si tu étais dans leur cas… »
Ça y est, je ne suis plus sur le même registre, je le sens. Je ne suis plus un spectateur qui juge paresseusement et à distance, de haut. Je suis redevenu humain, et je cherche à rentrer dans le cœur de la dame poussée. « Ouvre les yeux, mon vieux ! C’est bon ? Tu vois ce qu’il faut voir ? Juste une personne paralysée heureuse de se sentir aimée par ses amis, qui se régale d’être trimballée dans cette kermesse distrayante. Chaque fois qu’un proche (ou un collègue de travail, peut-être) pousse son chariot, il lui dit à sa façon qu’il l’aime bien, et que la fatigue supplémentaire ne lui pèse pas mais lui réjouit le cœur. Comme à chaque fois qu’on donne quelque chose à quelqu’un qui ne pourrait jamais se le procurer seul. »
Ouh la la ! Je commence à renifler. Ça fait maintenant plusieurs minutes que la dame et ses amis ont disparu et je suis là en train de m’attendrir tout seul, comme un vieux fou aux yeux humides et dans le vague, en train de m’émouvoir sur cette humanité incroyable, capable de courir jusqu’à souffrir, de faire des effort où se rejoignent la tendresse (on t’aime, on te pousse, avec nous, partout) et l’inutilité (franchement, courir en rond sur du goudron…). Je respire un peu plus fort, moi qui ne cours pas ce jour-là. Je souris. J’espère que la dame est très heureuse. Et ses amis aussi.
Christophe André

L’autre jour, en me promenant, je tombe sur le passage du marathon de Paris. Ça, c’est un chouette spectacle ! Il suffit de se poser au bord de la route et de regarder : on voit défiler des centaines d’humains de toutes sortes, grands ou petits, minces ou ronds, à l’aise ou en souffrance. C’était au début de la course et déjà des différences de foulées se faisaient sentir : pour certaines et certains, on se demandait bien comment ils allaient réussir à parcourir les 20 ou 30 kilomètres restants, tant ils commençaient à courir de guingois.
Tout à coup, je vois passer un drôle de groupe : une dame dans une sorte de fauteuil roulant conçu pour aller vite, poussée par un monsieur et entourée par une troupe portant le même T-shirt qu’elle. Elle avait l’air toute contente de glisser ainsi au milieu de ce flot d’humains et de ces galops inégaux et heurtés.
« Pfff… C’est vraiment une drôle d’idée de se faire pousser comme ça, au sein de cette horde suante et soufflante, dans le tumulte des tambours ou des orchestres du bord de la route, les encouragements des spectateurs, les odeurs de foule et de goudron… » que je me dis. Il me semble qu’à sa place, tant qu’à ne pas pouvoir marcher ni courir, je ne me flanquerais pas là-dedans, mais je chercherai plutôt des plaisirs calmes et contemplatifs, qui ne me rappelleraient pas mes manques ni mon handicap.
Et là – merci mon cerveau ! - mon petit warning intérieur s’allume aussitôt : « Dis donc, vieux, si tu arrêtais un peu de juger ? D’abord tu n’es pas à sa place : toi tu peux marcher et courir ; alors il y a sans doute des choses qui t’échappent dans cette histoire. Et puis, elle était souriante, et apparemment contente d’être là, au milieu de ses copains qui se relayaient pour la pousser. Alors de quoi tu te mêles, avec tes deux jambes qui marchent ? Tu trouves que c’est parfois absurde ces personnes handicapés qui veulent faire comme si elles n’étaient pas handicapées ? Mais c’est peut-être exactement ce dont tu rêverais si tu étais dans leur cas… »
Ça y est, je ne suis plus sur le même registre, je le sens. Je ne suis plus un spectateur qui juge paresseusement et à distance, de haut. Je suis redevenu humain, et je cherche à rentrer dans le cœur de la dame poussée. « Ouvre les yeux, mon vieux ! C’est bon ? Tu vois ce qu’il faut voir ? Juste une personne paralysée heureuse de se sentir aimée par ses amis, qui se régale d’être trimballée dans cette kermesse distrayante. Chaque fois qu’un proche (ou un collègue de travail, peut-être) pousse son chariot, il lui dit à sa façon qu’il l’aime bien, et que la fatigue supplémentaire ne lui pèse pas mais lui réjouit le cœur. Comme à chaque fois qu’on donne quelque chose à quelqu’un qui ne pourrait jamais se le procurer seul. »
Ouh la la ! Je commence à renifler. Ça fait maintenant plusieurs minutes que la dame et ses amis ont disparu et je suis là en train de m’attendrir tout seul, comme un vieux fou aux yeux humides et dans le vague, en train de m’émouvoir sur cette humanité incroyable, capable de courir jusqu’à souffrir, de faire des effort où se rejoignent la tendresse (on t’aime, on te pousse, avec nous, partout) et l’inutilité (franchement, courir en rond sur du goudron…). Je respire un peu plus fort, moi qui ne cours pas ce jour-là. Je souris. J’espère que la dame est très heureuse. Et ses amis aussi.
Christophe André
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