Les douze liens interdépendants
Comme chaque fois, développons la motivation de recevoir cet enseignement pour atteindre l’éveil et pour pouvoir mieux aider les autres. Nous allons continuer avec les instructions de Gampopa sur la méditation, contenues dans « Le précieux Ornement de la Libération », livre dans lequel il a condensé tout l’enseignement du Bouddha. C’est une œuvre exceptionnelle qui nous offre, inclus dans un seul ouvrage, le nectar, le meilleur de tout ce dont nous avons besoin pour notre pratique. En ce qui concerne l’ignorance, troisième poison émotionnel, Gampopa dit : « Si c’est l’ignorance qui domine en nous, méditons sur la production interdépendante. On lit dans ‘le Soutra des pousses de riz’ : « Moines, qui connaît cette pousse de riz connaît la production interdépendante ; qui connaît la production interdépendante connaît le Dharma ; qui connaît le Dharma, connaît le Bouddha » », la bouddhéité. En disant ceci, passant près d’un champ de riz, le Bouddha montre tout simplement un plant et dit : « Qui comprend cette plante de riz comprendra le Dharma ; qui comprend le Dharma comprendra la bouddhéité. » Et bien sûr, les disciples lui demandent : « Mais qu’est-ce que cela veut dire ? » Il donne alors l’explication, devenue le centre même de son enseignement, sur ce que l’on nomme « la production interdépendante ». Dans les douze liens de cette chaîne des facteurs interdépendants, on trouve tout l’enseignement du Bouddha, tout le dharma, regroupé en une suite de causes à effets, qui explique le samsara et qui explique aussi la libération. Cet enseignement n’est pas donné très souvent, parce qu’il y a douze facteurs à comprendre et que cela semble difficile. Habituellement, on se limite à l’explication de deux ou trois éléments. Mais douze, c’est beaucoup ! Cependant, quand on prend le temps de réfléchir sur chaque facteur, cela devient très simple, mais il faut avoir de bonnes bases du dharma pour les comprendre. Dans ce stage, nous allons essayer d’établir ces bases. Nous allons donner à ces douze facteurs l’importance qui leur revient, parce qu’ils lient tout l’enseignement du Bouddha comme un fil rouge, qui est le fil conducteur. Nous comprendrons ainsi comment tout l’enseignement du Bouddha est connecté par la simple observation de la réalité. On note deux façons différentes de présenter ce sujet. Dans le Canon pâli, le Bouddha Sakyamuni explique tout ceci à plusieurs reprises et dans le Canon sanskrit, c’est Maitreya qui, à la demande du Bouddha, explique tout cela. Puis Maitreya va trouver le Bouddha, qui est en samadhi. Le Bouddha bénit alors le discours de Maitreya. Les mots (des deux Canons) sont presque identiques. Je vais lire maintenant le résumé de ce que le Bouddha a expliqué.
1. Au commencement apparaît ce que l’on nomme « l’ignorance qui obscurcit ce qui est à connaître (la réalité) ». 2. Cette ignorance mène à la formation d’actes ‘pollués’ (motivés par la saisie dualiste), positifs, négatifs (ou immuables), que l’on appelle « formations karmiques découlant de l’ignorance ». 3. L’esprit contaminé par les germes de ces actes est appelé « conscience découlant des formations karmiques ». 4. Sous l’impulsion des forces karmiques, l’esprit se méprend. Il pénètre dans une matrice et passe par toutes les phases de l’embryon et du fœtus ; c’est ce qu’on appelle « le nom et la forme découlant de la conscience ». 5. Avec le développement progressif des nom et forme, la vue, l’odorat et les autres facultés sensorielles (incluant la faculté mentale) se forment au complet : ce sont les « six facultés sensorielles découlant du nom et de la forme ». 6. De la réunion des trois aspects – les facultés sensorielles (par exemple l’organe visuel) avec leurs objets et la conscience – résulte une expérience. C’est ce qu’on appelle le « contact découlant des six facultés sensorielles ». 7. En fonction de ce contact, on éprouve des sensations plaisantes, déplaisantes ou neutres, appelées « sensations découlant du contact ». 8. Le fait d’aimer une sensation, de la désirer, de la vouloir ardemment, porte le nom de « soif (désir) découlant de la sensation ». 9. Ne pas lâcher ce désir, mais souhaiter ne jamais en être séparé et avoir la volonté de le retrouver, c’est la « saisie découlant de la soif ». 10. Cette volonté de saisir mène à des actes par le corps, la parole et l’esprit, qui engendrent le devenir, ce qu’on appelle le « devenir découlant de la saisie », c’est-à-dire la force qui propulse dans la prochaine existence. 11. Les actes génèrent une nouvelle formation des cinq agrégats que l’on appelle « naissance découlant du devenir ». 12. Le développement et mûrissement des agrégats après la naissance, c’est le vieillissement et leur destruction, la mort – ce qu’on appelle « vieillesse et mort découlant de la naissance ». |
C’est une perception de la réalité qui n’est pas claire, qui est fausse, qui est voilée par des suppositions qui se mêlent à la vision directe et l’empêchent d’émerger. Donc, l’ignorance : ma rigpa, c’est, pourrait-on dire, un manque de conscience claire. Le traduire ainsi serait encore plus précis. Ce n’est pas une inconscience, parce que l’inconscience est une absence totale de conscience. Or, dans ce manque de conscience, il y a une conscience, mais elle n’est pas totale, elle est partielle, elle exclut certains aspects de la réalité qu’elle ne perçoit pas. Ceci est donc la description de l’état fondamental d’un être dans la dualité. L’être qui est dans l’ignorance croit par exemple qu’il existe : « Je suis », « Moi ». Il pense être séparé de l’autre, de ce qui se passe à l’extérieur et de ce qui se passe aussi dans son propre esprit : « Moi et mes pensées », « Moi et mes émotions ». Il y a une séparation artificielle basée sur la supposition d’être existant comme un moi. Et il opère avec cette supposition fondamentale qu’on appelle ignorance. Pourtant, il n’a jamais vérifié si le moi existait véritablement. Il se base là-dessus et cela agit comme un filtre. Il perçoit tout ce qui se passe par le filtre de cette supposition qui, ellemême, n’est jamais mise en cause et qui se transmet même d’une génération à l’autre. Les maîtres éveillés nous disent : cette supposition d’un ‘moi’, d’un ‘je’, est trompeuse. Cette séparation entre moi et l’autre n’existe pas fondamentalement. Ceux qui y croient sont dans l’erreur. Elle est la source de toute la souffrance (comme nous le verrons dans la suite des explications) et s’appelle l’ignorance fondamentale. Ce n’est pas l’ignorance de ne pas connaître un enseignement, c’est l’ignorance fondamentale qui est le fondement de tout ce qui va suivre. C’est la base de la façon dont nous entrons en contact avec la vie. L’enseignement qui va suivre expliquera comment cette ignorance engendre tout et nous montrera ce que nous pouvons faire pour sortir de ce cycle. Nous décrirons d’abord le cycle de notre emprisonnement, puis nous verrons les différents points où nous pouvons couper la chaîne et faire quelque chose pour en sortir. Ce sera le deuxième cycle d’explications.
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