N'étant pas éternel, ayant eu une naissance et étant voué à la mort comme tous les êtres vivants, ce dieu ne peut évidemment pas être le créateur de l'univers ni de ses habitants. Possédant des pouvoirs limités si immensément étendus et divers soit-ils, il ne peut donc être le souverain de tout ce qui existe, êtres et choses.
Niant l'existence de Dieu, au sens où nous l'entendons dans l'Occident chrétien, les bouddhistes nient en conséquence la divinité de Jésus. Tel que l'histoire le connaît, Jésus ne fut donc qu'un homme à leurs yeux. Cependant, étant donné les insignes vertus dont il a fait preuve, il y a tout lieu de penser qu'il est ensuite rené parmi les dieux par le simple jeu de la rétribution, de la "maturation" de ses bonnes actions. En somme, dans l'optique bouddhique, l'homme que fut Jésus est très probablement devenu, après sa mort, un dieu, c'est-à-dire un être surhumain d'une certaine catégorie bien définie en elle-même par sa nature, par ses pouvoirs, par la durée de sa vie, pas ses activités, qui peuvent être pure contemplation de la vérité, ou méditation d'approche de celle-ci, ou simple jouissance de la félicité divine sous ses divers aspects, sensuels ou spirituels, ou encore surveillance des actions humaines. Quand ce Jésus devenu ainsi un dieu mourra, dans un avenir plus ou moins lointain selon la place qu'il occupe à présent dans la hiérarchie divine, il renaîtra à nouveau, comme il l'a déjà fait d'innombrables fois dans le passé. Il est fort possible qu'il revienne alors parmi les dieux ou parmi les hommes en conséquence de ses vertus et des bonnes actions qu'elles ont produites, qu'il échappe donc aux mauvaises destinées dans lesquelles tombent inexorablement les méchants et les avides, les destinées des animaux, des revenants perpétuellement affamés et des damnés. Autrement dit, dans sa prochaine existence, Jésus pourra conserver sa nature divine, au sens où le bouddhisme conçoit celle-ci ou renaître homme, et dans ce cas apparaître et agir comme le Messie, toutefois dans les limites que la doctrine bouddhique peut accorder à un tel rôle. Ainsi donc, le bouddhisme ne refuse pas plus de reconnaître la divinité de Jésus dans un certain sens que son humanité, à ceci près que ces deux natures ne peuvent aucunement coexister mais doivent se succéder dans le temps.
Si, comme les bouddhistes peuvent aisément l'admettre, l'homme que fut Jésus il y a près de vingt siècles est devenu un dieu il a tout à fait droit aux égards, à la dévotion et au culte dus par les hommes aux êtres divins quels qu'ils soient, ne serait-il qu'en raison des nombreuses et admirables bonnes actions accomplies par les dieux dans leurs vies antérieures, ce dont leur nature divine porte un éclatant témoignage. En outre, comme le culte chrétien n'exige pas plus de sacrifice sanglant, de meurtre d'animal, que le culte bouddhique, ce qui serait contraire à l'un des commandements fondamentaux communs à la morale de ces deux religions, les adeptes du Bouddha ne peuvent donc rien reprocher à ceux du Christ lorsque ces derniers manifestent leur dévotion à leur maître et seigneur. Mieux, même, rien n'empêche un bouddhiste de s'associer au culte de Jésus comme il participe effectivement à celui de diverses divinités plus ou moins apparentées à celles de l'hindouisme et dont les chapelles s'élèvent souvent dans l'enceinte des monastères bouddhistes eux-mêmes.
En effet, à l'inverse de ce qu'a fait le christianisme, né il est vrai dans des circonstances tout à fait différentes, non seulement le bouddhisme n'a jamais nié la divinité ou l'existence des innombrables dieux de l'Inde ancienne et des autres pays où il s'est répandu, mais il ne les a pas rabaissés au rang de démons, horribles et foncièrement méchants, incarnations de tous les vices. Au contraire, il les a convertis, même ceux que leur nature originelle rendait redoutables aux hommes, il les a enrôlés très vite dans les troupes de ses disciples. Mieux même, il en a fait des modèles offerts à ses propres fidèles laïcs, faute de pouvoir les proposer à ses moines parce que le bonheur sans faille dont jouissent les dieux les empêche de devenir ascètes, de se soumettre à la discipline stricte et austère qui peut seul mener rapidement à la Délivrance, au Nirvâna.
Très rares sont, dans le très riche et complexe panthéon reconnu par le bouddhisme, les êtres divins qui ont conservé un caractère irascible ou même vraiment hostile aux hommes. Ce sont , ou bien des divinités terrestres du degré le plus bas, petits génies locaux encore mal dégrossis, ou bien Mâra, la mort personnifiée, l'adversaire principal et acharné du Bouddha parce que celui-ci enseigne aux êtres la méthode qui leur permettra de s'affranchir définitivement de la mort, plus exactement des morts successives, consécutives aux renaissances. En réalité, Mâra est une figure allégorique, du reste propre au bouddhisme, et que la légende montre généralement plus ridicule que vraiment redoutable, même quand elle lance contre le Bienheureux sa terrifiante armée de démons née d'elle-même et que le Bouddha met en fuite d'une seule pensée.
Que les dieux soient donc, à de très rares exceptions près, des êtres bienveillants et dignes de vénération, cela s'explique très bien selon la doctrine bouddhique, car, si ces êtres sont devenus tels, s'ils jouissent de l'extraordinaire bonheur divin, c'est parce qu'ils l'ont mérité par les innombrables et admirables bonnes actions qu'ils ont accomplies durant leurs précédentes existences. Pour en revenir à notre sujet, si l'homme que fut Jésus est devenu un dieu comme tout porte à le croire dans l'optique propre au bouddhisme, il mérite donc pleinement la vénération et le culte des hommes, non seulement des chrétiens, mais aussi des bouddhistes et des adeptes des autres religions.
Que l'homme que fut Jésus, devenu un dieu, mérite par cela même tel respect, cela signifie-t-il pour les bouddhistes que l'enseignement qui fut le sien il y a deux mille ans et qui fut transmis à ses fidèles jusqu'à nos jours mérite la même considération ? Autrement dit, Jésus est-il aussi digne d'admiration pour les disciples du Bouddha, pour sa doctrine, le christianisme, que pour ses actes vertueux ? Certes oui dans la mesure où son enseignement fut en accord avec celui du Bienheureux, c'est-à-dire utile aux hommes, à leur progression sur la Voie de la Délivrance ou du moins en les conduisant à renaître chez les dieux ou chez les hommes et non pas dans les mauvaises destinées. Non, en revanche, parce que sa doctrine détourne ses fidèles de la Voie menant au Nirvâna, ou plus exactement les fait s'arrêter en chemin, se contentant de les faire renaître dans le paradis d'un certain dieu pour un temps limité, si immense soit-il, en leur donnant à croire qu'ils y resteront pendant l'éternité. En somme, l'enseignement de Jésus est destiné aux laïcs, à ceux qui visent seulement une vie future aussi agréable et longue que possible, tandis que celui du Bouddha s'adresse aux ascètes, à ceux qui, ayant compris la nature essentiellement impermanente, limitée dans le temps comme dans l'espace, de toutes choses, et notamment du bonheur divin, ne sauraient se contenter de celui-ci et qui sont résolus à aller jusqu'au Nirvâna à mettre un terme à toute renaissance, à toute existence, quelle qu'elle soit.
La morale enseignée par Jésus à ses disciples est quasiment identique à celle que le Bouddha préconise aux siens. Non seulement elles interdisent l'une et l'autre de commettre des crimes et des fautes graves ou minimes, meurtre, vol, adultère, luxure, mensonge, intempérance,etc. etc. ,mais elles incitent avec insistance à cultiver et pratiquer les vertus de bonté, de compassion, de patience, de charité, de pardon des offenses, de bien d'autres encore. Elles voient à juste titre, dans l'exercice de cette morale commune, le premier pas, absolument nécessaire mais insuffisant, sur la longue route menant au but qu'elles indiquent à leurs adeptes, au salut tel que leurs fondateurs respectifs les définissent, le paradis pour les chrétiens, le Nirvâna pour les bouddhistes.
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