Éric Vinson - publié le 31/08/2018
En ce week-end de rentrée, l'école bouddhiste kagyupa se rassemble à Paris pour ses « Meunlam » (« souhaits altruistes » en tibétain). 4 jours de chants spirituels, de prières et d'enseignements « pour le bien de tous les êtres ».
En ce week-end de rentrée, l'école bouddhiste kagyupa se rassemble à Paris pour ses « Meunlam » (« souhaits altruistes » en tibétain). 4 jours de chants spirituels, de prières et d'enseignements « pour le bien de tous les êtres ».
Bouddhistes en prière à la Pagode du Bois de Vincennes lors de l'édition 2018 des Kagyu Meunlam, un festival de souhaits organisé du 30 août au 2 septembre.
Une étrange musique résonne dans les environs du Lac Dausmenil, au coeur du bois de Vincennes. Une mélodie un peu nasillarde mais poignante qui provient de la Grande Pagode voisine. Vers elle, s'avance un cortège de moines en robes bordeaux et orangées. Deux sont munis de hautbois himalayens (« gyaling », en tibétain). Ainsi s'ouvre le « Kagyu Meunlam France » 2018, qui doit durer quatre jours, jusqu'au 2 septembre inclus.
De quoi s'agit-il ? « D'un grand festival de souhaits pour la paix dans le monde et pour le bien de tous les êtres », explique Damien Delebarre (dit « Djampa »), l'un des principaux animateurs de l'événement. Bouddhiste depuis son enfance, vivant dans le nord de l'Inde depuis 2001 et moine depuis 2006, cet infirmier de formation est aussi un spécialiste de la traduction de la doctrine bouddhiste (le « Dharma »). Depuis 2010, il est surtout le traducteur français attitré du XVIIe Karmapa, chef spirituel de l'école Kagyupa, qui est la plus représentée dans l'Hexagone et l'une des plus répandues dans le monde.
L'école d'un potentiel successeur du Dalaï Lama
En ce matin du 30 août, ces rituels de souhaits sont célébrés sous les auspices de ce jeune hiérarque, nommé Orgyen Trinley Dorjé (33 ans), l'un des deux ou trois plus éminents du Pays des Neiges. Malgré la scission qui frappe la lignée Kagyupa, il est en effet présenté souvent comme le successeur putatif du XIVe Dalaï Lama à la tête de de la communauté tibétaine en exil. Et c'est solennellement que les moines déposent son portrait sur un trône, au pied de l'immense statue dorée du Bouddha qui domine la Pagode de Vincennes, étrange bâtiment exotique achevé en 1931 à la périphérie de Paris.
Cette cérémonie est le temps fort annuel pour les Kagyupas. Elle porte directement la marque de son jeune chef, actuellement aux Etats-Unis, et qui rêvait en 2014 « de voir les Kagyu Meunlam illuminer les pays de ce monde comme des lampes à beurre ».
Le rituel est depuis réalisé sur tous les continents, à commencer par Bodhgaya, soit le principal lieu saint bouddhiste en Inde. Car c'est là que le Bouddha a atteint l'Eveil il y a près de 2500 ans.
Pour la troisième fois, les Kagyu Meunlam français ont eux pour invité de marque le maître tibétain Ringou Tulkou – un proche du Karmapa – venu spécialement du sous-continent avec sa suite de moines. Erudit respecté, ce « Rinpoché » (« Très précieux ») y enseigne en effet quotidiennement, et cette fois sur l'approche bouddhiste des « bardos » (tib. « intervalle », « transition ») ; autrement dit, les moments-clés qui tissent notre vie, de la conception à la renaissance, en passant par le rêve, la méditation et la mort.
Des enseignements organisés cette année pour les Occidentaux
Ces phases d'enseignements sont la grande nouveauté des Meunlam 2018. « Cela correspond mieux aux attentes et à la sensibilité des bouddhistes occidentaux, ayant du mal à participer à de longs rituels quotidiens », explique Damien Djampa.
Une centaine de personnes sont attendues chaque jour. Et c'est devant une assistance recueillie que se succèdent les temps de pratique spirituelle, de 9 à 18 heures. S'enchaînent ainsi les lectures et chants de prières de souhait en sanskrit ou en tibétain (traduites en français et en anglais dans un gros livre qui guide le rituel), interrompus par les propos de Ringou Tulkou et trois pauses conviviales où se restaurer. Végétariennes, évidemment.
Le chantre qui guide le tout est l'un des plus réputés en Inde, accompagné de cymbales, gyaling, clochettes et tambour. Les participants, eux, viennent de Paris, de province et même d'Europe, certains étant originaires du Vietnam, de Chine et, bien sûr, de l'Himalaya.
« Je suis là pour remercier les maîtres en soutenant l'enseignement et notre pratique », explique Jean-Jacques, un médecin de 58 ans, converti au bouddhisme il y a 20 ans. Venu de Tours, il en est à ses troisièmes Meunlam.
Allemande vivant à Vichy, Judith, 39 ans, musicothérapeute, participe quant à elle pour la première fois. Elle traverse une crise personnelle : « Le mieux, c'est d'être là, près d'un très grand maître », s'est-elle dit.
Agée de 70 ans, Raymonde a déjà vécu les Kagyu Meunlam en Inde (avec le Karmapa, ce qu'elle a trouvé « extraordinaire »), et s'y joint pour la première fois en France. Ce « temps fort spirituel », elle tient à y assister les quatre jours durant, « afin de prier pour la paix et le bien de tous les êtres ».
Une sorte de « tout en un »
« Un bien certes temporel, mais aussi spirituel », précise Ringou Tulkou, au cours de son premier « teaching ». Il y expose l'origine et la portée de ces Kagyu Meunlam,« devenus la plaque-tournante de tous les projets du Karmapa ». Il tient à en faire avant tout un rendez-vous « non-sectaire » (Rimé, en tibétain), voué à rassembler non seulement toutes les branches et courants (parfois assez divisés) de la grande école Kagyupa ; mais aussi, plus largement, toutes les lignées tibétaines, tous les bouddhistes et même tous ceux qui, bouddhistes ou non, souhaitent s'y associer. Le festival de souhaits se veut donc ouvert à tous.
Les bouddhistes pratiquants peuvent suivre « le chant du maître de cérémonie et des moines, en récitant à haute voix la phonétique des textes orientaux », développe le Rinpoché. Ou « lire leur sens, toujours profond, grâce à la traduction française ou anglaise ; ou encore juste écouter et se laisser porter par ces voix mêlées et la ferveur partagée, en méditant, disant des mantras ou faisant de souhaits altruistes en silence. »
Les fidèles viennent aussi donner aux organisateurs les noms des personnes – proches, malades, défunts... – au profit desquelles est faite « la dédicace des mérites » ainsi accumulés. Enfin, les non-bouddhistes peuvent venir simplement se détendre un moment, et goûter l'atmosphère si particulière de ce festival.
« Fondé sur cet idéal de réunion, de rassemblement de tout et de tous, complète Damien Jampa, ces Meunlam intensifs sont une sorte de « tout en un ». Une synthèse qui articule – selon la logique tibétaine – les différents niveaux de pratique et de compréhension du bouddhisme : ses trois « Véhicules » (Hinayana, Mahayana et Vajrayana), axés respectivement sur l'éthique individuelle, l'amour-compassion universel et la transformation tantrique de l'impur en pureté. »
Le moine français espère voir ainsi naître « un grand rendez-vous pour le bouddhisme non seulement hexagonal, mais européen ». Cette ambition est partagée par d'autres lignées tibétaines, puisque toutes ou presque se sont mises à organiser « leurs » Meunlams, à Bodhgaya et dans différents pays. « Cette forme n'appartient à personne », conclut-il, « et si elle peut se diffuser pour le bien de tous, c'est tant mieux ! ».
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