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La passe sans porte
Leili Anvar - publié le 27/02/2019
Un koan. Ou comment quelques mots peuvent suffire pour imploser toute tentative d'enfermer une expérience mystique dans une forme figée. La chronique de Leili Anvar.
«Si l'on dit qu'il n'y a pas de porte, alors les gens de la terre entière pourraient y entrer. Si l'on dit qu'il y a une porte, notre cher maître n'aurait pas choisi ce titre comme le meilleur. Il osa ajouter aux koans quelques notes et commentaires, posant un chapeau de paille sur un autre. »
C'est sur ces mots que s'ouvre l'un des plus savoureux recueils de koans en langue chinoise*. Son auteur, Wumen Huikai (1183-1260) mena une vie errante en Chine, sous la dynastie des Song du Sud, puis créa un monastère où il se fixa et reçut des disciples. Mais qu'importe au fond où et quand il vécut, ce qu'il fit ou ne fit pas au cours de sa longue présence au monde. Cela le situe pour nous autres, qui ressentons toujours le besoin de « situer » les choses, les pensées, les idées, les pratiques dans un temps mental et un espace physique. Sans comprendre toujours. Sans comprendre vraiment.
Wumen tenta de résumer l'enseignement du chan (le mot chinois pour zen) à travers la rédaction de quarante-neuf gong'an (le mot chinois pour koan) suivis chacun d'un commentaire, qui, loin d'« éclairer » l'anecdote dans le sens habituel de ce verbe, la reprend sous une forme énigmatique et poétique qui parle directement au « cœur » ou à l'« âme », je ne suis pas très sûre... en tout cas, pas au mental. Tout le charme de ce recueil tient dans cette poésie hautement initiatique. Elle apprend à recevoir un koan, à se situer dans l'histoire. À se situer spirituellement, poétiquement et non géographiquement ou chronologiquement, ou selon quelque logique que ce soit d'ailleurs : « L'un va au fond de la mer, il tamise le sable et soulève la poussière. L'autre monte au sommet d'un pic très haut et soulève des vagues d'écumes qui agitent le ciel. »
La lecture de ce texte emporte à la fois très loin et au cœur de soi-même. Tout à fait ailleurs et en même temps juste ici. Il ne s'agit que d'une chose : se déprendre de ses certitudes, de l'ego et des raisonnements habituels. La technique du koan consiste à « supprimer tout point d'appui ». Ce processus qui se base sur un usage constant du paradoxe et de l'aporie provoque une émotion profonde où se mêlent rire libérateur et intranquillité salvatrice.
Le paradoxe ultime est la manière dont le koan, qui rapporte une expérience vécue avec un maître vivant, utilise le langage pour saper la logique même du langage comme activité de sens. Quelques mots suffisent pour imploser toute tentative qui voudrait enfermer l'expérience mystique dans une forme figée. En réalité, cette expérience dit le caractère illusoire de la réalité. Le koan est donc un exposé de « cas » qui ne dit rien, mais engendre une infinité d'interprétations possibles, en même temps qu'il débouche sur un vide qui peut transformer le lecteur de fond en comble. Il fait sur l'esprit le même effet que les coups de bâton abondamment distribués aux disciples par les maîtres : jaillissement intuitif, illumination... Il est comme un cri qui débouche sur le silence, une trouée de conscience dans l'inconscience.
À notre « je » désespérément en quête d'une doctrine définitive de la vérité, le koan répond par le jeu. Par « jeu », j'entends à la fois du « vide » et l'« activité ludique » qui réactive l'esprit d'enfance. De sorte qu'il n'y a pas une seule façon d'interpréter ces histoires en forme d'énigmes, sur lesquelles il faut parfois méditer des années, une vie durant, avant d'être « illuminé ».
Il est arrivé avant d'avoir fait le premier pas,
Il a tout dit avant d'avoir remué sa langue.
Même si vous devancez chaque pas,
Sachez qu'il y a encore une meilleure issue.
Il a tout dit avant d'avoir remué sa langue.
Même si vous devancez chaque pas,
Sachez qu'il y a encore une meilleure issue.
(*) À lire dans la traduction aussi érudite qu'élégante de Catherine Despeux, accompagnée d'une riche introduction et de précieuses annotations (Seuil, « Points Sagesse », 2014).
Leili Anvar est docteure en littérature, maîtresse de conférences aux Langues O' (Inalco), auteure du Cantique des oiseaux d'Attâr (Diane de Selliers, 2012).

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