L'Arbre des Refuges: Le Fou Divin : Drukpa Kunley

Puisque Samthar dispose du livre, je le laisse ouvrir les festivités !
Moi il faut le temps que je déchiffre mes microfilms 007...

Comme l'a souligné Péma Gyaltshen, Droukpa Kunlé, Kun(-ga) lé(-gpa) de Drouk, était un personnage hors norme sous certains aspects, tout en appartenant à un très vaste mouvement de pratiquants laïcs dont le siècle de gloire fut certainement celui durant lequel il vécut (15e-16e siècles). Il est tellement célèbre que les Bhoutanais se le sont appropriés, alors que ses liens avec le Bhoutan (Drouk Yul, le pays de Drouk, « du dragon ») étaient très relatifs, même s'il y vécut un temps. C'est peut-être aussi parce qu'une partie de sa famille s'y installa et qu'un temple lui est dédié qu'il y est vénéré comme un enfant du pays.

Parmi les autres « Fous » qui étaient ses contemporains, deux furent eux aussi célèbres. On les distingue par leur origine géographique. Aux côtés du Fou de Drouk, notre ami Kunlé, on avait principalement :

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  le Fou du Tsang (la province du Centre-Ouest du Tibet), Tsang Nyön Hérouka (1452-1507) est connu pour avoir rédigé deux ouvrages sur les tantras, mais surtout pour compilé et rédigé les Chants et la Vie de Milarépa à partir de la tradition orale
  
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  le Fou du U (la province centrale), Kunga Zangpo (1458-1532), est aujourd'hui moins célèbre quoique très influent spirituellement ; on lui connaît un recueil de textes -des chants mystiques le plus souvent- faisant environ 200 pages, à la tibétaine.
  

Spirituellement, ces trois hommes avaient en commun d'être rattachés au VIIe Karmapa (1454-1506), le chef de la lignée Karma Kagyupa, et à la lignée Droukpa Kagyupa, avec laquelle Droukpa Kunlé a aussi des liens familiaux. Leur pratique est principalement, mais pas exclusivement, fondée sur le Mahamoudra et les yogas de Naropa. Après avoir séjourné dans les monastères dans leur enfance, ils ont adopté une vie laïque, avec parfois des enfants (c'est le cas de Droukpa Kunlé qui eut au moins un fils « par inadvertance » ). Yogis, ils étaient aussi très érudits et capables de débattre de tous les thèmes enseignés par le Bouddha.

Au moment où ils naissent, le système monastique est, en quelque sorte, la caricature de lui-même. Le Tibet implose sous les guerres entre lignées, ou à cause des tensions au sein des lignées elles-mêmes (chez les Karma Kagyus, notamment). Ces « fous » gênent considérablement les monastères dont ils dénoncent les méfaits et les abus. Comme d'autres avant eux, ils apostrophent les abbés pour leur rappeler l'essence de l'enseignement et critiquent l'immobilisme spirituel que les monastères peuvent engendrer. Ainsi, Droukpa Kunlé dit-il sans détour :

« Quand on érige un monastère, on en fait d'abord un établissement religieux, puis on le conserve pour le vêtement, enfin, on le garde pour les souillures de l'esprit. »

Ils ne sont pas pour autant des révolutionnaires : quelques-uns de leurs maîtres et de leurs disciples sont des moines. Ils montrent par leur vie sans contrainte que la liberté naturelle de l'esprit est partout et toujours présente, ce qui a pour effet de contrarier ceux qui, pour une raison ou pour une autre, souhaitent conserver un ascendant sur autrui.

Péma Gyaltshen le disait : ces maîtres étaient exceptionels et pouvaient donc se permettre de tout faire. Selon une expression tibétaine (tulshoug), ils avaient « soumis et vaincu (tul) les trois poisons, puis pénétré (shoug) dans l'espace naturellement libre de l'esprit ».

En s'y mettant à quelques-uns, Péma Gyaltshen 007 et au moins une James Bond girl , on pourrait certainement trouver quelques anecdotes illustrant cela .

A suivre, donc...

:*Bouddhisme3:

Deux "James Bond girls" c'est plus adéquat...

Bon...le temps a passé ...

Je vous signale que le livre "Le Fou Divin" Drukpa Kunle Yogi Tantrique Tibétain a une nouvelle édition 2012 chez Albin Michel
dans la collection "Spiritualité Vivantes "

son histoire à l'air amusante à lire , il est dans ma liste d'attente, voici le lien

Le Fou Divin : lien amazone