Science de l'esprit: Les moudras
Lama Tsultrim Des gestes symboliques porteurs d'un sens. Lequel ?Moudra, veut dire geste en sanscrit. Il s'en trouve surtout dans nombre de pratiques du vadjrayana. Ce n'est pas le cas dans la pratique courante de Tchenrezi, bien que les mains jointes au cœur dans le geste de la prière soient un moudra, mais il y en a de plus élaborés dans les pratiques de Tchenrezi à mille bras ou de Tara, par exemple. Les moudras sont l'expression du corps éveillé. Dans une pratique du vadjrayana, s'expriment les trois différentes portes : corps, parole et esprit. Cela se traduit par les moudras pour le corps, les mantras pour la parole, et les visualisations pour l'esprit. Les moudras, sont l'expression du corps. La posture elle-même, le fait d'être assis dans une posture particulière, est un moudra, mais il y a aussi les gestes, nombreux et variés. Certains expriment l'Eveil, d'autres les offrandes faites aux divinités plus ou moins souvent associées à un mantra. Par exemple le moudra de l'union est associé au mantra "benza samaza" : les mains croisées, droite sur gauche au niveau du cœur, représentent l'union des moyens habiles et de la sagesse, avec ou sans les instruments rituels correspondants, cloche et dordjé (la cloche, main gauche, signifiant la sagesse et le dordjé, main droite, la compassion). Le fait de croiser les mains, et parfois sans les instruments, est le symbole de l'union des moyens habiles et de la vacuité, sagesse et compassion, c'est à dire en réalité l'Eveil ultime. Souvent les bouddhas sont représentés faisant ces moudras, ce qui est le cas pour Dordjé Tchang, le Bouddha primordial. On fait aussi ce moudra, pendant Tara, au moment de l'invitation. Au cours de la pratique, à chaque mantra d'offrande, est associé le geste de cette offrande.
Ce sont des gestes très symboliques, mais qui pour autant renvoient à la réalité : pour l'offrande de l'eau à boire, les mains sont en aiguière, pour l'encens avec les doigts qui se ferment, c'est de l'encens qui se consume, pour offrir les lumières c'est une lampe à beurre, pour le parfum, on asperge de parfum l'espace en face de soi, pour les fleurs, elles semblent s'épanouir. Il est sûr que vu de l'extérieur, quand sans connaître leur signification, ces moudras peuvent paraître un peu bizarre. Ce sont en réalité des gestes qui soutiennent la visualisation. Pendant la récitation du mantra, en pensée, ces offrandes s'émanent de notre cœur vers les Bouddhas. Le geste est un soutien physique de ce qui se passe à l'intérieur.
Les comprendre et les inclure dans notre pratiqueDans une pratique de groupe, par exemple, si seul l'oumzé qui est celui qui mène la pratique, fait ces gestes symboliques, c'est suffisant. Ne pas les faire chez soi n'est pas important. Le plus important est de les faire en union avec l'esprit du Bouddha de notre pratique : pour Tara, par exemple, c'est unir notre esprit à l'aspect de compassion et d'amour de Tara. Le moudra de l'offrande du mandala représente l'offrande symbolique de l'univers c’est-à-dire de tout univers, représenté symboliquement par le mont Mérou au milieu, et les 4 continents autour. Ne sont pas représentés les continents terrestres mais les galaxies, dont notre terre est un sous-continent . Cela revient à offrir l'univers et tout ce qu'il représente, multiplié en esprit par des millions de fois, à tous les êtres éveillés. Ceci afin d'accumuler du mérite et d'aider les autres êtres à en accumuler eux mêmes. Ce n'est pas, bien sûr, une offrande réelle, elle se fait en esprit .
La réalité de ce que sont les moudras, et la capacité à être juste en les faisant, ne se réalisent qu'avec l'Eveil ultime. Donc, personne ne fait les moudras de façon juste et correcte et il rie faut pas s'en inquiéter. Le moudra en soi est une pratique et comme toujours un débutant est maladroit. C'est le fait de ne pas y arriver qui nous donne l'impression de mal faire, or il n'y a jamais de pratique mauvaise, l'essentiel est d'essayer. En tibétain "pratique" se dit nyamlen,
qui veut dire s'entraîner. Comme tout entraînement, au début, c'est une question de repères. Ce qui ne va pas, c'est de ne pas essayer. Sans se préoccuper, il faut faire ce qui est possible, de son mieux, sans chercher à tout comprendre immédiatement. Il n'y a pas d'explication vraiment conceptuelle des moudras. Comme toute pratique du vadjrayana, elle se comprend de l'intérieur, au fur et à mesure, c'est à dire avec l'entraînement.
Les moudras ne sont pas faits pour être "gracieux", ils sont gracieux en eux mêmes. Mais il est vrai qu'à force de les faire, il y a une grâce qui s'exprime, visible chez les grands lamas, spontanée et magnifique. Au bout d'un moment, en effet quelque chose se passe avec les moudras.
De façon plus grossière, ce sont des gestes qui sont excellents pour le corps, non seulement physique mais aussi subtil, car ils font travailler les courants d' énergie qui sont au niveau des poignets, du cœur etc. Par exemple, les poignets tournent toujours de la même façon. Cela nous est parfois très difficile à accomplir par manque d'agilité. Mais à force de les faire, la souplesse revient dans les articulations, le moudra purifie ou clarifie le courant des loungs (ou énergies subtiles) à l'intérieur du corps. Cette pratique purifie donc le corps mais aussi l'esprit au niveau des loungs, de façon très subtile.
Moudras et danse, expressionEn fait dans le bouddhisme, il n'y a pas de séparation entre le corps et l'esprit, ce qui se passe au niveau du corps est aussi important que ce qui se passe au niveau de l'esprit et c'est pour cela que dans les pratiques du vadjrayana, le corps tout comme l'esprit est introduit directement dans l'essence pure, l'essence éveillée. Ces gestes symboliques parfaits sont bien l'expression de la perfection du corps.
Au niveau ultime, on pourrait les comparer à l'expression d'une danse spontanée. Un être éveillé a le corps complètement libre, délié. Sa félicité intérieure s’exprime aussi par son corps, soit par un moudra statique, une posture de méditation, soit par un moudra dynamique. Certains yidams sont en posture de méditation du lotus, complètement fermée, statique, comme Tchenrézi. D'autres sont déjà en mouvement, presque levés, avec la jambe avancée comme Tara, ou debout et en posture de danse comme Dordjé Pamo. L'énergie éveillée s'exprime au travers de différents mouvements, statiques ou très dynamiques. Les dakinis elles mêmes (l'aspect féminin des bouddhas) dansent, dit-on, dans l'espace. C'est la signification de leur nom : "celles qui dansent dans l'espace". Ce type de danse est aussi l'expression de la nature éveillée.
Guendune Rinpoché lui même se mettait souvent à danser spontanément devant nous, tout en chantant des chants de réalisation, quand nous étions en retraite. C'était pour nous absolument extraordinaire que d'être les témoins de l'expression de sa joie intérieure. Ces danses sont l'expression de la nature éveillée du corps, de la parole et de l'esprit.
Elles étaient, comme les moudras, enseignées en Inde ou au Tibet. Nous n'avons pas encore vraiment reçu, en Occident, toutes les instructions et transmissions des gestes très codifiés de la danse qui se pratiquait dans les monastères. Il pourrait sembler que ce soit des codes artificiels, en réalité c'est le contraire. Ce sont les bouddhas eux-mêmes qui ont exprimé leur joie par une danse, spontanément au départ qui, ensuite, a été codifiée par les disciples afin d'être reproduite. Au Tibet, ces danses sacrées étaient en général toujours dansées par des lamas. Mais il y a aussi la danse spontanée: danse du yogi, danse de réalisation. Quand elles sont exécutées par des lamas réalisés, ce n'est pas ordinaire car, tout en dansant, ils chantent des chants de vadjra, c'est à dire des chants éveillés, et sont visiblement plongés dans la félicité. C'est magnifique !
Source:
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