En avril 2009, le maître Tibétain Sogyal Rinpoché a ouvert un colloque consacré à l’accompagnement spirituel en Irlande. S’adressant a cinq cents professionnels de la santé et accompagnants, il a parlé du pouvoir transformateur de la méditation et de la compassion.
Accompagner ceux qui ont besoin d’aide est souvent une tâche difficile et éprouvante et, aujourd’hui, j’espère pouvoir partager avec vous certains aspects des enseignements et de la pratique bouddhistes. Vous pourrez ainsi entrevoir comment la méditation et la compassion contribuent à nous fortifier et à nous nourrir et comment nous pouvons incarner la compassion et la compréhension dans l’accompagnement que nous offrons à autrui.
Si nous voulons vraiment aider autrui, nous devons d’abord prendre soin de nous-mêmes. Comme il est dit dans la tradition chrétienne : « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Nous pouvons commencer, tout d’abord, par apprendre à connaître notre esprit. En fait, tout l’enseignement du Bouddha peut se résumer en une seule phrase : dompter, transformer et conquérir cet esprit qui est le nôtre.
En effet, l’esprit est à la racine de tout, il est le créateur du bonheur et le créateur de la souffrance, le créateur de ce que l’on appelle le nirvâna et de ce que l’on appelle le samsâra.
Le samsâra est le cycle de l’existence, de la naissance et de la mort, caractérisé par la souffrance et déterminé par nos émotions destructrices et par nos actions nuisibles. Le nirvâna est, littéralement, l’état au-delà de la souffrance et de la douleur ; on peut aussi dire que c’est l’état de Bouddha ou l’Éveil lui-même.
Comme l’a dit un grand maître :
Le samsâra, c’est l’esprit tourné vers l’extérieur, perdu dans ses projections ; Le nirvâna, c’est l’esprit tourné vers l’intérieur, qui reconnaît sa véritable nature.
« L’esprit tourné vers l’intérieur » ne veut pas dire se replier sur soi-même ; cela signifie comprendre réellement l’esprit, dans sa vraie nature.
Car lorsque nous parlons de l’esprit, il y a deux aspects principaux : l’apparence de l’esprit, et l’essence ou la nature de l’esprit. Sa Sainteté le Dalaï-Lama décrit souvent ces deux aspects comme apparence et réalité. La plupart d’entre nous croient que les pensées et les émotions sont l’esprit. Mais les pensées et les émotions ne sont que l’apparence de l’esprit, semblables aux rayons du soleil, alors que la nature de l’esprit est comparable au soleil lui-même. Lorsque nous sommes perdus dans l’apparence de l’esprit, nous ignorons totalement ce qu’est vraiment l’essence de l’esprit. Le point crucial est donc la direction dans laquelle notre esprit est tourné : s’il regarde vers l’extérieur, perdu dans ses pensées et ses émotions, ou bien s’il voit à l’intérieur, reconnaissant sa véritable nature.
Si vous domptez, transformez, conquérez votre esprit, vous transformerez alors vos perceptions et votre expérience. De ce fait, même les circonstances et les apparences extérieures commenceront à changer et à se manifester différemment.
La méditation
L’approche profonde et unique de la méditation dans la tradition bouddhiste tibétaine nous offre l’une des meilleures façons de dompter notre esprit. Les contraintes de temps font que je ne pourrai vous donner qu’un aperçu, un avant-goût de la méditation.
La pratique initiale, et le fondement même de la méditation, consiste à laisser l’esprit se déposer dans un état de « repos calme » où il trouvera paix et stabilité et pourra demeurer dans l’état de non-distraction – ce qu’est réellement la méditation. Quand vous commencez à méditer, vous pouvez utiliser un support : par exemple, regarder un objet ou une représentation du Bouddha, ou du Christ si vous êtes chrétien, ou bien porter légèrement votre attention sur la respiration, une pratique commune à toutes les traditions spirituelles.
Les maîtres insistent toujours sur l’importance de ne pas trop se fixer lorsque l’on pratique la concentration du « repos calme ». C’est la raison pour laquelle ils conseillent d’accorder à peu près vingt-cinq pour cent d’attention au souffle. Mais comme vous l’avez peut-être constaté, l’attention, à elle seule, n’est pas suffisante. Alors que vous êtes censé observer votre souffle, au bout de quelques minute, vous pouvez vous retrouver au beau milieu d’un match de foot ou encore à jouer la vedette dans votre propre film. C’est pourquoi vingt-cinq pour cent doivent être aussi consacrés à une vigilance continue qui supervise et vérifie que vous êtes bien attentif au souffle. Laissez les cinquante pour cent restants de votre attention dans une détente spacieuse. Bien sûr, cette répartition des pourcentages n’a pas à être aussi précise, tant que ces trois éléments – attention, vigilance et détente spacieuse – sont bien présents.
Peu à peu, lorsque vous serez capable de laisser l’esprit reposer naturellement dans l’état de non-distraction, vous n’aurez plus besoin du support d’une image ou du souffle. Alors, même si vous vous ne concentrez pas sur un objet particulier, il y aura néanmoins une présence d’esprit que l’on peut approximativement décrire comme un « centre de conscience ».
Cette présence d’esprit exempte de toute distraction est le meilleur moyen d’intégrer votre méditation dans votre vie quotidienne, lorsque vous marchez, mangez ou prenez soin des autres, quelle que soit la situation. Quand vous intégrerez cette présence lucide à toutes vos activités, distractions et angoisses disparaîtront progressivement et votre esprit s’apaisera. Cela vous apportera aussi une certaine stabilité, une confiance en vous-même, qui vous permettront de faire face à la vie et à la complexité du monde avec calme, aise et humour.
Les méthodes profondes pour révéler la nature de l’esprit
On peut dire que la méditation, à son niveau le plus profond, consiste à utiliser l’esprit pour reconnaître l’esprit.
Ou encore que c’est simplement reposer dans l’état naturel de votre esprit, sans rien manipuler ni fabriquer.
Il y a une citation merveilleuse des grands maîtres du passé, qui fut une révélation pour moi lorsque je l’entendis pour la première fois. Ces deux phrases montrent à la fois ce qu’est la nature de l’esprit et comment y demeurer – ce qui constitue la pratique de la méditation au niveau le plus élevé. En tibétain, c’est très beau, presque musical :
chou ma nyok na dang,
sem ma chö na dé.
Ce qui signifie approximativement : « L’eau, si on ne l’agite pas, s’éclaircit d’elle-même ; l’esprit, laissé inaltéré, retrouve sa paix naturelle, son bien-être, son bonheur et sa félicité... »
Ce que cette instruction a d’extraordinaire, c’est qu’elle insiste sur cette qualité naturelle et sur le fait de laisser simplement notre esprit tel qu’il est, sans l’altérer, ni rien y changer.
Voici également une autre manière essentielle de décrire la méditation : soyez simplement et clairement présent face à toutes les pensées, sensations ou émotions qui s’élèvent.
Le secret est de savoir où se trouve exactement votre esprit : êtes-vous perdu dans les apparences de l’esprit, les pensées et les émotions, ou demeurez-vous dans l’essence de l’esprit, dans votre vraie nature, votre être véritable ?
Quand, grâce à la méditation, vous atteignez cet état de transcendance, demeurez simplement, autant que possible, dans la nature de l’esprit, cet état infiniment naturel, exempt de toute référence et de tout concept, d’espoir et de crainte, mais empreint d’une confiance tranquille et spacieuse – la plus profonde forme de bien-être que l’on puisse concevoir. Au fur et à mesure que les pensées et les émotions semblables aux nuages s’amenuisent, la nature semblable au ciel de notre être véritable se révèle et notre nature de bouddha resplendit alors telle le soleil. Et tout comme la lumière et la chaleur émanent du soleil, la sagesse et la compassion aimante rayonnent de la nature la plus profonde de l’esprit.
Une fois arrivé à l’état de sagesse transcendante, au-delà de votre ego, de votre moi, c’est comme si vous aviez atteint le sommet de la plus haute montagne ; de là, vous disposez d’une vue d’ensemble, ainsi que d’une perspicacité et d’une compréhension sincère des besoins d’autrui. Votre coeur s’ouvre alors pleinement à la compassion et s’imprègne d’un amour profond et universel.
Selon l’enseignement du Bouddha, nous possédons tous cette nature de l’esprit, que nous nommons « nature de bouddha », et qui est dotée d’une sagesse illimitée, d’une compassion incommensurable et d’une capacité ou d’un pouvoir infini. Plus nous sommes capables de demeurer dans la nature de notre esprit, plus nous découvrons ces qualités, et plus nous en retirons une force intérieure profondément nourrissante.
Compassion, amour et présence
Lorsque, grâce à la pratique de la méditation, nous nous relions à la pureté de notre nature inhérente, c’est notre bonté fondamentale, notre bon cœur, qui se révèle alors. La bonté, la compassion et l’amour émanent tout simplement de nous. Et plus nous intégrons avec attention la pratique dans notre vie, plus nous découvrons que nous sommes non seulement en contact avec nous-mêmes, mais aussi complètement en contact avec les autres. La barrière entre soi et autrui se dissout. La négativité est désamorcée, nous pouvons véritablement nous pardonner et tout le mal en nous est éliminé ; nous devenons ainsi vraiment utiles et capables d’aider autrui.
Le plus important, lorsque nous commençons à aider ceux qui sont en difficulté, est de leur donner notre amour, de tout notre coeur, sans réserve ni conditions, et avec aussi peu d’attachement que possible. Si nous sommes en contact avec notre vraie nature, l’amour que nous avons à offrir à la personne dont nous prenons soin n’en sera que plus profond, parce qu’il provient d’une source différente, de notre être le plus intime, du coeur même de notre nature éveillée.
Cet amour possède une qualité spéciale, celle de la liberté. Ce type d’amour qui dépasse tout attachement ressemble à l’amour divin. C’est l’amour de tous les bouddhas, l’amour du Christ, l’amour de Dieu. Dans cet état, sans rien forcer, ni même penser, nous pouvons ressentir la présence du Bouddha ou du Christ. Nous devenons en quelque sorte leur ambassadeur, leur représentant, notre amour est renforcé par leur amour et imprégné de leur bénédiction. L’amour qui jaillit de la nature de l’esprit est tellement béni qu’il a le pouvoir de dissiper la peur de l’inconnu, de protéger de l’anxiété, d’apporter la sérénité et la paix, ainsi que l’inspiration à chaque étape de la vie, de la mort et au-delà.
Comme nous le découvrirons par nous-mêmes, plus nous sommes en mesure d’incarner la pratique spirituelle, plus l’accompagnement spirituel que nous offrons à ceux qui ont besoin d’aide sera naturel et efficace. Car notre façon d’être – notre être et notre présence – est bien plus importante que tout ce que nous disons ou faisons.
Exercer l’esprit à la compassion
Les pratiques bouddhistes d’amour et de compassion sont extrêmement puissantes pour transformer la souffrance et pour apporter paix et guérison tant à nous-mêmes qu’à autrui. Sa Sainteté le Dalaï-Lama attribue son bien-être, sa bonne santé, sa bonne humeur, sa force intérieure et sa nature joyeuse à sa pratique de l’altruisme et de la compassion. Il affirme : « D’après mon expérience personnelle, je peux vous dire que lorsque je pratique l’altruisme et la sollicitude envers autrui, cela me rend immédiatement plus serein et plus confiant. L’altruisme apporte donc des bienfaits immédiats. »
Lorsque nous sommes plus sereins et plus confiants, notre comportement et nos interactions avec les autres deviennent plus positifs et plus justes et la négativité n’a alors plus aucune chance.
Comment l’altruisme donne-t-il autant de courage et de force intérieure ? Tant qu’on ne se préoccupe que de soi et de son bonheur immédiat en se demandant : « Comment pourrais-je réussir ? De quoi ai-je besoin ? Qu’est-ce qu’il me faudrait ? », notre champ de référence reste très restreint. Prisonniers d’une mentalité étriquée et oppressante, nous ne supportons pas le moindre désagrément ou inconfort. Si nous ne nous préoccupons que de nous-mêmes, alors, jour après jour, toutes sortes de mésaventures nous arrivent, et notre malheur ne fait qu’augmenter.
À l’inverse, si nous songeons au bonheur d’autrui, alors automatiquement notre propre bien-être est pris en compte. En effet, lorsque nous nous sommes habitués à éprouver de la compassion dans notre coeur et à nous ouvrir aux autres, nous ressentons chaque jour davantage de courage et de détermination. Ce courage a un but, une vaste perspective, c’est un courage authentique. Et lorsque cela fait partie intégrante de nous, notre esprit peut accepter tout ce qui se présente et y faire face.
Accompagner ceux qui ont besoin d’aide est souvent une tâche difficile et éprouvante et, aujourd’hui, j’espère pouvoir partager avec vous certains aspects des enseignements et de la pratique bouddhistes. Vous pourrez ainsi entrevoir comment la méditation et la compassion contribuent à nous fortifier et à nous nourrir et comment nous pouvons incarner la compassion et la compréhension dans l’accompagnement que nous offrons à autrui.
Si nous voulons vraiment aider autrui, nous devons d’abord prendre soin de nous-mêmes. Comme il est dit dans la tradition chrétienne : « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Nous pouvons commencer, tout d’abord, par apprendre à connaître notre esprit. En fait, tout l’enseignement du Bouddha peut se résumer en une seule phrase : dompter, transformer et conquérir cet esprit qui est le nôtre.
En effet, l’esprit est à la racine de tout, il est le créateur du bonheur et le créateur de la souffrance, le créateur de ce que l’on appelle le nirvâna et de ce que l’on appelle le samsâra.
Le samsâra est le cycle de l’existence, de la naissance et de la mort, caractérisé par la souffrance et déterminé par nos émotions destructrices et par nos actions nuisibles. Le nirvâna est, littéralement, l’état au-delà de la souffrance et de la douleur ; on peut aussi dire que c’est l’état de Bouddha ou l’Éveil lui-même.
Comme l’a dit un grand maître :
Le samsâra, c’est l’esprit tourné vers l’extérieur, perdu dans ses projections ; Le nirvâna, c’est l’esprit tourné vers l’intérieur, qui reconnaît sa véritable nature.
« L’esprit tourné vers l’intérieur » ne veut pas dire se replier sur soi-même ; cela signifie comprendre réellement l’esprit, dans sa vraie nature.
Car lorsque nous parlons de l’esprit, il y a deux aspects principaux : l’apparence de l’esprit, et l’essence ou la nature de l’esprit. Sa Sainteté le Dalaï-Lama décrit souvent ces deux aspects comme apparence et réalité. La plupart d’entre nous croient que les pensées et les émotions sont l’esprit. Mais les pensées et les émotions ne sont que l’apparence de l’esprit, semblables aux rayons du soleil, alors que la nature de l’esprit est comparable au soleil lui-même. Lorsque nous sommes perdus dans l’apparence de l’esprit, nous ignorons totalement ce qu’est vraiment l’essence de l’esprit. Le point crucial est donc la direction dans laquelle notre esprit est tourné : s’il regarde vers l’extérieur, perdu dans ses pensées et ses émotions, ou bien s’il voit à l’intérieur, reconnaissant sa véritable nature.
Si vous domptez, transformez, conquérez votre esprit, vous transformerez alors vos perceptions et votre expérience. De ce fait, même les circonstances et les apparences extérieures commenceront à changer et à se manifester différemment.
La méditation
L’approche profonde et unique de la méditation dans la tradition bouddhiste tibétaine nous offre l’une des meilleures façons de dompter notre esprit. Les contraintes de temps font que je ne pourrai vous donner qu’un aperçu, un avant-goût de la méditation.
La pratique initiale, et le fondement même de la méditation, consiste à laisser l’esprit se déposer dans un état de « repos calme » où il trouvera paix et stabilité et pourra demeurer dans l’état de non-distraction – ce qu’est réellement la méditation. Quand vous commencez à méditer, vous pouvez utiliser un support : par exemple, regarder un objet ou une représentation du Bouddha, ou du Christ si vous êtes chrétien, ou bien porter légèrement votre attention sur la respiration, une pratique commune à toutes les traditions spirituelles.
Les maîtres insistent toujours sur l’importance de ne pas trop se fixer lorsque l’on pratique la concentration du « repos calme ». C’est la raison pour laquelle ils conseillent d’accorder à peu près vingt-cinq pour cent d’attention au souffle. Mais comme vous l’avez peut-être constaté, l’attention, à elle seule, n’est pas suffisante. Alors que vous êtes censé observer votre souffle, au bout de quelques minute, vous pouvez vous retrouver au beau milieu d’un match de foot ou encore à jouer la vedette dans votre propre film. C’est pourquoi vingt-cinq pour cent doivent être aussi consacrés à une vigilance continue qui supervise et vérifie que vous êtes bien attentif au souffle. Laissez les cinquante pour cent restants de votre attention dans une détente spacieuse. Bien sûr, cette répartition des pourcentages n’a pas à être aussi précise, tant que ces trois éléments – attention, vigilance et détente spacieuse – sont bien présents.
Peu à peu, lorsque vous serez capable de laisser l’esprit reposer naturellement dans l’état de non-distraction, vous n’aurez plus besoin du support d’une image ou du souffle. Alors, même si vous vous ne concentrez pas sur un objet particulier, il y aura néanmoins une présence d’esprit que l’on peut approximativement décrire comme un « centre de conscience ».
Cette présence d’esprit exempte de toute distraction est le meilleur moyen d’intégrer votre méditation dans votre vie quotidienne, lorsque vous marchez, mangez ou prenez soin des autres, quelle que soit la situation. Quand vous intégrerez cette présence lucide à toutes vos activités, distractions et angoisses disparaîtront progressivement et votre esprit s’apaisera. Cela vous apportera aussi une certaine stabilité, une confiance en vous-même, qui vous permettront de faire face à la vie et à la complexité du monde avec calme, aise et humour.
Les méthodes profondes pour révéler la nature de l’esprit
On peut dire que la méditation, à son niveau le plus profond, consiste à utiliser l’esprit pour reconnaître l’esprit.
Ou encore que c’est simplement reposer dans l’état naturel de votre esprit, sans rien manipuler ni fabriquer.
Il y a une citation merveilleuse des grands maîtres du passé, qui fut une révélation pour moi lorsque je l’entendis pour la première fois. Ces deux phrases montrent à la fois ce qu’est la nature de l’esprit et comment y demeurer – ce qui constitue la pratique de la méditation au niveau le plus élevé. En tibétain, c’est très beau, presque musical :
chou ma nyok na dang,
sem ma chö na dé.
Ce qui signifie approximativement : « L’eau, si on ne l’agite pas, s’éclaircit d’elle-même ; l’esprit, laissé inaltéré, retrouve sa paix naturelle, son bien-être, son bonheur et sa félicité... »
Ce que cette instruction a d’extraordinaire, c’est qu’elle insiste sur cette qualité naturelle et sur le fait de laisser simplement notre esprit tel qu’il est, sans l’altérer, ni rien y changer.
Voici également une autre manière essentielle de décrire la méditation : soyez simplement et clairement présent face à toutes les pensées, sensations ou émotions qui s’élèvent.
Le secret est de savoir où se trouve exactement votre esprit : êtes-vous perdu dans les apparences de l’esprit, les pensées et les émotions, ou demeurez-vous dans l’essence de l’esprit, dans votre vraie nature, votre être véritable ?
Quand, grâce à la méditation, vous atteignez cet état de transcendance, demeurez simplement, autant que possible, dans la nature de l’esprit, cet état infiniment naturel, exempt de toute référence et de tout concept, d’espoir et de crainte, mais empreint d’une confiance tranquille et spacieuse – la plus profonde forme de bien-être que l’on puisse concevoir. Au fur et à mesure que les pensées et les émotions semblables aux nuages s’amenuisent, la nature semblable au ciel de notre être véritable se révèle et notre nature de bouddha resplendit alors telle le soleil. Et tout comme la lumière et la chaleur émanent du soleil, la sagesse et la compassion aimante rayonnent de la nature la plus profonde de l’esprit.
Une fois arrivé à l’état de sagesse transcendante, au-delà de votre ego, de votre moi, c’est comme si vous aviez atteint le sommet de la plus haute montagne ; de là, vous disposez d’une vue d’ensemble, ainsi que d’une perspicacité et d’une compréhension sincère des besoins d’autrui. Votre coeur s’ouvre alors pleinement à la compassion et s’imprègne d’un amour profond et universel.
Selon l’enseignement du Bouddha, nous possédons tous cette nature de l’esprit, que nous nommons « nature de bouddha », et qui est dotée d’une sagesse illimitée, d’une compassion incommensurable et d’une capacité ou d’un pouvoir infini. Plus nous sommes capables de demeurer dans la nature de notre esprit, plus nous découvrons ces qualités, et plus nous en retirons une force intérieure profondément nourrissante.
Compassion, amour et présence
Lorsque, grâce à la pratique de la méditation, nous nous relions à la pureté de notre nature inhérente, c’est notre bonté fondamentale, notre bon cœur, qui se révèle alors. La bonté, la compassion et l’amour émanent tout simplement de nous. Et plus nous intégrons avec attention la pratique dans notre vie, plus nous découvrons que nous sommes non seulement en contact avec nous-mêmes, mais aussi complètement en contact avec les autres. La barrière entre soi et autrui se dissout. La négativité est désamorcée, nous pouvons véritablement nous pardonner et tout le mal en nous est éliminé ; nous devenons ainsi vraiment utiles et capables d’aider autrui.
Le plus important, lorsque nous commençons à aider ceux qui sont en difficulté, est de leur donner notre amour, de tout notre coeur, sans réserve ni conditions, et avec aussi peu d’attachement que possible. Si nous sommes en contact avec notre vraie nature, l’amour que nous avons à offrir à la personne dont nous prenons soin n’en sera que plus profond, parce qu’il provient d’une source différente, de notre être le plus intime, du coeur même de notre nature éveillée.
Cet amour possède une qualité spéciale, celle de la liberté. Ce type d’amour qui dépasse tout attachement ressemble à l’amour divin. C’est l’amour de tous les bouddhas, l’amour du Christ, l’amour de Dieu. Dans cet état, sans rien forcer, ni même penser, nous pouvons ressentir la présence du Bouddha ou du Christ. Nous devenons en quelque sorte leur ambassadeur, leur représentant, notre amour est renforcé par leur amour et imprégné de leur bénédiction. L’amour qui jaillit de la nature de l’esprit est tellement béni qu’il a le pouvoir de dissiper la peur de l’inconnu, de protéger de l’anxiété, d’apporter la sérénité et la paix, ainsi que l’inspiration à chaque étape de la vie, de la mort et au-delà.
Comme nous le découvrirons par nous-mêmes, plus nous sommes en mesure d’incarner la pratique spirituelle, plus l’accompagnement spirituel que nous offrons à ceux qui ont besoin d’aide sera naturel et efficace. Car notre façon d’être – notre être et notre présence – est bien plus importante que tout ce que nous disons ou faisons.
Exercer l’esprit à la compassion
Les pratiques bouddhistes d’amour et de compassion sont extrêmement puissantes pour transformer la souffrance et pour apporter paix et guérison tant à nous-mêmes qu’à autrui. Sa Sainteté le Dalaï-Lama attribue son bien-être, sa bonne santé, sa bonne humeur, sa force intérieure et sa nature joyeuse à sa pratique de l’altruisme et de la compassion. Il affirme : « D’après mon expérience personnelle, je peux vous dire que lorsque je pratique l’altruisme et la sollicitude envers autrui, cela me rend immédiatement plus serein et plus confiant. L’altruisme apporte donc des bienfaits immédiats. »
Lorsque nous sommes plus sereins et plus confiants, notre comportement et nos interactions avec les autres deviennent plus positifs et plus justes et la négativité n’a alors plus aucune chance.
Comment l’altruisme donne-t-il autant de courage et de force intérieure ? Tant qu’on ne se préoccupe que de soi et de son bonheur immédiat en se demandant : « Comment pourrais-je réussir ? De quoi ai-je besoin ? Qu’est-ce qu’il me faudrait ? », notre champ de référence reste très restreint. Prisonniers d’une mentalité étriquée et oppressante, nous ne supportons pas le moindre désagrément ou inconfort. Si nous ne nous préoccupons que de nous-mêmes, alors, jour après jour, toutes sortes de mésaventures nous arrivent, et notre malheur ne fait qu’augmenter.
À l’inverse, si nous songeons au bonheur d’autrui, alors automatiquement notre propre bien-être est pris en compte. En effet, lorsque nous nous sommes habitués à éprouver de la compassion dans notre coeur et à nous ouvrir aux autres, nous ressentons chaque jour davantage de courage et de détermination. Ce courage a un but, une vaste perspective, c’est un courage authentique. Et lorsque cela fait partie intégrante de nous, notre esprit peut accepter tout ce qui se présente et y faire face.
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