par Matthieu Ricard
A un niveau personnel, non seulement on peut toujours pardonner, mais on doit le faire. Beaucoup sont réticents au pardon du mal fait à autrui, pourtant il faut l’envisager en termes d’harmonie sociale. La société n’a nul besoin d’une absolution teintée d’indulgence, d’insouciance, ou pire encore, entachée d’une ambigüité qui confine à l’approbation. Un tel pardon laisse la porte grande ouverte à la répétition des atrocités. La société a besoin de pardonner afin d’éviter que ne se perpétuent la rancune, l’acrimonie et la haine qui vont inévitablement mûrir et se traduire par de nouvelles souffrances. La haine ravage nos esprits et ruine la vie des autres. Pardonner signifie briser le cycle de la haine.
Un individu, comme une société, peut tomber sous son emprise, mais ce sentiment n’est pas inéluctable et peut disparaître de l’esprit de l’homme : voyez comme une rivière polluée peut retrouver sa pureté initiale et son eau redevenir potable. Sans la possibilité d’un changement intérieur, l’humanité se trouverait prisonnière de l’enchaînement du mal, du désespoir et des défaites sans fin, qu’elle s’infligerait à elle-même. Un proverbe bouddhiste dit : “Le seul aspect positif du mal réside dans le fait qu’il peut être purifié.” Si l’on se transforme réellement, le pardon qui vous est accordé n’est pas indulgence à l’égard des fautes passées, mais reconnaissance de ce changement. La notion de pardon est intimement liée à l’idée de transformation.
Du point de vue bouddhiste, au tréfonds de l’homme réside la bonté fondamentale, même chez le criminel. On compare souvent cette réalité à un lingot d’or gisant sous des immondices. En enlevant la saletée, on ne la nie pas mais on en dégage l’or pur.
Malgré le pardon, le criminel ne peut espérer échapper aux conséquences de ses actes. Un repentant sincère ne devrait même pas demander pardon : l’important est de tout mettre en oeuvre pour créer, en toute humilité et de tout son être, un bien équivalent au mal qu’il a commis. Comment peut-on demander pardon sans réparation ? Lorsqu’on évoque l’idée du pardon, il faut établir une distinction entre punition et vengeance. La société a le devoir de protéger ses membres, mais elle n’a pas le droit de se venger. Tuer est un mal absolu, qu’il s’agisse de meurtre ou d’exécution légale. Neutraliser et empêcher de nuire n’impliquent ni la vengeance ni les représailles.
Répondre au mal par la fureur et la violence est souvent envisagé comme une réaction courageuse, voire héroïque. Mais le vrai courage, c’est ne pas réagir par la haine. En, 1998, un couple d’Américains se rendit en Afrique du Sud pour assister au jugement de cinq adolescents qui avaient sauvagement assassiné leur fille dans la rue. Ils regardèrent les meurtriers droit dans les yeux et leur dirent : “Nous ne voulons pas vous faire ce que vous avez fait à notre fille.” De même, le père de l’une des victimes de l’attentat à la bombe d’Oklahoma déclara la veille du verdict : “Je ne veux pas d’un mort de plus.” Il ne s’agit pas de parents insensibles. Ils avaient parfaitement compris l’inutilité de l’enchaînement de la haine. Ainsi, pardonner n’est pas excuser mais abandonner la soif de vengeance.
Pardonner ne signifie pas absoudre : on ne triche pas avec la loi des causes et des conséquences. Une personne responsable d’actes odieux souffrira vie après vie, jusqu’à ce qu’elle en ait épuisé le potentiel négatif. Un bouddhiste voyant un homme qui a porté atteinte à autrui pense qu’il est voué à une souffrance proportionnelle à la gravité de ses actes. Cette conscience fait naître en lui non pas une pitié superficielle, mais une immense compassion pour tous les êtres : sans se délivrer de la haine et de l’ignorance, les hommes perpétuent le cycle sans fin de la douleur. Contempler l’horreur de certains crimes doit renforcer cette compassion et l’amour envers tous les êtres plutôt qu’attiser la haine envers quelques uns.
L’être humain n’est pas fondamentalement mauvais, mais il peut facilement le devenir. Notre ennemi le plus féroce n’est pas autrui, mais la haine elle-même. Il ne peut y avoir de désarmement extérieur sans désarmement intérieur. Il faut que tout le monde change et ce processus commence par soi-même.
Source: http://www.buddhaline.net/spip.php?article1418
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