L'Arbre des Refuges: Une Philosophie Non Confessionnelle

La seule façon d’apporter la paix au monde est d’apprendre soi-même à vivre en paix.( Bouddha « l’Éveillé » 623-543 av. J.-C )


Les livres à lire dans sa vie

Etudes, Pratiques & Compassion


Derniers sujets

» Ce que Mr Palmade nous apprends.
Les fruits de la tendresse EmptyDim 26 Mar 2023, 22:33 par Disciple laïc

» Amitābha: Le Grand Soutra de la Vie Infinie
Les fruits de la tendresse EmptySam 25 Mar 2023, 12:28 par Yeshi

» J'ai envie de vous parler de Betty
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 23 Mar 2023, 21:13 par Mila

» Ce 17 mars 2023, le Conseil des ministres belges a approuvé le projet de loi reconnaissant le Bouddhisme .
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 23 Mar 2023, 20:56 par Yeshi

» Bonjour. Un esprit se révèle.
Les fruits de la tendresse EmptyMer 22 Mar 2023, 21:30 par Yeshi

» L'Union Bouddhique Belge réclame la reconnaissance du bouddhisme en Belgique
Les fruits de la tendresse EmptyMer 22 Mar 2023, 20:48 par Yeshi

» Guru Padmasambhava: À la recherche du Maître né du Lotus
Les fruits de la tendresse EmptyMar 21 Mar 2023, 10:29 par Geoffrey

» La force de l’attention - invité : Marc de Smedt.
Les fruits de la tendresse EmptyDim 19 Mar 2023, 19:50 par Disciple laïc

» S'aider soi-même avant d'aider les autres ?
Les fruits de la tendresse EmptyDim 19 Mar 2023, 10:40 par Nutts

» Les voeux de Bodhisattva
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 16 Mar 2023, 12:32 par Mila

» Quelques questions sur le karma
Les fruits de la tendresse EmptyMer 15 Mar 2023, 08:33 par Yeshi

» --------------Tao------------------
Les fruits de la tendresse EmptyMar 14 Mar 2023, 06:58 par Algo

» Quelques conseils et expériences
Les fruits de la tendresse EmptyVen 10 Mar 2023, 11:01 par Ortho

» La force des souhaits dans le vajrayana
Les fruits de la tendresse EmptyLun 06 Mar 2023, 19:18 par Disciple laïc

» Jour de ROUE important dans le calendrier Bouddhiste
Les fruits de la tendresse EmptyLun 06 Mar 2023, 10:08 par Ortho

» Bouddhisme et homosexualité
Les fruits de la tendresse EmptyDim 05 Mar 2023, 22:26 par Disciple laïc

» Kosetsu-Ji, un temple zen au cœur des montagnes suisses.
Les fruits de la tendresse EmptyDim 05 Mar 2023, 22:24 par Disciple laïc

» Les 6 aspects de la Perception Correcte
Les fruits de la tendresse EmptyMer 22 Fév 2023, 21:26 par Disciple laïc

» Une vie, une œuvre : Léon Tolstoï. De l'amour de la vie à la quête de la perfection [2009]
Les fruits de la tendresse EmptyMer 22 Fév 2023, 19:46 par dominique0

» Militantisme intersectionnel et bouddhisme
Les fruits de la tendresse EmptyMar 21 Fév 2023, 14:06 par Azalée

» introversion et hypersensibilité
Les fruits de la tendresse EmptyDim 19 Fév 2023, 14:21 par felin75

» Regarder le Réel - Invité Damien Brohon
Les fruits de la tendresse EmptyDim 19 Fév 2023, 10:11 par Disciple laïc

» A l'ouest du nouveau ! La lumière vient du Canada !
Les fruits de la tendresse EmptyVen 17 Fév 2023, 19:38 par Disciple laïc

» Recevoir des conseils pour pratiquer
Les fruits de la tendresse EmptyLun 13 Fév 2023, 16:14 par Ortho

» Présentation - De la bonne humeur !
Les fruits de la tendresse EmptyLun 13 Fév 2023, 15:00 par yansochill

» Ma présentation de qui je suis
Les fruits de la tendresse EmptyLun 13 Fév 2023, 09:53 par Mila

» Diffuseur d'huiles essentielle
Les fruits de la tendresse EmptyMer 08 Fév 2023, 02:26 par Toupten Zangpo

» La communication, le partage, la coopération : le défi de notre société
Les fruits de la tendresse EmptyDim 05 Fév 2023, 13:31 par Disciple laïc

» Dagpo Rimpoché - Le lama venu du Tibet 3/3
Les fruits de la tendresse EmptyDim 05 Fév 2023, 13:24 par Disciple laïc

» Un petit message de présentation
Les fruits de la tendresse EmptySam 04 Fév 2023, 20:34 par Nangpa

» Iti 18 : Saṅghabheda Sutta : La division du Sangha.
Les fruits de la tendresse EmptyVen 27 Jan 2023, 20:41 par Yeshi

» SN 22.43 Attadīpa Sutta : Une île de soi-même.
Les fruits de la tendresse EmptyVen 27 Jan 2023, 14:50 par Disciple laïc

» Présentation de ma personne
Les fruits de la tendresse EmptyMer 25 Jan 2023, 15:37 par Yeshi

» Trouble psychique et traitement médicamenteux
Les fruits de la tendresse EmptyDim 22 Jan 2023, 20:04 par Yeshi

» j'ai du mal à gérer mes emotions, je souhaite m'en sortir
Les fruits de la tendresse EmptyDim 22 Jan 2023, 16:12 par felin75

» Promenade dans la nature avec le Bouddha
Les fruits de la tendresse EmptySam 14 Jan 2023, 23:47 par Mila

» Le Cheval
Les fruits de la tendresse EmptyMar 03 Jan 2023, 17:59 par Pema Gyaltshen

» demande d'informations sur quelques themes
Les fruits de la tendresse EmptyDim 01 Jan 2023, 09:17 par Ortho

» La Roue de la vie bouddhique 1/2 et 2/2
Les fruits de la tendresse EmptyLun 26 Déc 2022, 12:59 par Disciple laïc

» Le Singe
Les fruits de la tendresse EmptyDim 18 Déc 2022, 22:39 par Ortho

» Le Cochon
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 23:07 par petit_caillou

» Le Serpent
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 23:04 par petit_caillou

» La Chèvre (ou Mouton)
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 23:00 par petit_caillou

» Le Coq
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:50 par petit_caillou

» Le Chien
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:46 par petit_caillou

» Le Dragon
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:41 par petit_caillou

» Le Lapin (ou Chat)
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:39 par petit_caillou

» Le Tigre
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:33 par petit_caillou

» Le Buffle
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:29 par petit_caillou

» Le Rat
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:25 par petit_caillou

» L' année du Lapin - 2023
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 22:14 par petit_caillou

» Fermer Les yeux rend t'il heureux ?
Les fruits de la tendresse EmptySam 17 Déc 2022, 18:09 par Disciple laïc

» L'Histoire des Derniers Romains : Sagalassos.
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 15 Déc 2022, 22:39 par Disciple laïc

» Si Dieu existe, pourquoi la souffrance ? Abdennour Bidar et Chawkat Moucarry
Les fruits de la tendresse EmptyMer 14 Déc 2022, 22:30 par Ortho

» L’apport du bouddhisme dans la quête de sagesse démocratique
Les fruits de la tendresse EmptyMer 14 Déc 2022, 18:22 par Disciple laïc

» Les animaux ont-ils conscience d’eux-mêmes ?
Les fruits de la tendresse EmptyMer 14 Déc 2022, 15:56 par Disciple laïc

» SN 55.17 . Mittāmacca Sutta : Amis & collègues.
Les fruits de la tendresse EmptyDim 11 Déc 2022, 21:29 par Disciple laïc

» Confiance en soi, timidité, les autres, Dharma
Les fruits de la tendresse EmptyDim 11 Déc 2022, 10:17 par Disciple laïc

» Japon, l'art du jardin zen
Les fruits de la tendresse EmptyDim 11 Déc 2022, 09:19 par Disciple laïc

» AN 8.26 Jīvaka Sutta : Les questions de Jivaka.
Les fruits de la tendresse EmptySam 10 Déc 2022, 21:39 par Disciple laïc

» AN 7.71 Bhāvanā Sutta : Le développement.
Les fruits de la tendresse EmptySam 10 Déc 2022, 21:36 par Disciple laïc

» que pensez vous de toutes ces théories ?
Les fruits de la tendresse EmptyMer 07 Déc 2022, 23:15 par Ortho

» Le Yang doit t’il récupéré sa tête
Les fruits de la tendresse EmptyMer 07 Déc 2022, 18:22 par LeLoups

» QUI REMPLIT LES PRISONS ? QUI ? Et surtout pourquoi ?
Les fruits de la tendresse EmptyMar 06 Déc 2022, 22:33 par Ortho

» Difficulté générale que je rencontre
Les fruits de la tendresse EmptyMar 06 Déc 2022, 10:31 par Disciple laïc

» Bonne nouvelle : une ordination
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 01 Déc 2022, 19:34 par Ortho

» La voie du souffle, dans le bouddhisme theravada
Les fruits de la tendresse EmptyMer 30 Nov 2022, 19:03 par Disciple laïc

» Le taoïsme et le bouddhisme s’opposent sur l’approche de la mort (guide touristique)
Les fruits de la tendresse EmptyMer 30 Nov 2022, 10:21 par Nangpa

» conseil concernant un livre : taoisme
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 24 Nov 2022, 08:35 par Disciple laïc

» Bouddhisme & Santé: Le bouddhisme m'a sauvé de mon cancer (témoignage)
Les fruits de la tendresse EmptyMer 23 Nov 2022, 12:33 par Mila

» La pratique de Shamatha ou la quiétude mentale par Jetsunma Tenzin Palmo
Les fruits de la tendresse EmptyMar 22 Nov 2022, 15:29 par Disciple laïc

» Quand les musulmans se détournent de la foi
Les fruits de la tendresse EmptyDim 20 Nov 2022, 22:34 par Ortho

» Les cinq éléments du tao, élixirs de vie
Les fruits de la tendresse EmptySam 19 Nov 2022, 19:35 par Disciple laïc

» Lanterna magica , la Forêt enchantée .
Les fruits de la tendresse EmptyJeu 17 Nov 2022, 19:13 par Mila

» Les souhaits de Shantideva
Les fruits de la tendresse EmptyLun 14 Nov 2022, 17:16 par Mila

Qui est en ligne ?

Il y a en tout 20 utilisateurs en ligne :: 0 Enregistré, 0 Invisible et 20 Invités :: 3 Moteurs de recherche

Aucun


[ Voir toute la liste ]


Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 605 le Dim 10 Sep 2017, 22:58

L’Arbre et ses racines

Image hébergée par servimg.com

Image hébergée par servimg.com

Image hébergée par servimg.com

Statistiques

Nos membres ont posté un total de 107615 messages dans 12909 sujets

Nous avons 4625 membres enregistrés

L'utilisateur enregistré le plus récent est Geoffrey

Meilleurs posteurs

Pema Gyaltshen (7811)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
Karma Trindal (7220)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
petit_caillou (4847)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
Mila (3561)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
Karma Döndrup Tsetso (3503)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
karma djinpa gyamtso (3385)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
MionaZen (3351)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
Karma Yéshé (3196)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
Disciple laïc (2785)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
vaygas (2774)
Les fruits de la tendresse Bar_leftLes fruits de la tendresse BarLes fruits de la tendresse Bar_right 
2 participants

    Les fruits de la tendresse

    petit_caillou
    petit_caillou
    Protectrice de l'Arbre [PdA]
    Protectrice de l'Arbre [PdA]


    Féminin
    Nombre de messages : 4847
    Zodiaque : Poissons Âge : 41
    Contrée : ici
    Arts & métiers : travaille sur l'art de la paresse
    Astrologie chinoise Astrologie chinoise : Chien
    Théorie de l'esprit Théorie de l'esprit : Zzzzzzzz.........
    Éthique de la vertu : Aucun avertissement

    Date d'inscription : 12/02/2011

    Titre-sujet Les fruits de la tendresse

    Message par petit_caillou Lun 11 Juil 2011, 21:29

    Les fruits de la tendresse

    Denis Ledogar est prêtre assomptionniste, infirmier anesthésiste de formation, et aumônier à l’hôpital de Hautepierre, à Strasbourg. Dans ce texte, il exprime sa révolte, ses doutes face à la réalité de la souffrance. Et il témoigne de la profondeur de la tendresse dans un questionnement intense devant Dieu.

    Par Denis Ledogar

    Extrait du livre La tendresse pour tout bagage

    Mon cœur ne m’appartient pas. Il est à ceux vers qui l’Église m’a envoyé.

    Le cœur d’un prêtre, c’est celui de tout humain. Le cœur d’un aumônier d’hôpital, c’est d’être gros comme une montagne pour recevoir et porter la souffrance de l’autre ; c’est en même temps une part de Dieu, car mon cœur ne m’appartient pas. Il est à ceux vers qui l’Église m’a envoyé. Et l’Église m’a nommé à l’hôpital de Hautepierre pour une mission située entre l’affectif et le spirituel. Lorsque je me retire, presque sur la pointe des pieds, que je me glisse vers d’autres malades, peut-être sont-ils quelques-uns à conserver gravée au plus profond de leur cœur l’image d’un prêtre assis à leurs côtés ? Lorsque je me recueille dans la chapelle de l’hôpital ou que je célèbre la messe, je parle au Seigneur : « Nous déposons sur cette patène*, les visages de celles et ceux que nous avons visités... »

    Tout marin, tout passager qui monte dans un bateau attend et espère une traversée sans histoire. Ainsi étaient les apôtres... ainsi chacun de nous attend et espère une traversée paisible de la vie. Mais voilà... Il n’y a pas de vie sans tempête, sans orage. Qui n’a pas failli chavirer sous les rafales de la douleur, du désespoir, de la révolte, des questions sans réponse ? Oh ! non, il n’y a pas de vie sans tempête. Mais il y a des barques plus fragiles et des tempêtes plus violentes que d’autres.

    Comme cette tempête de douleur qu’est la disparition brutale d’un être cher. Confronté à la plus grande des souffrances, on a envie de hurler, on a envie de cogner, simplement parce qu’on n’a pas pu empêcher ce qui est arrivé, parce qu’on se découvre impuissant face à des forces déchaînées et implacables qui bousculent nos convictions, et qui arrachent sur leur passage nos ultimes certitudes. Alors seulement on fait la tragique expérience de la plus radicale pauvreté, car la mort d’un proche nous dépouille de nos mots, de nos fondements intimes, de notre courage, de nos rêves... Emporté dans la tempête, comme les apôtres, oui, on a peur : on a peur d’aujourd’hui et peur de demain, peur du jour qui se lève, peur de la nuit qui va tomber ; on a peur de la solitude, peur de ne pas pouvoir y arriver seul ; on a peur des autres et de soi-même.

    Comment accepter de mourir pour vivre ?
    Un jour, il y a eu Julien, un petit garçon de cinq ans. Les parents avaient dû réhospitaliser leur fils, qui souffrait d’un cancer ; ils avaient passé plusieurs nuits à le veiller. Un matin - il devait être six heures -, Julien s’est agité. Sa maman a caressé son visage et l’a regardé tendrement. Un léger rictus a parcouru ses lèvres, peut-être un sourire, puis il s’est éteint, sans un mot, sans une larme. La famille m’a réclamé à son chevet, et je me suis rendu aussitôt à Hautepierre. Oui, Julien est mort. Une fois encore, j’ai eu envie de crier à l’injustice. Trois jours plus tard, dans la chapelle, les siens étaient réunis dans le recueillement. La maman, fatiguée, s’appuyait sur le bras de son mari. Un simple regard, une complicité soudain mise à nue dans la souffrance - ils s’approchèrent du cercueil, la maman à gauche de l’enfant, le papa à sa droite ; elle avait besoin de se sentir plus près de son petit. Ce cercueil les unissait et c’était un lien plus fort que tous les autres, aussi fort que le sacrement du mariage. Il y avait là leur petit. Ils ne s’étaient jamais quittés comme ça, depuis cinq ans. Et, tout à l’heure, la journée sans Julien s’ouvrira comme un abîme sans fond.

    Mourir, c’est, dit-on, le temps de la terre dans laquelle on enfouit le corps d’un enfant, comme on le ferait pour une graine. Ensuite, il ne se passe plus rien, du moins en apparence. Dans nos cœurs et dans la terre, il fait froid comme en hiver. Et nos cœurs crient à l’absurdité. Julien respirait la vie, il portait la vie, il aimait la vie. Comment accepter que soient enfouis dans cette terre son devenir, son avenir d’homme ? Comment accepter ce paradoxe de n’être plus rien, pour devenir tout dans les mains de Dieu ? Comment accepter de mourir pour vivre ? Tout, dans la vie quotidienne de nos campagnes, nous l’indique : on n’enfouit dans la terre que ce qui est porteur de vie, on n’enfouit que les graines, on n’enfouit pas les pierres. La graine dort... sous la neige... et craque, pour libérer le germe d’une vie nouvelle. Et si mourir, c’était tout simplement notre écorce qui craque, pour libérer cet autre soi-même, que personne ne connaît encore, et qui fleurit déjà dans le printemps de Dieu ? Après la mise en terre de Julien, dans le ciel chargé de nuages sombres, un canal d’une vive clarté s’est ouvert : l’espérance.

    La vraie paix est une conquête, comme l’espérance
    mmédiatement après, je me sens incapable de célébrer la messe. « La Grâce de Jésus Notre-Seigneur, l’amour de Dieu le Père... », non, je ne les vois pas, je ne les sens pas à ce moment-là. Je suis comme happé par un grand vide, sentiment partagé par bien des parents. Comme les apôtres, je crie, nous crions : « Maître, maître, au secours, nous périssons. » Avec eux je me heurte au silence de Dieu. Comme eux, je m’interroge encore : « Dieu dormirait-il, indifférent aux tempêtes qui agitent l’homme ? Comment peut-il dormir ainsi, quand la tempête fait rage dans le monde, quand la souffrance fait chavirer le cœur de l’homme ? » Et d’appeler : « Dieu, réveille-toi ! L’homme a peur ! L’homme a mal ! Dieu, réveille-toi ! Et donne la paix à l’homme... »

    La paix, c’est ce que nous désirons, c’est ce que nous attendons. Nous voudrions tant que tout soit « comme avant ». Mais la paix... ce n’est ni le statu quo, ni le retour en arrière... La vraie paix, ce n’est pas l’ignorance des conflits et des tempêtes, c’est l’au-delà du conflit, c’est la tempête apaisée. La vraie paix, ce n’est pas un état originel, naturel, immuable, c’est celle que le Christ nous propose aujourd’hui, par l’apaisement, la pacification. C’est une conquête, comme l’espérance. Et l’espérance n’est pas l’ignorance du désespoir, elle est le désespoir surmonté.

    Dans les jours qui ont suivi la disparition du petit Julien, j’ai été confronté à la mort bien plus qu’à l’accoutumée, sans doute la fameuse loi des séries... Elle avait frappé des personnes auxquelles j’étais très attaché. J’avais un trop-plein de décès à gérer et du mal à faire le travail de deuil. Une nuit, alors que j’étais particulièrement angoissé, j’ai ressenti une peur effroyable. Des mains essayaient d’agripper les miennes, comme si elles voulaient m’entraîner. Je découvrais l’angoisse de la mort, mais cette fois-ci je n’étais plus l’accompagnateur, j’étais dans un lit et on allait m’emmener. Oh, toutes ces mains qui me tiraient vers l’au-delà ! Ces mains glaciales couraient sur mon visage, sur mon torse, sur mon corps. J’avais froid et j’avais peur. Les cris se bloquaient dans ma gorge : « Oh, Seigneur, ne me laisse pas tomber ! » Inconsciemment, je m’étais enroulé dans les draps, prenant soin de ne pas laisser la moindre prise à ces mains qui s’acharnaient toujours... Et puis, soudain, tout s’est arrêté.

    Quelques nuits plus tard, j’ai fait un autre rêve, qui répondait à mes grandes interrogations : « Moi qui ai accompagné tant de malades en fin de vie, qu’y a-t-il donc de l’autre côté ? » Si Dieu n’est pas une chimère, je dois savoir. Dans ma révolte, j’en arrive quelquefois à essayer de me persuader que Dieu est finalement la plus belle invention de l’homme. Quand je vois tous ces corps aimés en état de décomposition, quand on les dépose à la morgue, dans un cercueil, comment ne pas s’interroger ? Tous ces hommes, ces femmes, ces enfants, où sont-ils ? que deviennent-ils ?

    Cette nuit-là, Dieu m’aurait-il entendu ?

    Cette nuit-là, Dieu m’aurait-il entendu ? Dans mon rêve, je l’ai rencontré et j’ai pu lui confier toutes mes interrogations, toutes mes incertitudes :

    - Seigneur, il faut que je sache ce qu’il y a dans l’au-delà, pour continuer l’accompagnement quotidien de ceux qui souffrent et meurent. J’ai trop peur, je suis trop angoissé...

    Et Dieu m’a répondu :

    - C’est de l’ordre du mystère et il n’appartient à aucun être humain de connaître les mystères de Dieu.

    Bien sûr trottait dans ma tête cette phrase de l’Évangile : « Nul ne connaît ni le jour ni l’heure, pas même le Fils, mais uniquement le Père et celui à qui le Père veut bien le révéler. » Donc, moi, petit dernier des humains, tout petit curé d’hôpital, je n’avais pas à savoir. M’armant de tout mon courage, j’ai osé réitérer ma demande :

    - Je veux savoir, sinon je ne pourrai plus continuer mon boulot...

    - Alors tu seras le seul à qui je vais le révéler, m’a-t-il répondu.

    Nous avons marché, longtemps, et puis nous sommes arrivés devant une grande porte.

    - Réfléchis bien, puis ouvre-la.

    Je me suis retourné vers Dieu, hésitant, tremblant de tous mes membres. « Impertinent, Denis, tu ne changeras donc jamais ! » me suis-je dit. Et puis, d’une voix à peine contenue :

    - Je veux savoir, Seigneur.

    Alors, j’ai ouvert la porte, lentement, très lentement, et je suis tombé, tombé, tombé... dans le néant total, dans le vide absolu.

    Et puis je me suis réveillé, terriblement angoissé, tout en sueur, mais tellement heureux d’être en vie.

    *patène : pour les catholiques, vase sacré en forme de petite assiette qui sert à couvrir le calice et à recevoir l’hostie.

    Denis Ledogar


    Source: http://www.buddhaline.net/spip.php?article843


    _________________
    Les fruits de la tendresse 78317617_oLes fruits de la tendresse 78305167_p

    Instagram: @larbredesrefuges #larbredesrefuges page insta
    Sourire
    Sourire
    Aucun Rang !
    Aucun Rang !


    Féminin
    Nombre de messages : 554
    Zodiaque : Cancer Âge : 63
    Contrée : suisse
    Arts & métiers : artiste
    Astrologie chinoise Astrologie chinoise : Cochon
    Théorie de l'esprit Théorie de l'esprit : attentive et ouverte
    Éthique de la vertu : Sectaire & Prosélytisme

    Date d'inscription : 11/12/2010

    Titre-sujet Re: Les fruits de la tendresse

    Message par Sourire Mar 12 Juil 2011, 16:07

    Ce texte est très beau Petit Caillou,

    mais la réalité de la vie, vois-tu,ce n'est pas du copier-Coller, mais plutôt du Dé-copier et du Dé-coller, surtout lorsqu'il s'agit de faire face à la souffrance, la sienne comme celle de nos enfants.

    Car il faut créer soi-même et par soi-même seulement, les outils adaptés qui permettent de continuer à vivre et de guérir cette souffrance et de permettre à un enfant d'en sortir.

    Alors seulement, il est permis de récolter les fruits de notre tendresse.

    Les fruits de la tendresse 266149 Les fruits de la tendresse 229794

      La date/heure actuelle est Mer 29 Mar 2023, 09:42