Un vieux cheval ne pouvait concevoir qu’un jour il ne serait plus. Se pouvait-il que ses sabots ne foulent plus ce parterre qu’il a toujours connu ? Était-ce possible que le monde continue sans lui ? Se pouvait-il qu’il soit arraché à son maître et à sa demeure ?
Lui qui était toujours sensible à la lumière et à la chaleur, le voilà soudain sensible aux ombres et au froid. Lui qui plongeait sans crainte dans l’eau et traversait en un clin d’œil les rivières, le voilà soudain souffrant, boitant, avec des douleurs d’arthrite, de rhumatisme aux jointures et des difficultés de respiration.
Il regarda les horizons fixes de son éternelle vallée et se sentit soudain de passage, inutile. Il regarda son corps épuisé de survivre.
Bientôt son tour. Il lui arrivera ce qui est arrivé à autrui, si grand soit-il. Il s’en ira rejoindre les autres dans un pays qu’on imagine mystérieux, quoiqu’il préfère rester ici.
Son maître, très attaché à lui, le voyait faiblir. Il le traitait avec plus d’égard que d’habitude, respectait son vieil âge, lui donnait la meilleure nourriture et beaucoup de gâteries. Il lui achetait des sacs de pommes et de carottes bien fraîches, lui offrait les meilleures fleurs de son jardin au goût parfumé et aux vertus thérapeutiques, ne lui demandait plus aucune tâche dure à accomplir.
Un soir, dans l’étable, juste avant de s’endormir, la mort lui apparut sous l’apparence d’un chat. Elle s’approcha de lui et, féline, le frôla. Il hennit de colère et la chassa loin de lui. Ses hennissements réveillèrent son maître qui accourut le rassurer.
Quelques jours plus tard, le chat revint et le frôla plus longuement. Le cheval ne hennit pas, mais recula atterré. Il connut la peur pour la première fois.
Une semaine après, le chat revint le visiter, mais ne s’en approcha pas. Il s’assit juste en face de lui. Ils se regardèrent longuement, s’apprivoisèrent et, après trois semaines, devinrent presque des amis. Le cheval trouva que le chat n’avait pas une apparence si horrible, ni une présence si maléfique. Il apprécia son sourire, son doux ronronnement et cette enfance qui dort au fond de son regard. Ils se côtoyèrent ainsi durant des mois, sans échanger trop de paroles, juste des regards.
Un jour, le chat lui fit ses adieux. Il lui dit : « Je ne reviendrai pas si tôt. Je suis occupé ailleurs. »
Depuis, le cheval dort paisiblement la nuit, trotte allègrement le jour, et ses douleurs ne sont plus aiguës. Apprivoisée, la mort ne lui fait plus peur. Il a compris, jour après jour, que la mort n’est pas une dégradation, mais une invitation à la libération.
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Par Bernard Antoun
Extraits de Mémoires de ciels et de vents (2005) éd. Humanitas (Québec)
Lui qui était toujours sensible à la lumière et à la chaleur, le voilà soudain sensible aux ombres et au froid. Lui qui plongeait sans crainte dans l’eau et traversait en un clin d’œil les rivières, le voilà soudain souffrant, boitant, avec des douleurs d’arthrite, de rhumatisme aux jointures et des difficultés de respiration.
Il regarda les horizons fixes de son éternelle vallée et se sentit soudain de passage, inutile. Il regarda son corps épuisé de survivre.
Bientôt son tour. Il lui arrivera ce qui est arrivé à autrui, si grand soit-il. Il s’en ira rejoindre les autres dans un pays qu’on imagine mystérieux, quoiqu’il préfère rester ici.
Son maître, très attaché à lui, le voyait faiblir. Il le traitait avec plus d’égard que d’habitude, respectait son vieil âge, lui donnait la meilleure nourriture et beaucoup de gâteries. Il lui achetait des sacs de pommes et de carottes bien fraîches, lui offrait les meilleures fleurs de son jardin au goût parfumé et aux vertus thérapeutiques, ne lui demandait plus aucune tâche dure à accomplir.
Un soir, dans l’étable, juste avant de s’endormir, la mort lui apparut sous l’apparence d’un chat. Elle s’approcha de lui et, féline, le frôla. Il hennit de colère et la chassa loin de lui. Ses hennissements réveillèrent son maître qui accourut le rassurer.
Quelques jours plus tard, le chat revint et le frôla plus longuement. Le cheval ne hennit pas, mais recula atterré. Il connut la peur pour la première fois.
Une semaine après, le chat revint le visiter, mais ne s’en approcha pas. Il s’assit juste en face de lui. Ils se regardèrent longuement, s’apprivoisèrent et, après trois semaines, devinrent presque des amis. Le cheval trouva que le chat n’avait pas une apparence si horrible, ni une présence si maléfique. Il apprécia son sourire, son doux ronronnement et cette enfance qui dort au fond de son regard. Ils se côtoyèrent ainsi durant des mois, sans échanger trop de paroles, juste des regards.
Un jour, le chat lui fit ses adieux. Il lui dit : « Je ne reviendrai pas si tôt. Je suis occupé ailleurs. »
Depuis, le cheval dort paisiblement la nuit, trotte allègrement le jour, et ses douleurs ne sont plus aiguës. Apprivoisée, la mort ne lui fait plus peur. Il a compris, jour après jour, que la mort n’est pas une dégradation, mais une invitation à la libération.
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Par Bernard Antoun
Extraits de Mémoires de ciels et de vents (2005) éd. Humanitas (Québec)
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