Une réflexion de Jean Schmitt
Les psychologies bouddhiste et occidentale définissent l'ego (le moi) sain de la même manière : un processus de synthèse et d'adaptation entre la vie intérieure et les relations au monde extérieur qui produit un sentiment, une sensation intérieure de continuité, de garder le sentiment de rester soi dans TOUTES les circonstances de la vie (c'est à dire en étant seul dans le moment présent en zazen mais aussi en étant capable d'établir des relations et une vie sociales, en étant également capable de rentrer dans l'intimité et la continuité d'une relation d'amour pour l'autre sexe, en ayant des enfants).
Le plus souvent le moi n'en est pas arrivé là et les deux psychologies peuvent alors définir la personnalité comme un compromis : une réponse à la peur inconsciente de certaines émotions et de certains affects non reconnus en nous (et que nous projetons alors à l'extérieur : nous détestons chez l'autre ce que nous ne re-connaissons pas en nous-mêmes).
Par exemple, dans le zen, quelqu'un qui a peur d'une relation proche utilisera le non-attachement comme justification et quelqu'un qui masque sa dépendance ne supportera pas la solitude de la méditation, on viendra en bande faire zazen, restant en réalité très attaché à un moi défensif.
Comment se construit le moi ?
Un moi sain, qui est notamment identification à certaines valeurs des parents ne peut se construire que sur un soi sain, comme un arbre pousse grâce à un enracinement de ses racines dans le sol, or une majorité de personnes, actuellement, ont des manques dans la zone du soi, c'est-à-dire du SENTIMENT d'exister (et de s'aimer et s'accepter) et n'ont donc pu construire un moi vrai.
Freud appelait nos deux instincts de base l'eros et le besoin de destruction, et les appelait libido. Ces instincts cherchent à se décharger dans le monde ; ils cherchent donc des objets auxquels s'attacher ET des objets qui seront détestés ; ces objets seront en partie intériorisés (devenant le MOI, qui a donc aussi une fonction défensive pour ne pas être envahi par des pulsions incontrôlables venant du soi) mais aussi projetés sur le monde extérieur, créant une vue du monde partielle qui nous arrange, qui évite de voir ce que nous n'avons pas résolu (ne pas méditer car on a peur de la solitude ou ne pas aimer car on a peur de la proximité par exemple).
La méditation est une tentative délibérée de suspendre les activités du moi et donc aussi d'arrêter de chercher des objets extérieurs, par la seule concentration dans la posture et la respiration, ce qui fait que le moi est frustré, ne pouvant remplir son fonctionnement naturel. Il va alors régresser à un mode plus primordial d'exister, dans le soi-corps, comme énergie vitale désexualisée ("retrouver l'originaire, le non-construit ").
Mais en re-découvrant le soi on va aussi découvrir le moi-construit, ses attachements ET ses aversions, ses peurs, devoir en prendre conscience, LES ACCEPTER, et alors seulement pouvoir s'en détacher.
On n'est plus du temps de Freud et la psychologie du moi ne peut expliquer la souffrance existentielle : la psychologie moderne est la psychologie du soi (Pex en psychanalyse, A. Miller, Winnicott) mais c'est notamment aussi la bio-énergie, la biodynamique (W. Reich), la gestalt et l'hypnose clinique.
Le symptôme, la souffrance peuvent être considérés comme la manifestation actuelle de ce que nous n'avons pas terminé dans l'enfance. Guérir, nécessite une prise de conscience de ce qui se passe dans la relation actuelle au moment présent (méditation et psychothérapie s'accordent) mais en le ressentant ensuite à partir du corps (le corps garde la mémoire de ce que nous avons vécu enfant, c'est comme un paysage où tout de nous peut renaître) : la seule compréhension intellectuelle actuelle ne guérit pas car l'émotion non acceptée est à un autre moment, chez l'enfant en nous.
Se détacher au moment présent est efficace pour un moi sain, cela peut être une fuite pour un moi qui n'en est pas arrivé à l'individuation.
Ce que disait depuis longtemps le zen : tout a toujours été là, dans zazen, être seulement là, conscient (mais cela ne marche que si on n'est pas dans le mental... car cette conscience n'est pas celle du mental, autrement cela renforce le moi défensif).
Qu'est ce que le soi ? (Car avant d'arriver au non-moi, il est nécessaire d'être soi).
Un soi sain se forme au début de la vie, avant cinq ans, à la fois par la libre circulation de la respiration corporelle (ressentez un petit enfant : son corps est harmonieux, il n'y a pas de contractures) ET par la sensation d'être aimé, accepté par les parents pour soi ce qui aboutit à la sensation d'être soi et aussi de s'aimer soi-même.
Pour cela il faut une relation de présence (la présence, c'est être habité par les émotions dans le corps, une non-pensée) et d'amour des parents. Petits enfants, nous avons des besoins : besoin du regard aimant des parents, de leur présence (dans un corps à corps) mais aussi qu'ils respectent ce que tout petit enfant a spontanément, de pouvoir jouer tout seul perdu dans son monde (que Reich appelle, comme le zen, être relié à l'énergie cosmique) où certaines émotions qui prendront du temps pour évoluer comme rage, haine, colère, ont besoin de prendre de la place...
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