Enseignement oral de Fred Von Allmen donné à Beatenberg en août 2009
Texte édité par Arlette Morlon à partir de la transcription d'un enseignement oral.
Aujourd’hui, dans mon enseignement, je voudrais traiter du sujet suivant : comment travailler avec les émotions, les sentiments, les énergies difficiles (comme la peur, le désir, la colère, etc.).
Comment passer d’un endroit où nous avons un problème, à un endroit où ce problème est expérimenté comme simplement une partie intéressante de notre être, où le problème ne constitue plus un danger pour notre équilibre et notre paix intérieure mais plutôt une opportunité d’apprendre et de grandir.
Ce passage est lié à l’attitude que nous avons lorsque nous observons ces sentiments : ils peuvent être considérés comme un jeu dans l’esprit, ne changeant son équilibre d’aucune façon ! .. juste comme les nuages, la pluie, l’orage et le soleil brillant ne dérangent pas le grand espace du ciel. C’est un processus d’éveil qui commence avec la reconnaissance de ces forces, se développant dans le respect puis dans l’ouverture et l’acceptation, et finalement dans l’appréciation, comprenant leur nature comme étant une autre manifestation de ce jeu que nous appelons vie. Le premier pas très important est d’identifier ces énergies et ces états d’esprit.
Trungpa Rimpoché disait:
"Sans respecter le samsara, le monde de la confusion, l’on ne peut pas découvrir l’état d’esprit éveillé car le samsara est l’entrée, le samsara est le véhicule pour le nirvana."
Souvent on considère certaines émotions, comme par exemple la colère ou le désir, comme mauvais, selon notre conditionnement social et culturel, ou parce qu’on sent qu’elles sont inconfortables, parfois même effrayantes.
Ainsi, la réaction immédiate de l’esprit est souvent la suppression ou le rejet ou, si cela ne fonctionne pas, l’expression : c’est à dire se lancer dans l’action. Au moment même où ces émotions désagréables arrivent, il y a un besoin urgent de faire quelque chose à leur sujet pour se débarrasser de la frustration qu’elles créent.
Les faire partir en les repoussant dans l’inconscient ou les poussant hors de nous par l’action sont deux façons plutôt malhabiles d’entrer en relation avec elles. En s’y prenant ainsi, elles vont continuer à nous obséder et troubler la paix de notre esprit. Elles vont empoisonner notre être de l’intérieur ou créer des tendances malsaines (tendances karmiques négatives) en les exprimant dans l’action. Ce sont deux façons d’essayer de s’en débarrasser, de les jeter au loin.
Un soutra (discours du Bouddha) donne une illustration intéressante, montrant une meilleure alternative. Il dit :
"Il y a des fermiers peu intelligents qui jettent leurs déchets, puis achètent alors du compost à d’autres fermiers. Mais ceux qui sont intelligents, ramassent leurs propres déchets, malgré la mauvaise odeur et le travail sale, et quand c’est prêt à être employé, ils le répandent sur leur terre, et avec ceci ils font pousser une très riche récolte."
On peut regarder de la même manière, nos passions, nos peurs et aversions, nos déchets mentaux et émotionnels. Voyons ce que cela veut dire. Tout d’abord, avant que l’on puisse apprendre quelque chose, on doit être présent. Présent à ce qui se passe en nous. Etre attentif est la condition pré-requise à n’importe quelle sorte de croissance intérieure. Car pour pouvoir travailler avec un sentiment, une émotion, il faut la reconnaître. Il faut reconnaître le fait que cette émotion est là et, il faut être clair sur ce qu’est l’attachement, la colère, l’angoisse, etc. Puis il est nécessaire de développer du respect pour ces forces, et alors on peut passer à l’ouverture et à l’acceptation.
Pour illustrer ce processus, J’aimerais donner l’exemple de ma propre histoire avec la colère. La colère étant une de ces énergies difficiles pour beaucoup d’entre nous. J’ai pratiqué la méditation vipassana pendant quelques années avec des maîtres en Asie. Je les ai entendus dire un millier de fois: "Quoi qu’il arrive, quelque soit ton expérience, juste observe avec équanimité." Je savais aussi que la colère et le désir sont des causes de souffrance, et qu’ une attention consciente, moment après moment les purifierait. Ce dont je n’étais pas conscient, c’est que j’utilisais ce que je croyais être l’attention consciente comme un immense marteau pour écraser la colère, pour la faire disparaître. J’avais appris que la simple attention et observation était tout ce qui était nécessaire dans cette pratique. En même temps, je sentais que la colère et d’autres émotions négatives n’auraient pas dû être là car j’espérais devenir un grand yogi !
Plus tard, de retour en Occident, j’ai rencontré un thérapeute qui ne s'est pas laissé impressionner par mes expériences méditative et qui m’a vraiment cerné. Je commençais à douter de moi-même et de mon habileté en méditation dans le domaine des émotions. C'est ainsi que j’ai décidé d'entreprendre une psychothérapie. Un jour on nous a demandé de faire de grandes peintures. J’ai plongé dedans et je me suis retrouvé en train de peindre avec mes mains nues un immense volcan d’un noir-jaune-rouge très violent. J’ai aimé la peinture, sans me rendre compte de ce qui se passait. On nous a demandé d'exprimer ce que nous avions peint avec le son (la voix) et des mouvements du corps. J’ai fait quelques mouvements avec mes bras et j’ai dit : "Boum!". Le thérapeute remarqua l’énorme différence entre la terrible force de la peinture et ma faible performance. C’est là que je me suis rendu compte que j’étais assis sur un volcan de colère !
J’ai travaillé, en thérapie et en méditation, d’innombrables heures jusqu’à ce que je sois capable d’entrer en contact avec cette énergie émotionnelle. C’est ce que j’entends par 'reconnaître le fait de l’existence de l’émotion'. Il nous faut donc de l’attention consciente, il faut reconnaître l’émotion et il faut aussi la respecter !
Un jour je faisais un travail intensif en bioénergie. Après quelque temps les choses sont devenues très intenses. La thérapeute, une femme jeune, grande et très athlétique, m’a provoqué pour un combat. J’ai accepté et elle est allée changer ses habits pour une sorte d’habit de karaté. J’ai commencé à avoir peur. Mais j’étais déterminé à lutter pour ma vie. Après une lutte intense, j’ai pu la jeter au sol et la maintenir sur son dos. A ce moment elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit: "tu es un tueur !". ça m’a profondément choqué ; je ne me rendais pas compte que si j’avais réellement mené ce combat, j’aurais pu la tuer. J’ai vu que j’étais capable de tuer quelqu’un si seulement la situation était assez intense et dangereuse pour moi et pour ma vie.
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