L’esprit selon le Livre des morts tibétain. Entretien avec Philippe Cornu
C’est un honneur de recevoir ce mois-ci dans la rubrique «Psychologie et Méditation» Philippe Cornu, enseignant bouddhiste, tibétologue, auteur de nombreux ouvrages dont l’indispensable Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme (Seuil). Il vient de publier chez Buchet-Chastel le fruit de nombreuses années de travail : la première traduction complète du Bardo Thödol, Le livre des morts tibétain, directement à partir des textes racines en tibétain. Ce cycle d’enseignements appartient à l’école nyingma, initiée par Padmasambhava au VIIIe siècle. La tradition fait remonter à cet illustre fondateur l’inspiration du Bardo Thödol, écrit par le découvreur de trésor (tertön) Karma Lingpa à la fin du XIVe siècle sous le titre de La Grande Libération par l’écoute dans les états intermédiaires. Philippe Cornu éclaire pour nous le sens de cet ouvrage et tisse des liens entre la compréhension de l’esprit en Orient et en Occident.
Votre nouvelle traduction du Livre des morts tibétain se base sur des versions tibétaines plus fiables, et elle donne la perspective véritable de ce texte en lui rendant son arrière-plan doctrinal issu de la tradition dzogchen.
L’idée principale de ce travail était de retraduire directement du tibétain, parce que jusqu’ici le texte traduit de l’anglais n’avait pas un vocabulaire adéquat. Il n’était pas lié au dzogchen alors que le texte est nyingmapa. C’est en combinant les pratiques tantriques et celles du dzogchen que le Bardo Thödol se présente comme une sorte de kit complet pour travailler avec son esprit dans la vie, pour se préparer au moment de la mort et tirer les leçons des expériences post-mortem afin d’en percevoir le côté libérateur. Tout cela ne paraissait pas clair dans les éditions précédentes, c’est pourquoi j’ai voulu donner tous les textes et les expliquer un par un. Il fallait donc repartir du texte proprement dit, corrigé de préférence, ce qui a été possible grâce à Dudjom Rinpoché, qui a fait une édition critique en tibétain où il rétablit la justesse du texte. Il fallait ensuite replacer le livre dans sa tradition. Sinon, c’est un texte qui flotte dans une aura de fantastique qui prête le flanc à toutes les projections fantasmatiques de l’Occident. Les exposés sur la nature de l’esprit font pourtant partie du noyau du Bardo Thödol, et sans eux on se retrouve avec des textes descriptifs et spectaculaires qui nous parlent de visions, de déités, etc. Cela paraît exotique voire psychédélique, ce qui a donné lieu aux délires de Timothy Leary sur l’usage du Livre des morts lors des voyages au LSD, alors que cela n’a rien à voir. Cela fausse la compréhension, parce que LSD ou pas, tant que les visions sont vues sous l’angle dualiste, elles ne sont pas libératrices et ne ramènent pas à la vraie nature de l’esprit.
Vous expliquez aussi comment Jung n’a pas compris l’Orient et en particulier ce texte ?
Ce qui est intéressant est de voir pourquoi Jung n’a pas compris la méditation à partir des catégories occidentales. La psychologie, et Jung avec elle, dépend de la pensée philosophique de Descartes, selon laquelle l’esprit est une substance pensante et non une substance étendue. Cela circonscrit l’esprit comme un espace clôt, avec des objets intérieurs à cet esprit, des représentations mentales. Avec la psychologie freudienne, cet esprit est à nouveau divisé entre conscient et inconscient puis avec Jung entre inconscient individuel et collectif. Jung a ramené ce qu’il comprenait du bouddhisme et de la méditation à ses propres catégories, il en a fait une voie royale vers l’inconscient avec tous les dangers que cela suppose. C’est pourquoi il recommande au Occidentaux de ne pas se risquer dans la méditation. Cela vient d’un présupposé selon lequel l’accès offert par la méditation serait celui de l’inconscient, alors que ce n’est pas le cas pour le bouddhisme où il n’est jamais question de cela. Certes, des choses sont sous-jacentes à la conscience, c’est ce qu’on appelle les tendances karmiques. Un karma est toute action motivée par le désir de perpétuer le sentiment du moi. Ce moi est illusoire, jamais véritablement constitué, tout le temps à reconstruire ; mais nous lui attribuons une solidité qui serait le noyau fixe de notre individualité. Pour le bouddhisme il n’y a qu’un courant de conscience en transformation perpétuelle. Nos intentions égocentriques produisent des imprégnations karmiques qui laissent une trace dans la conscience. Elles restent sous-jacentes jusqu’à ce que causes et conditions soient réunies pour donner naissance à une situation existentielle nouvelle. C’est un cycle sans fin, mais il n’y a pas l’idée d’un inconscient séparé.
Qu’entend-on par conscience dans le bouddhisme ?
Il y a huit types de conscience selon l’école de « l’esprit seul » (en sanscrit Vijnanavada, Cittamatra ou Yogacara). Cette approche, reprise par le dzogchen, décrit l’esprit à son niveau fonctionnel et relatif, l’esprit conditionné qui tourne à faux, qui ne comprend pas ce qui se produit et l’interprète, créant le sentiment de l’ego et d’un monde extérieur. Cet épiphénomène prend toute la place et masque le fait que sous cet esprit se trouve le non-duel, inconditionné, ouvert : la nature éveillée. D’abord on trouve les cinq consciences actives des sens ; puis la conscience mentale, qui à l’aide de représentations ordonne une conception du monde cohérente. Puis sont définies deux consciences qui rendent compte de la continuité de l’esprit dans les moments où les six consciences actives s’arrêtent, dans le sommeil profond par exemple. Est alors posée l’idée d’une conscience sous-jacente qui ferait le lien entre divers moments de conscience ou même entre plusieurs vies. C’est la conscience « base universelle », alayavijñana. C’est un lieu neutre où se déposent les imprégnations des karmas créés sous l’influence de l’ego. La septième conscience est le mental passionné ou souillé, klistamanas, c’est un aspect de l’esprit qui est en quête d’un support solide et stable. Il prend alors l’alayavijñana, la huitième conscience, pour le moi. C’est le Q.G. de l’ignorance, qui entretient le sentiment du moi par une cogitation constante. Comme tout est fugace, ce mental essaie de reconstruire l’ego en permanence. La septième conscience ne peut plus juger des objets des sens que de manière affective, alors que les consciences des sens sont innocentes en elles-mêmes.
Comment le réaliser ?
Dans la méditation, on va débrancher le mental passionné. En ralentissant l’esprit on peut analyser clairement ce que sont les phénomènes qui nous entourent dans la vision pénétrante. On ralentit le flot des pensées et on ouvre l’espace, ce qui fait le plus peur à l’ego. La méditation est si difficile, on rame et on lutte tant, car le mental passionné ne veut pas lâcher prise. On se focalise sur le contenu des émotions ou des pensées plutôt que les voir comme de simples mouvements dans l’esprit. C’est une différence considérable avec l’Occident, où le terme méditation renvoie à une sorte de rumination de l’esprit sur un thème conceptuel. C’est une mécompréhension quant à la méditation. La peur de la psychologie est la perte du moi. On pense que s’il n’y a plus cette existence du moi, il ne reste plus rien, aucune structure. Mais pour le bouddhisme c’est une erreur car le moi n’est pas notre véritable nature, qui est cet esprit non fabriqué, à la base du mental ordinaire. C’est l’esprit vide et lumineux, c’est-à-dire connaissant ; non-dualiste, il n’entre pas dans la distinction entre sujet et objet.
(à suivre)
Propos recueillis par Nicolas d’Inc
La conscience dans le bardo. Entretien avec Philippe Cornu, 2e partie
Nous poursuivons notre exploration de l’esprit selon le Livre des morts tibétain en compagnie de son traducteur Philippe Cornu, qui publie une nouvelle version du Bardo Thödol chez Buchet-Chastel. Il insiste aujourd’hui sur l’apport crucial de Chögyam Trungpa pour le bouddhisme moderne, en montrant comment les six mondes sont autant de moments de l’existence que traverse l’esprit. Le bardo ne se limite pas à l’après-mort, mais se manifeste selon la tonalité de la conscience au moment présent, colorant l’expérience selon le « scénario de vie » propre à chacun. Ph. Cornu redonne par ailleurs à la notion de bardo son arrière-plan doctrinal, qui date de l’Inde ancienne. Il explique enfin en quoi ce texte et les pratiques associées peuvent aider à surmonter la souffrance, la solidification du vécu douloureux et la perte d’un proche.
Quel est selon vous le meilleur travail à ce jour sur le bardo ?
La meilleure interprétation du Bardo Thödol est celle de Francesca Fremantle, réalisée avec la collaboration de Chögyam Trungpa. Trungpa Rinpoché n’est pas intervenu dans la traduction du texte tibétain, mais il en a fait un commentaire oral qui a été transcrit. Dans son livre, il met à la portée des Occidentaux d’une façon plus pratique et psychologique le contenu du Livre des morts et des bardos, ce qui est une bonne chose car ainsi la tradition n’est pas restée quelque chose d’étranger aux étudiants du bouddhisme.
C’est une histoire très intéressante, car on sait bien que le Bardo Thödol est un livre tibétain, mais on sait moins que l’idée de bardo est une notion ancienne dans le bouddhisme. Elle naît en Inde dans les premiers siècles après la mort du Bouddha. On parle d’antarabhava, l’état intermédiaire (anta, entre et bhava, existence). C’est une période qui commence après le phénomène de la mort et jusqu’à la renaissance, ou plutôt la conception. La question était : comment comprendre la continuité entre une vie et l’autre s’il n’y a pas de soi ? Comment, s’il n’y a aucun élément permanent, se fait la transmission du karma ? C’est à partir de là qu’est née cette idée de poser un antarabhava.
Et qu’est-ce au juste que le bardo ?
Le bardo n’est pas un monde mais un inter-monde, un état de devenir intermédiaire. En fonction des actes de la personne, un karma va mûrir et la projeter dans un scénario particulier d’existence. Par exemple, si on a cultivé la colère, l’agression et la violence toute sa vie, on a créé des imprégnations correspondantes. Cela va créer une projection mentale faite de colère, d’agression et de violence, qu’on va appeler l’enfer. Nous créons nous-même nos propres scénarios, qu’en plus nous devons vivre ! Auteur et acteur du scénario, les six mondes sont six scénarios de vie possibles. Par analogie, le cinéma est très utile pour comprendre le courant de conscience, comme ces images qui se succèdent à une certaine vitesse et créent une impression de continuité. Trungpa a beaucoup utilisé la notion de projecteur : le film est projeté sur l’écran mais la lampe n’est en rien responsable de ce qui est joué, bien qu’elle en soit la source lumineuse. C’est une manière de Trungpa d’expliquer la base primordiale de l’esprit par rapport à l’esprit lui-même qui est une projection. La lampe est la source et non la cause, car causalité comme temporalité n’apparaissent qu’au niveau du film.
Quand Trungpa explique les six mondes ou scénarios d’existence, il montre que nous les avons dans notre vie. Il n’est d’ailleurs pas le premier à le dire ; il y a des gens pour prétendre qu’il a détourné la tradition pour mettre les six mondes à la portée des Occidentaux. Mais il y a déjà eu un maître zen du XVIIe sicèle au Japon qui l’avait présenté ainsi. Un souverain thaï du XIXe siècle, qui avait été moine pendant 25 ans avant de monter sur le trône, avait lui aussi fait cette analogie des six mondes avec des situations d’existence.
Ce que n’arrive pas à entendre l’Occident, c’est que l’un n’exclue pas l’autre. Ce n’est pas parce que ce sont des situations existentielles qui teintent notre vécu à chaque moment, que pour autant ces tonalités dominantes ne se manifestent pas réellement. Et donc, que l’on renaisse dans un scénario avec un environnement et un corps adéquat, car le corps aussi est une production karmique qui vient de l’esprit. Tout est conditionnement par l’esprit, sur une base d’ignorance, de non-compréhension de la vraie nature des choses. Comme on est décalé par rapport à cette source qui est la base primordiale de l’esprit, on interprète tout de travers. C’est ce qui fait mal et c’est pourquoi le samsara est considéré comme étant souffrance, car la souffrance est le résultat d’être décalé par rapport au réel. Ces scénarios sont plus ou moins bons ou mauvais, mais ils ont tous la qualité d’être transitoire.
Que se passe-t-il au moment de la mort ?
A l’origine est la clarté, comme la lampe qui n’est pas impliquée dans le film. C’est comme si nous avions gelé sur place les vagues des phénomènes et vivions sur des banquises où l’eau n’est plus libre. Notre monde est une banquise, une solidification de l’existence. Au moment de la mort, les choses ne sont pas si solides, c’est un moment crucial où les fameux agrégats se désagrègent. Cela ne tient plus. Ce karma est épuisé. Désagrégation physique puis psychique, les concepts sur les choses, les consciences des sens disparaissent, puis la conscience mentale n’a plus d’objet ; reste au bout du compte l’alaya. On découvre la vraie nature de notre esprit, ou plutôt elle se découvre à la fin du processus de la mort, la claire lumière fondamentale de la mort. Le problème est que la vérité est trop éblouissante pour nous. Si on n’a pas déjà eu un aperçu de la claire lumière dans cette vie, on ne va pas la reconnaître mais s’en détourner. Survient alors la vision des déités, qui sont autant d’occasion de libération, car on peut reconnaître qu’elles sont la manifestation de notre esprit. Cela nous ramène à la source, comme on remonte un fleuve. Si malgré tout on n’a pas réussi, les manifestations lumineuses se transforment en réactions karmiques, car le pouvoir du karma mis en sourdine jusque là se réactive. C’est l’entrée dans le bardo du devenir, avec des visions plus ordinaires, semblables à un rêve ou un cauchemar selon les karmas qui se manifestent. Ces hallucinations nous poussent vers une porte de renaissance, la matrice où on va renaître. Il est alors crucial de ne pas aller vers ses habitudes et ses tendances. Car c’est typique, il y a d’un côté les lumières pures et éblouissantes de la sagesse et à côté les lumières ternes, que l’on préfère car elles sont dans nos habitudes. C’est l’erreur que permet d’éviter le chemin spirituel.
Comment ce texte peut-il nous aider dans la vie ?
Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un rituel complet accompagnant toute la période de deuil. Il m’est arrivé de le pratiquer pour un ami mort dans un accident. Je l’ai fait pendant vingt-et-un jours après sa mort, puis au 49e jour, j’ai brûlé la carte qui le représentait par son nom ; c’était vraiment un adieu définitif. Cela permet de faire le deuil de manière exemplaire, car vous êtes en contact avec la personne, plutôt qu’avec votre chagrin et votre perte. Vous avez fait quelque chose pour l’autre sans vous apitoyer sur vous, cela change totalement la donne. Il n’y a plus la culpabilité d’être vivant, car on peut faire du bien à la personne, en pensant vraiment à elle. Il y a un processus thérapeutique, une forme de deuil actif. Cela pour illustrer que ce texte se pratique et peut nous aider de manière concrète. Il faut comprendre que ce cycle aide le mourant à quitter son esprit ordinaire et à se libérer de ses conditionnements. Ces textes sont réellement utilisés au Tibet lorsque les gens meurent, car pour la tradition tibétaine ce qui compte est l’expérience avant tout.
Propos recueillis par Nicolas d’Inca
C’est un honneur de recevoir ce mois-ci dans la rubrique «Psychologie et Méditation» Philippe Cornu, enseignant bouddhiste, tibétologue, auteur de nombreux ouvrages dont l’indispensable Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme (Seuil). Il vient de publier chez Buchet-Chastel le fruit de nombreuses années de travail : la première traduction complète du Bardo Thödol, Le livre des morts tibétain, directement à partir des textes racines en tibétain. Ce cycle d’enseignements appartient à l’école nyingma, initiée par Padmasambhava au VIIIe siècle. La tradition fait remonter à cet illustre fondateur l’inspiration du Bardo Thödol, écrit par le découvreur de trésor (tertön) Karma Lingpa à la fin du XIVe siècle sous le titre de La Grande Libération par l’écoute dans les états intermédiaires. Philippe Cornu éclaire pour nous le sens de cet ouvrage et tisse des liens entre la compréhension de l’esprit en Orient et en Occident.
Votre nouvelle traduction du Livre des morts tibétain se base sur des versions tibétaines plus fiables, et elle donne la perspective véritable de ce texte en lui rendant son arrière-plan doctrinal issu de la tradition dzogchen.
L’idée principale de ce travail était de retraduire directement du tibétain, parce que jusqu’ici le texte traduit de l’anglais n’avait pas un vocabulaire adéquat. Il n’était pas lié au dzogchen alors que le texte est nyingmapa. C’est en combinant les pratiques tantriques et celles du dzogchen que le Bardo Thödol se présente comme une sorte de kit complet pour travailler avec son esprit dans la vie, pour se préparer au moment de la mort et tirer les leçons des expériences post-mortem afin d’en percevoir le côté libérateur. Tout cela ne paraissait pas clair dans les éditions précédentes, c’est pourquoi j’ai voulu donner tous les textes et les expliquer un par un. Il fallait donc repartir du texte proprement dit, corrigé de préférence, ce qui a été possible grâce à Dudjom Rinpoché, qui a fait une édition critique en tibétain où il rétablit la justesse du texte. Il fallait ensuite replacer le livre dans sa tradition. Sinon, c’est un texte qui flotte dans une aura de fantastique qui prête le flanc à toutes les projections fantasmatiques de l’Occident. Les exposés sur la nature de l’esprit font pourtant partie du noyau du Bardo Thödol, et sans eux on se retrouve avec des textes descriptifs et spectaculaires qui nous parlent de visions, de déités, etc. Cela paraît exotique voire psychédélique, ce qui a donné lieu aux délires de Timothy Leary sur l’usage du Livre des morts lors des voyages au LSD, alors que cela n’a rien à voir. Cela fausse la compréhension, parce que LSD ou pas, tant que les visions sont vues sous l’angle dualiste, elles ne sont pas libératrices et ne ramènent pas à la vraie nature de l’esprit.
Vous expliquez aussi comment Jung n’a pas compris l’Orient et en particulier ce texte ?
Ce qui est intéressant est de voir pourquoi Jung n’a pas compris la méditation à partir des catégories occidentales. La psychologie, et Jung avec elle, dépend de la pensée philosophique de Descartes, selon laquelle l’esprit est une substance pensante et non une substance étendue. Cela circonscrit l’esprit comme un espace clôt, avec des objets intérieurs à cet esprit, des représentations mentales. Avec la psychologie freudienne, cet esprit est à nouveau divisé entre conscient et inconscient puis avec Jung entre inconscient individuel et collectif. Jung a ramené ce qu’il comprenait du bouddhisme et de la méditation à ses propres catégories, il en a fait une voie royale vers l’inconscient avec tous les dangers que cela suppose. C’est pourquoi il recommande au Occidentaux de ne pas se risquer dans la méditation. Cela vient d’un présupposé selon lequel l’accès offert par la méditation serait celui de l’inconscient, alors que ce n’est pas le cas pour le bouddhisme où il n’est jamais question de cela. Certes, des choses sont sous-jacentes à la conscience, c’est ce qu’on appelle les tendances karmiques. Un karma est toute action motivée par le désir de perpétuer le sentiment du moi. Ce moi est illusoire, jamais véritablement constitué, tout le temps à reconstruire ; mais nous lui attribuons une solidité qui serait le noyau fixe de notre individualité. Pour le bouddhisme il n’y a qu’un courant de conscience en transformation perpétuelle. Nos intentions égocentriques produisent des imprégnations karmiques qui laissent une trace dans la conscience. Elles restent sous-jacentes jusqu’à ce que causes et conditions soient réunies pour donner naissance à une situation existentielle nouvelle. C’est un cycle sans fin, mais il n’y a pas l’idée d’un inconscient séparé.
Qu’entend-on par conscience dans le bouddhisme ?
Il y a huit types de conscience selon l’école de « l’esprit seul » (en sanscrit Vijnanavada, Cittamatra ou Yogacara). Cette approche, reprise par le dzogchen, décrit l’esprit à son niveau fonctionnel et relatif, l’esprit conditionné qui tourne à faux, qui ne comprend pas ce qui se produit et l’interprète, créant le sentiment de l’ego et d’un monde extérieur. Cet épiphénomène prend toute la place et masque le fait que sous cet esprit se trouve le non-duel, inconditionné, ouvert : la nature éveillée. D’abord on trouve les cinq consciences actives des sens ; puis la conscience mentale, qui à l’aide de représentations ordonne une conception du monde cohérente. Puis sont définies deux consciences qui rendent compte de la continuité de l’esprit dans les moments où les six consciences actives s’arrêtent, dans le sommeil profond par exemple. Est alors posée l’idée d’une conscience sous-jacente qui ferait le lien entre divers moments de conscience ou même entre plusieurs vies. C’est la conscience « base universelle », alayavijñana. C’est un lieu neutre où se déposent les imprégnations des karmas créés sous l’influence de l’ego. La septième conscience est le mental passionné ou souillé, klistamanas, c’est un aspect de l’esprit qui est en quête d’un support solide et stable. Il prend alors l’alayavijñana, la huitième conscience, pour le moi. C’est le Q.G. de l’ignorance, qui entretient le sentiment du moi par une cogitation constante. Comme tout est fugace, ce mental essaie de reconstruire l’ego en permanence. La septième conscience ne peut plus juger des objets des sens que de manière affective, alors que les consciences des sens sont innocentes en elles-mêmes.
Comment le réaliser ?
Dans la méditation, on va débrancher le mental passionné. En ralentissant l’esprit on peut analyser clairement ce que sont les phénomènes qui nous entourent dans la vision pénétrante. On ralentit le flot des pensées et on ouvre l’espace, ce qui fait le plus peur à l’ego. La méditation est si difficile, on rame et on lutte tant, car le mental passionné ne veut pas lâcher prise. On se focalise sur le contenu des émotions ou des pensées plutôt que les voir comme de simples mouvements dans l’esprit. C’est une différence considérable avec l’Occident, où le terme méditation renvoie à une sorte de rumination de l’esprit sur un thème conceptuel. C’est une mécompréhension quant à la méditation. La peur de la psychologie est la perte du moi. On pense que s’il n’y a plus cette existence du moi, il ne reste plus rien, aucune structure. Mais pour le bouddhisme c’est une erreur car le moi n’est pas notre véritable nature, qui est cet esprit non fabriqué, à la base du mental ordinaire. C’est l’esprit vide et lumineux, c’est-à-dire connaissant ; non-dualiste, il n’entre pas dans la distinction entre sujet et objet.
(à suivre)
Propos recueillis par Nicolas d’Inc
La conscience dans le bardo. Entretien avec Philippe Cornu, 2e partie
Nous poursuivons notre exploration de l’esprit selon le Livre des morts tibétain en compagnie de son traducteur Philippe Cornu, qui publie une nouvelle version du Bardo Thödol chez Buchet-Chastel. Il insiste aujourd’hui sur l’apport crucial de Chögyam Trungpa pour le bouddhisme moderne, en montrant comment les six mondes sont autant de moments de l’existence que traverse l’esprit. Le bardo ne se limite pas à l’après-mort, mais se manifeste selon la tonalité de la conscience au moment présent, colorant l’expérience selon le « scénario de vie » propre à chacun. Ph. Cornu redonne par ailleurs à la notion de bardo son arrière-plan doctrinal, qui date de l’Inde ancienne. Il explique enfin en quoi ce texte et les pratiques associées peuvent aider à surmonter la souffrance, la solidification du vécu douloureux et la perte d’un proche.
Quel est selon vous le meilleur travail à ce jour sur le bardo ?
La meilleure interprétation du Bardo Thödol est celle de Francesca Fremantle, réalisée avec la collaboration de Chögyam Trungpa. Trungpa Rinpoché n’est pas intervenu dans la traduction du texte tibétain, mais il en a fait un commentaire oral qui a été transcrit. Dans son livre, il met à la portée des Occidentaux d’une façon plus pratique et psychologique le contenu du Livre des morts et des bardos, ce qui est une bonne chose car ainsi la tradition n’est pas restée quelque chose d’étranger aux étudiants du bouddhisme.
C’est une histoire très intéressante, car on sait bien que le Bardo Thödol est un livre tibétain, mais on sait moins que l’idée de bardo est une notion ancienne dans le bouddhisme. Elle naît en Inde dans les premiers siècles après la mort du Bouddha. On parle d’antarabhava, l’état intermédiaire (anta, entre et bhava, existence). C’est une période qui commence après le phénomène de la mort et jusqu’à la renaissance, ou plutôt la conception. La question était : comment comprendre la continuité entre une vie et l’autre s’il n’y a pas de soi ? Comment, s’il n’y a aucun élément permanent, se fait la transmission du karma ? C’est à partir de là qu’est née cette idée de poser un antarabhava.
Et qu’est-ce au juste que le bardo ?
Le bardo n’est pas un monde mais un inter-monde, un état de devenir intermédiaire. En fonction des actes de la personne, un karma va mûrir et la projeter dans un scénario particulier d’existence. Par exemple, si on a cultivé la colère, l’agression et la violence toute sa vie, on a créé des imprégnations correspondantes. Cela va créer une projection mentale faite de colère, d’agression et de violence, qu’on va appeler l’enfer. Nous créons nous-même nos propres scénarios, qu’en plus nous devons vivre ! Auteur et acteur du scénario, les six mondes sont six scénarios de vie possibles. Par analogie, le cinéma est très utile pour comprendre le courant de conscience, comme ces images qui se succèdent à une certaine vitesse et créent une impression de continuité. Trungpa a beaucoup utilisé la notion de projecteur : le film est projeté sur l’écran mais la lampe n’est en rien responsable de ce qui est joué, bien qu’elle en soit la source lumineuse. C’est une manière de Trungpa d’expliquer la base primordiale de l’esprit par rapport à l’esprit lui-même qui est une projection. La lampe est la source et non la cause, car causalité comme temporalité n’apparaissent qu’au niveau du film.
Quand Trungpa explique les six mondes ou scénarios d’existence, il montre que nous les avons dans notre vie. Il n’est d’ailleurs pas le premier à le dire ; il y a des gens pour prétendre qu’il a détourné la tradition pour mettre les six mondes à la portée des Occidentaux. Mais il y a déjà eu un maître zen du XVIIe sicèle au Japon qui l’avait présenté ainsi. Un souverain thaï du XIXe siècle, qui avait été moine pendant 25 ans avant de monter sur le trône, avait lui aussi fait cette analogie des six mondes avec des situations d’existence.
Ce que n’arrive pas à entendre l’Occident, c’est que l’un n’exclue pas l’autre. Ce n’est pas parce que ce sont des situations existentielles qui teintent notre vécu à chaque moment, que pour autant ces tonalités dominantes ne se manifestent pas réellement. Et donc, que l’on renaisse dans un scénario avec un environnement et un corps adéquat, car le corps aussi est une production karmique qui vient de l’esprit. Tout est conditionnement par l’esprit, sur une base d’ignorance, de non-compréhension de la vraie nature des choses. Comme on est décalé par rapport à cette source qui est la base primordiale de l’esprit, on interprète tout de travers. C’est ce qui fait mal et c’est pourquoi le samsara est considéré comme étant souffrance, car la souffrance est le résultat d’être décalé par rapport au réel. Ces scénarios sont plus ou moins bons ou mauvais, mais ils ont tous la qualité d’être transitoire.
Que se passe-t-il au moment de la mort ?
A l’origine est la clarté, comme la lampe qui n’est pas impliquée dans le film. C’est comme si nous avions gelé sur place les vagues des phénomènes et vivions sur des banquises où l’eau n’est plus libre. Notre monde est une banquise, une solidification de l’existence. Au moment de la mort, les choses ne sont pas si solides, c’est un moment crucial où les fameux agrégats se désagrègent. Cela ne tient plus. Ce karma est épuisé. Désagrégation physique puis psychique, les concepts sur les choses, les consciences des sens disparaissent, puis la conscience mentale n’a plus d’objet ; reste au bout du compte l’alaya. On découvre la vraie nature de notre esprit, ou plutôt elle se découvre à la fin du processus de la mort, la claire lumière fondamentale de la mort. Le problème est que la vérité est trop éblouissante pour nous. Si on n’a pas déjà eu un aperçu de la claire lumière dans cette vie, on ne va pas la reconnaître mais s’en détourner. Survient alors la vision des déités, qui sont autant d’occasion de libération, car on peut reconnaître qu’elles sont la manifestation de notre esprit. Cela nous ramène à la source, comme on remonte un fleuve. Si malgré tout on n’a pas réussi, les manifestations lumineuses se transforment en réactions karmiques, car le pouvoir du karma mis en sourdine jusque là se réactive. C’est l’entrée dans le bardo du devenir, avec des visions plus ordinaires, semblables à un rêve ou un cauchemar selon les karmas qui se manifestent. Ces hallucinations nous poussent vers une porte de renaissance, la matrice où on va renaître. Il est alors crucial de ne pas aller vers ses habitudes et ses tendances. Car c’est typique, il y a d’un côté les lumières pures et éblouissantes de la sagesse et à côté les lumières ternes, que l’on préfère car elles sont dans nos habitudes. C’est l’erreur que permet d’éviter le chemin spirituel.
Comment ce texte peut-il nous aider dans la vie ?
Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un rituel complet accompagnant toute la période de deuil. Il m’est arrivé de le pratiquer pour un ami mort dans un accident. Je l’ai fait pendant vingt-et-un jours après sa mort, puis au 49e jour, j’ai brûlé la carte qui le représentait par son nom ; c’était vraiment un adieu définitif. Cela permet de faire le deuil de manière exemplaire, car vous êtes en contact avec la personne, plutôt qu’avec votre chagrin et votre perte. Vous avez fait quelque chose pour l’autre sans vous apitoyer sur vous, cela change totalement la donne. Il n’y a plus la culpabilité d’être vivant, car on peut faire du bien à la personne, en pensant vraiment à elle. Il y a un processus thérapeutique, une forme de deuil actif. Cela pour illustrer que ce texte se pratique et peut nous aider de manière concrète. Il faut comprendre que ce cycle aide le mourant à quitter son esprit ordinaire et à se libérer de ses conditionnements. Ces textes sont réellement utilisés au Tibet lorsque les gens meurent, car pour la tradition tibétaine ce qui compte est l’expérience avant tout.
Propos recueillis par Nicolas d’Inca
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