Une femme tibétaine: Kunsang Lhamo

A quelques jours de la commémoration du 50e anniversaire du soulèvement des Tibétains contre Pékin, Kunsang Lhamon, jeune tibétaine de 31 ans, est une des chevilles ouvrières de la marche organisée mardi 10 mars, à Montparnasse *.

Son actu : Kunsang Lhamo passe ses nuits à coller des affiches sur les murs de Paris pour préparer la manifestation du 10 mars. Son mot d’ordre ? « 50 ans d’occupation, ça suffit ! » Le hic : cette année, le plus difficile pour elle et son équipe réduite a été de mobiliser la presse. « Les journalistes oublient le Tibet quand on ne parle plus de la Chine », regrette-t-elle. Difficile aussi de gérer les moindres rouages de l’organisation de la marche, comme la mise en place d’un service d’ordre efficace. « Ces manifestations provoquent toujours beaucoup d’émotion dans la communauté tibétaine, explique-t-elle. On doit faire attention aux débordements… et aux provocations des Chinois. »

Son histoire : Née en 1977 à Dharamsala, en Inde, ses parents réfugiés tibétains ont quitté leur pays en 1959 avec leurs propres parents. « Même s’ils nous parlaient peu de cette fuite qui reste pour eux une grande blessure, le Tibet a toujours été très présent dans notre vie quotidienne. » D’où, sans doute, cet attachement à un pays qu’elle ne connaît pourtant pas, comme beaucoup de jeunes Tibétains exilés. En 2000, elle vient à Paris pour y suivre des études de stylisme.

Son engagement : Dès 1987, à l’âge de 10 ans, elle assiste à la première commémoration du soulèvement du Tibet, avec ses parents, à Dharamsala. Une fois à Paris, la jeune fille rejoint la communauté tibétaine de France. En 2008, elle manifeste lors du passage de la flamme olympique à Paris avec Students for a Free Tibet. Aujourd’hui, elle se réjouit que les associations se politisent davantage. « Avant les Jeux olympiques de Pékin, notre communauté était moins mobilisée.»

Son combat : Kunsang préfère l’image d’une jeunesse qui se bat et que plus rien n’arrêtera. Elle affiche une vénération sans faille pour le dalaï-lama. Mais ne cache pas ses revendications pour un Tibet « indépendant » et pas seulement « autonome » au sein de la Chine, comme le leader spirituel l’appelle de ses vœux. Kunsang fait partie de cette génération plus radicale, qui peut dire dans un souffle : « On est obligé de penser à l’après-dalaï-lama. » Et qui veut avoir un rôle de plus en plus actif : « On sait que les exactions continuent au Tibet. C’est mon rôle d’exilée d’être la voix de ceux qui ne peuvent pas parler. »

* Plus d’infos sur le web : www.tibetan.fr

Elle est courageuse.