L'Arbre des Refuges: Une Philosophie Non Confessionnelle

La seule façon d’apporter la paix au monde est d’apprendre soi-même à vivre en paix.( Bouddha « l’Éveillé » 623-543 av. J.-C )


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    La compassion

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    Message par Invité Lun 13 Juin 2011, 13:33

    La compassion et l’individu


    La publication en français de ce texte du Dalaï-Lama a été rendue possible grâce au Comité Suisse de Soutien au Peuple Tibétain (case postale 2204, 1211 Genève 2), et à la collaboration de Claude B. Levenson, de l’imprimerie Fleury IPH & Cie à Yverdon et des Editions Olizane à Genève.


    Par Sa Sainteté le Dalaï Lama
    Le but de la vie
    Une grande question sous-tend notre expérience, que nous y songions sciemment ou non : Quel est le sens de la vie ? J’y ai réfléchi, et j’aimerais partager mes pensées dans l’espoir qu’elles puissent apporter une aide directe et pratique à ceux qui les liront.
    Je crois que le but de la vie est d’être heureux. Dès la naissance, tout être humain aspire au bonheur et ne veut pas souffrir. Ni les conditions sociales ni l’éducation ni l’idéologie n’affectent cette aspiration. Du plus profond de notre être, nous voulons simplement être contents. Je ne sais si l’univers avec ses innombrables galaxies, étoiles et planètes a ou non un sens plus profond, mais au moins, il est évident que nous autres, humains qui vivons sur cette terre, nous avons pour tâche de nous faire une vie heureuse. C’est pourquoi il est important de découvrir ce qui nous apportera le bonheur à son degré le plus haut.
    Obtenir le bonheur
    D’entrée de jeu, il est possible de diviser tous les genres de bonheur et de souffrance en deux grandes catégories : mentale et physique. Des deux, c’est l’esprit qui exerce la plus grande influence sur la plupart d’entre nous. A moins d’être gravement malade ou privé du nécessaire, notre condition physique joue un rôle secondaire dans la vie. Si le corps est content, pratiquement nous l’ignorons. L’esprit cependant enregistre le moindre événement, aussi infime soit-il. Nous devons donc consacrer nos efforts les plus sérieux à instaurer une paix mentale.
    Bien que limitée, ma propre expérience m’a montré que le plus haut degré de tranquillité intérieure venait du développement de l’amour et de la compassion.
    Plus nous nous soucions du bonheur des autres, plus notre propre bien-être s’accroît. Cultiver un sentiment de cordialité et de proximité chaleureuse envers les autres met automatiquement l’esprit à l’aise. Cela aide à dissiper les craintes ou l’insécurité que nous pourrions nourrir, tout en nous donnant la force de faire face aux obstacles que nous rencontrons. C’est la source ultime de la réussite de la vie.
    Aussi longtemps que nous vivons dans ce monde, nous sommes voués à rencontrer des problèmes. Si, dans ces moments, nous perdons espoir et nous nous décourageons, nous amoindrissons notre capacité à affronter les difficultés. D’autre part, si nous nous souvenons que ce n’est pas seulement nous, mais tout un chacun qui doit passer par la souffrance, cette perspective plus réaliste confortera notre détermination et notre capacité à surmonter les ennuis. En fait, en adoptant cette attitude, tout nouvel obstacle peut être considéré comme une bonne occasion d’améliorer notre état d’esprit !
    Ainsi, nous pouvons graduellement tendre à davantage de compassion, ce qui veut dire développer à la fois une authentique sympathie à l’égard des souffrances d’autrui et la volonté de les aider à s’en défaire. Il en résultera un accroissement de notre propre sérénité et de notre force intérieure.
    Notre besoin d’amour
    Finalement, l’amour et la compassion apportent le bonheur le plus grand simplement parce que notre nature y tient par-dessus tout. Le besoin d’amour est la pierre angulaire de l’existence humaine. Il résulte de la profonde interdépendance que nous partageons tous les uns avec les autres. Aussi capable et plein de ressources soit-il, laissé seul, aucun individu ne peut survivre. Aussi vigoureux et indépendant puisse-t-on se sentir durant les périodes les plus florissantes de la vie, quand on est malade, ou très jeune ou très vieux, on dépend forcément du soutien des autres.
    A l’évidence, l’interdépendance est une loi fondamentale de la nature. Il ne s’agit pas seulement des formes de vie les plus évoluées, mais même les insectes les plus petits sont des êtres sociaux qui, sans la moindre religion, loi ou éducation, survivent grâce à une coopération mutuelle fondée sur une reconnaissance innée de leur interrelation. Le niveau le plus subtil des phénomènes matériels est lui aussi régi par l’interdépendance. Tous les phénomènes, de la planète où nous habitons jusqu’aux océans, aux nuages, aux forêts et aux fleurs qui nous entourent, surviennent dans la dépendance de modèles subtils d’énergie. Sans leur interaction propre, ils se dissolvent et s’altèrent.
    C’est parce que notre propre existence humaine dépend tellement de l’aide des autres que notre besoin d’amour est le fondement même de notre existence. En conséquence, un authentique sens de responsabilité et le souci sincère du bien-être des autres nous sont nécessaires.
    Considérons ce que nous sommes réellement, nous autres êtres humains. Nous ne sommes pas comme des objets faits par des machines. Si nous n’étions que de simples entités mécaniques, des machines pourraient alléger toutes nos souffrances et subvenir à nos besoins. Cependant, comme nous ne sommes pas uniquement des créatures matérielles, il est faux de placer tous nos espoirs de bonheur dans le seul développement extérieur. Il vaut beaucoup mieux prendre en considération nos origines et notre nature pour découvrir ce dont nous avons besoin.
    Laissant de côté la question complexe de la création et de l’évolution de notre univers, nous pouvons au moins convenir que chacun d’entre nous est le produit de ses propres parents. En général, notre conception a eu lieu non pas simplement dans le contexte du désir sexuel, mais aussi de la décision de nos parents d’avoir un enfant. Pareille décision se fonde sur la responsabilité et l’altruisme, soit l’engagement de nos parents de soigner leur enfant jusqu’à ce qu’il soit capable de prendre lui-même soin de lui. Ainsi, dès l’instant où nous avons été conçus, l’amour de nos parents est directement impliqué dans notre création.
    Plus encore, nous sommes entièrement dépendants des soins de notre mère dès les premiers moments de notre croissance. A en croire certains scientifiques, l’état d’esprit calme ou agité d’une femme enceinte aurait un effet physique direct sur l’enfant qu’elle porte.
    L’expression de l’amour est également très importante au moment de la naissance. Dans la mesure où la première chose que nous faisons, c’est téter le lait du sein maternel, nous nous sentons naturellement plus proche de notre mère, et elle aussi doit ressentir de l’amour pour nous afin de nous nourrir comme il faut ; qu’elle soit en colère ou mécontente, son lait peut ne pas s’écouler librement.
    Il y a ensuite la période critique du développement du cerveau, à partir de la naissance jusqu’à environ trois-quatre ans, durant laquelle un contact physique affectueux est le facteur primordial de la croissance normale d’un enfant.
    Si l’enfant n’est pas choyé, câliné ou aimé, son développement sera amoindri et son cerveau ne mûrira pas comme il faut.
    Puisque l’enfant ne peut survivre sans les soins des autres, l’amour est la nourriture la plus importante.
    Aujourd’hui, nombre d’enfants grandissent dans des foyers malheureux. S’ils ne reçoivent pas d’affection, plus tard dans la vie, ils aimeront rarement leurs parents et souvent ils trouveront difficile d’aimer les autres. C’est fort triste.
    Quand les enfants deviennent plus âgés et entrent à l’école, leur besoin d’aide doit être comblé par leurs enseignants. Si un professeur ne se contente pas uniquement d’enseigner des sujets académiques, s’il assume également la responsabilité de préparer ses étudiants à la vie, ses élèves éprouveront respect et confiance, et ce qu’ils auront appris laissera une impression indélébile dans leur esprit. En revanche, des matières enseignées par quelqu’un ne se préoccupant guère du bien-être général de ses étudiants seront considérées comme passagères et rapidement oubliées.
    De la même manière, quand un malade est traité à l’hôpital par un médecin qui manifeste de la chaleur humaine, il se sent à l’aise, et le désir du médecin de prodiguer les meilleurs soins a lui-même un effet curatif, indépendamment de ses qualités techniques. Au contraire, quand un médecin manque de chaleur humaine et affiche une expression inamicale, impatiente ou dédaigneuse, le malade se sent anxieux même s’il s’agit du médecin le plus réputé, même si le diagnostic a été correctement posé et si les médicaments les plus efficaces lui ont été prescrits. Inévitablement, l’attitude du patient fait la différence pour ce qui est de la qualité et de l’ampleur de sa guérison.
    Engagés dans une conversation courante de la vie de tous les jours, quand l’interlocuteur parle avec chaleur, nous écoutons avec plaisir et nous répondons de la même manière, si bien que la conversation devient intéressante en dépit de sa banalité. A l’inverse, si quelqu’un parle avec froideur ou rudesse, nous nous sentons mal à l’aise et souhaitons en finir rapidement. De l’événement le plus petit au plus important, l’affection et le respect des autres sont vitaux pour notre bien-être.
    Récemment, j’ai rencontré un groupe de scientifiques américains qui disaient que le pourcentage de maladies mentales était plutôt élevé dans leur pays – environ 12 pour cent de la population. De la discussion, il est clairement ressorti que la cause principale de la dépression n’était pas le manque de biens matériels, mais la privation de l’affection des autres.
    Ainsi, comme vous pouvez le constater de tout ce que j’ai écrit jusqu’ici, une chose me paraît évidente : que nous en soyons conscients ou non, du jour où nous sommes nés, nous avons dans le sang le besoin d’affection humaine. Même si cette affection vient d’un animal ou de quelqu’un que nous considérions normalement comme un ennemi, elle attirera naturellement enfants et adultes.
    Je crois que nul n’est né sans ce besoin d’amour. Et quand bien même certaines écoles modernes de pensée s’efforcent de le faire, cela démontre que les êtres humains ne peuvent être définis uniquement physiquement. Nul objet matériel, aussi beau et précieux soit-il, ne peut nous faire sentir aimé, parce que notre identité profonde et notre vrai caractère s’enracinent dans la nature subjective de l’esprit.
    Développer la compassion
    Quelques-uns de mes amis m’ont dit que l’amour et la compassion, c’était bien beau, mais que ça n’avait pas tellement cours. Notre monde, disent-ils, n’est pas un lieu où pareilles convictions ont beaucoup d’influence ou de pouvoir. Ils affirment que la colère et la haine font tellement partie de la nature humaine qu’elles domineront à jamais l’humanité. Je ne suis pas d’accord.
    Nous autres êtres humains, nous existons sous notre forme actuelle depuis environ une centaine de milliers d’années.
    Je crois que si durant tout ce temps, l’esprit humain avait été fondamentalement sous l’emprise de la colère et de la haine, la population globale aurait diminué. Aujourd’hui pourtant, malgré toutes les guerres, force est de constater que la population humaine est plus nombreuse que jamais. A mon avis, cela prouve clairement que l’amour et la compassion prédominent dans le monde. C’est aussi pourquoi les événements désagréables font la « une » de l’actualité : les activités compatissantes font tellement partie de la vie quotidienne qu’elles sont considérées comme allant de soi, et par conséquent, largement ignorées.
    Jusqu’ici, j’ai essentiellement parlé des avantages mentaux de la compassion, mais elle contribue également à la santé physique. Selon ma propre expérience, la stabilité mentale et le bien-être physique sont directement liés. Nul doute que la colère et l’agitation nous rendent plus vulnérables à la maladie. Par ailleurs, si l’esprit est tranquille et occupé à des pensées positives, le corps offrira moins facilement prise à la maladie.
    Au demeurant, il est aussi vrai que nous avons tous un égoïsme inné qui inhibe notre amour pour les autres. Donc, comment développer cet esprit calme qui seul apporte le vrai bonheur auquel nous aspirons, ainsi que cette attitude compatissante qui seule donne la paix de l’esprit ? A l’évidence, il ne suffit pas de penser combien la compassion est jolie. Nous avons à accomplir un effort concerté pour la développer ; nous devons utiliser tous les événements de notre vie quotidienne afin de transformer nos pensées et notre conduite.
    Avant tout, nous devons clairement savoir ce que nous entendons par compassion. Certaines formes de compassion sont mêlées de désir et d’attachement. Par exemple, l’amour des parents pour leur enfant est souvent fortement associé à leurs propres besoins émotionnels, si bien qu’il n’est pas pleinement compatissant. De même, dans le mariage, l’amour entre mari et femme – surtout au début, quand chacun des partenaires ne connaît peut-être pas en profondeur le caractère de l’autre, dépend davantage de l’attachement que d’un amour véritable. Notre désir peut être si fort que la personne à qui nous sommes attachés paraît être bonne, alors qu’en fait, il ou elle est très négatif. De plus, nous avons tendance à exagérer les menues qualités positives. Ainsi, quand l’attitude d’un partenaire change, l’autre est souvent désemparé, et son attitude change aussi. C’est là un signe que l’amour avait pour motif davantage un besoin personnel qu’un authentique souci de l’autre.
    La véritable compassion n’est pas simplement une réponse émotionnelle, c’est un engagement ferme, fondé sur la raison. En conséquence, une attitude authentiquement compatissante envers les autres ne change pas même si les autres se comportent de façon négative.
    Bien sûr, développer cette sorte de compassion n’est pas du tout facile ! Pour commencer, examinons les faits suivants :
    Qu’ils soient beaux et gentils, ou laids et inamicaux, les autres sont finalement des êtres humains comme nous. Comme nous, ils aspirent au bonheur et ne veulent pas souffrir. Plus encore, leur droit à maîtriser la souffrance et à être heureux est égal au nôtre. Lorsque vous admettez que tous les êtres sont égaux tant dans leur désir de bonheur que dans le droit de l’obtenir, automatiquement, vous ressentez cette empathie et vous vous sentez plus proche d’eux. En accoutumant votre esprit à ce sens de l’altruisme universel, vous cultivez un sentiment de responsabilité envers les autres : le désir de les aider activement à surmonter les problèmes. Ce souhait-là n’est pas sélectif, il s’applique à égalité à tous. Aussi longtemps qu’il y aura des êtres humains faisant la même expérience que vous du plaisir et de la douleur, il ne saurait y avoir de base logique établissant des différences entre eux ni modifiant votre sollicitude à leur égard, quand bien même leur attitude est négative.
    Laissez-moi souligner que vous en avez le pouvoir : avec de la patience et du temps, vous pouvez développer cette sorte-là de compassion. Bien entendu, notre égoïsme et notre attachement distinctif au sentiment d’un « moi » indépendant, existant de par lui-même, s’activent fondamentalement à inhiber notre compassion. En fait, la véritable compassion ne devient expérience qu’au moment où cette façon d’appréhender le soi est éliminée. Mais cela ne veut pas dire que nous ne puissions pas commencer et progresser dès maintenant.
    Comment commencer ?
    Nous devrions commencer par écarter les plus grandes entraves à la compassion que sont la colère et la haine. Comme nous le savons tous, ce sont là des émotions extrêmement puissantes qui peuvent entièrement submerger notre esprit. Il n’empêche qu’elles peuvent être contrôlées. Si pourtant elles ne le sont pas, ces émotions négatives nous harcèleront sans le moindre effort de leur part, tout en freinant notre recherche de la sérénité d’un esprit aimant.
    Or donc, pour commencer, il est utile de se demander si oui ou non, la colère a une valeur quelconque. Parfois, alors que nous sommes découragés face à une situation difficile, la colère peut sembler utile en paraissant apporter davantage d’énergie, de confiance et de détermination.
    Mais là, il faut soigneusement examiner notre état d’esprit. S’il est vrai que la colère est porteuse d’une certaine énergie, à l’examen de la nature de celle-ci, nous découvrirons qu’elle est aveugle : nous ne pouvons être sûrs de son résultat, positif ou négatif. Cela parce que la colère éclipse la meilleure part de notre cerveau, sa rationalité. Par conséquent, l’énergie de la colère est, la plupart du temps, sujette à caution. Elle peut induire une conduite immensément destructrice et malheureuse. De surcroît, si la colère est poussée à l’extrême, on peut en devenir comme fou et agir de manière préjudiciable autant pour soi que pour les autres.
    Il est cependant possible de développer une énergie tout aussi forte, mais beaucoup mieux contrôlée, avec laquelle affronter les situations difficiles.
    Cette énergie contrôlée vient non seulement d’une attitude compatissante, mais également de la raison et de la patience. Ce sont là des antidotes les plus puissants de la colère. Malheureusement, nombre de gens méjugent ces qualités qu’ils considèrent comme des signes de faiblesse. Je tiens le contraire pour vrai : ils sont les signes véritables de la force intérieure. De par sa nature, la compassion est aimable, paisible et douce, mais elle aussi très puissante. Ce sont ceux qui perdent aisément patience qui sont incertains et instables. C’est pourquoi, à mes yeux, une flambée de colère est un signe direct de cette faiblesse.
    Ainsi, quand un problème se pose, essayez de rester humble et de garder une attitude sincère, prenez soin que la solution en soit juste. Sans doute d’autres peuvent-ils tenter d’en tirer avantage. Si votre attitude détachée ne fait qu’encourager une agression injuste, adoptez une position ferme. Faites-le néanmoins avec compassion, et s’il s’avère nécessaire d’exprimer votre point de vue et de prendre de sévères contre-mesures, faites-le sans colère ni mauvais dessein.
    Vous devez réaliser que même si vos adversaires semblent vous nuire, en dernier ressort, leur activité destructrice se retournera contre eux. Afin de brider votre propre impulsion égoïste à des représailles, vous devez vous rappeler votre souhait de pratiquer la compassion et d’assumer la responsabilité d’aider autrui à prévenir la souffrance causée par ses propres actes.
    Ainsi, parce que calmement choisies, les mesures que vous employez seront plus efficaces, plus adéquates et plus puissantes. Des représailles étayées par l’énergie aveugle de la colère atteignent rarement leur but.
    Amis et ennemis
    Je tiens à souligner une fois encore que simplement se dire que la compassion, la raison et la patience sont bonnes ne suffira pas à les développer. Nous devons saisir l’occasion des premières difficultés pour tenter de les pratiquer.
    Qui donc crée de telles occasions ? Pas nos amis, bien entendu, mais nos « ennemis ». Ce sont ceux qui nous posent le plus de problèmes. Si bien que si nous voulons vraiment apprendre, nous devons considérer les ennemis comme les meilleurs maîtres !
    Pour qui estime hautement la compassion et l’amour, la pratique de la tolérance est essentielle, et pour cela, un ennemi est indispensable. Nous devons donc être reconnaissants à nos ennemis, car ce sont eux qui nous aident le mieux à développer un esprit serein ! La colère et la haine sont nos vrais ennemis. Ce sont ces forces-là que nous devons le plus affronter et défaire, pas les « ennemis » passagers qui font par intermittence leur apparition dans la vie.
    Bien sûr, il est naturel et juste de tous vouloir avoir des amis : il m’arrive souvent de plaisanter en disant que si l’on veut vraiment être égoïste, il faut être altruiste ! Vous devez beaucoup vous soucier des autres, être concerné par leur bien-être, les aider, les servir, vous faire encore plus d’amis et faire fleurir davantage de sourires. Le résultat ? Quand vous-même aurez besoin d’aide, vous en trouverez en veux-tu en voilà ! Par ailleurs, si vous négligez le bonheur des autres, à long terme, vous serez perdant. Est-ce que l’amitié naît de querelles et de colère, de jalousie et de compétition effrénée ? Je ne le crois pas. Seule l’affection nous apporte de vrais amis proches.
    Dans la société matérialiste d’aujourd’hui, si vous avez de l’argent et du pouvoir, vous semblez avoir beaucoup d’amis. Mais ce ne sont pas vos amis, ce sont les amis de votre argent et du pouvoir. Si vous perdez richesse et influence, vous aurez bien du mal à retrouver ces gens-là.
    L’ennui, c’est que tant que les choses vont bien pour nous, nous sommes sûrs que nous pouvons nous en tirer tout seul, et nous avons l’impression de ne pas avoir besoin d’amis. Cependant, à mesure que notre situation et notre santé déclinent, nous ne tardons guère à réaliser combien nous avions tort. C’est là que nous voyons qui nous aide réellement et qui est complètement inutile. C’est dire que pour se préparer à ce moment-là, pour se faire de vrais amis qui nous aideront quand le besoin s’en fera sentir, nous devons nous-mêmes cultiver l’altruisme.
    Même si parfois d’aucuns brocardent quand je dis cela, en ce qui me concerne, je veux toujours davantage d’amis. J’aime les sourires. Et mon problème, c’est de savoir comment me faire plus d’amis, de voir davantage de sourires – surtout de vrais sourires, car il y a plusieurs sortes de sourires – sarcastiques, artificiels ou diplomatiques, par exemple. Certains sourires n’éveillent aucune satisfaction, et parfois, il en est même qui engendrent la suspicion ou la peur, n’est-ce pas ?
    Toujours est-il qu’un sourire authentique nous donne un vrai sentiment de fraîcheur, et je crois qu’il n’appartient qu’à l’être humain. Et si nous voulons ces sourires-là, nous devons nous-mêmes créer les raisons qui les font apparaître.
    La compassion et le monde
    Pour conclure, j’aimerais aller un peu au-delà du sujet de ce bref exposé et souligner un point capital : le bonheur de chacun peut contribuer de manière à la fois profonde et efficace à une amélioration générale de la communauté humaine toute entière.
    Du fait que nous partageons tous un identique besoin d’amour, il est possible d’éprouver le sentiment que quiconque nous rencontrons, quelles que soient les circonstances, nous est un frère ou une sœur. Aussi nouveau que soit le visage ou aussi dissemblables que soient l’habit ou la conduite, il n’y a pas de clivage significatif entre nous et les autres. C’est folie que de s’arrêter aux différences extérieures, car nos natures fondamentales sont les mêmes.
    En ultime instance, l’humanité est une, et cette petite planète est notre seul foyer. Si nous voulons le protéger, chacun de nous a besoin de l’expérience vécue de l’altruisme universel. Seul se sentiment peut écarter les motifs égoïstes qui poussent les gens à se tromper et à abuser les uns des autres. Le cœur sincère et ouvert, vous vous sentez naturellement confiant et sûr de vous, sans avoir à craindre les autres.
    Je crois qu’à tous les niveaux de la société-familial, tribal, national et international, la clef d’un monde plus heureux et plus réussi réside dans une compassion croissante. Nul besoin de devenir religieux, pas plus que nous n’avons besoin de croire en une idéologie. Tout ce qui est nécessaire à chacun de nous, c’est développer nos meilleures qualités humaines.
    J’essaie de traiter quiconque je rencontre comme un vieil ami. Cela me donne une sensation de vrai bonheur. Telle est la pratique de la compassion.
    Homme de paix et de sérénité, le Dalaï-Lama du Tibet éveille le respect partout dans le monde. Guide spirituel et temporel de son peuple, il a inlassablement prôné la non-violence jusque devant l’agression caractérisée. Sa conviction inébranlable lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 1989. Au fil des années, sa silhouette et son sourire sont devenus de plus en plus familiers à un nombre croissant de personnes qu’il a su toucher par son langage simple et profond, empreint d’une rare générosité. Dans ce bref texte, il explique avec clarté pourquoi la compassion est si inséparable de la nature humaine et comment elle mène au sens de la responsabilité universelle qui se trouve au cœur de son message.

    Sa Sainteté le Dalaï Lama
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    Message par Invité Lun 13 Juin 2011, 13:34

    Le Chemin de la compassion

    "Vous ne pouvez demander à l’obscurité de partir, vous devez allumer la lumière." La lumière en nous correspond aux quatre pensées illimitées, amour, compassion, joie et équanimité. La méditation dans l’action consiste à laisser la compassion s’éveiller et couler librement en nous.


    Par Sogyal Rinpoché

    Sommaire : 1. La nature fondamentale que nous partageons avec tous les êtres, est la nature de Bouddha.

    2. Les quatre pensées illimitées

    3. Comment générer la compassion ?

    4. Le Bodhisattva

    1. La nature fondamentale que nous partageons avec tous les êtres

    est la nature de Bouddha.


    La compassion vient premièrement de la reconnaissance de notre lien fondamental avec les autres êtres. Chaque être a été notre père, notre mère, notre ami, notre ennemi au cours des temps immémoriaux, et en tant que père ou mère s’est soucié de nous avec la plus grande bonté, le plus grand amour. Même dans cette vie, nous sommes tous liés ensemble par le fait de vivre et de

    partager la même situation de Samsara. Si seulement nous voulions bien nous en rendre compte.

    Ce lien commun est particulièrement net dans l’âge présent, alors qu’il est plus évident que jamais qu’aucune société, aucun pays au monde n’est totalement indépendant, même au point de vue économique. Les barrières culturelles, religieuses, raciales, commencent à tomber, et comme l’homme progresse, il réalise le caractère identique de la situation humaine, le caractère identique de l’être humain fondamental.

    Distortions et complications dans nos relations proviennent de l’attachement, l’aversion, l’indifférence… qui ne sont que des modes de relation. C’est parceque nous ne sommes pas libres de l’attachement et de l’aversion, et que nous ne comprenons pas vraiment l’objet de notre attachement et de notre aversion que se développent des liens aussi peu libres.

    C’est pourquoi notre ennemi peut être notre plus grand maître. Parce qu’il nous montre nos points faibles, et pour cette raison nous pouvons le placer devant nous, sur un siége élevé, pendant notre méditation avec lui. Il reflète l’aspect de nous que nous ne pouvons pas voir et mieux vaut travailler avec cela que de le faire disparaître... Amis ou ennemis, il n’y a pas de différence.

    La nature fondamentale que nous partageons avec tous les êtres est la nature de Bouddha. Nous voulons tous le bonheur, nous voulons tous éviter la souffrance. C’ est le refus de reconnaître notre nature commune qui cause la disharmonie. En examinant notre propre expérience, nous pouvons apprendre à sentir que les autres ne sont pas différents de nous et nous mettre un moment à leur place. Alors, la situation qui nous lie ensemble peut aussi nous libérer.

    Le lien que nous partageons avec chacun est très profond et tout à fait surprenant. La compassion est une émotion humaine naturelle qui nous libère et qui est produite par un changement du coeur plutôt que par un changement de notre compréhension intellectuelle . Le respect pour les autres suit la reconnaissance de notre lien avec eux. Alors les relations deviennent plus aisées, la communication coule mieux.

    C’est parce que nous n’avons pas résolu le problème de notre attachement et de notre aversion dans nos relations aux autres que l’expression de notre nature de Bouddha est entravée. Cependant si le sentiment de compassion ne coule pas librement et naturellement, il est difficile de le créer. C’est une chose subtile. Le moyen habile de faire naître la compassion pour autrui est la méditation assise.

    2. Les quatre pensées illimitées.

    La méditation assise crée l’ espace et l’ opportunité pour l’expression de

    notre vraie nature humaine qui est compassion ; elle permet à l’ attitude éveillée

    de surgir et à un changement fondamental du cœur de prendre place.

    Après vous être assis, vous vous sentez bien et quand vous vous sentez bien en vous même vous vous sentez bien disposé à l’égard des autres. Charité bien ordonnée commence par soi-même et la méditation assise est le meilleur moyen de commencer avec la compassion. C’est pourquoi le bouddhisme n’insiste pas tellement sur la générosité qui consiste à faire la charité, mais plutôt sur le bénéfice qu’ il y a à travailler sur soi même et à développer la charité à l’ intérieur en se donnant l’ espace intérieur où elle commence. La lumière doit venir du dedans. Vous ne pouvez demandez à l’ obscurité de partir, vous devez allumer la lumière.

    S’asseoir est la seule manière de générer cette ouverture. Quand vous vous asseyez, votre tendance à vous accrocher tombe et lorsque cela se produit, vous atteignez un certain état d’ouverture. Cette ouverture est merveilleuse, il y a une joie immense c’ est pourquoi le premier stade du Chemin du Boddhisattva est très joyeux. Quoique l’ouverture puisse ne se produire qu’ une fraction de seconde, pendant la méditation assise, c’est pourtant le passage, la fissure par laquelle les Bouddhas se sont échappés et se sont libérés du Samsara. L’ouverture est le véhicule des Bouddhas et avec l’ouverture se produit une chaleur fondamentale.

    Le développement et la direction de cette chaleur provient des « quatre

    motivations » ou « quatre pensées illimitées » qui sont l’amour , la compassion,

    la joie et l’ équanimité. Souhaiter réellement que tous les êtres aient le bonheur, c’ est l’ amour. C’est une pratique qui contre balance l’ attachement et l’agression.

    La compassion est le désir que tous soient libres de la douleur et des causes de la douleur. Elle subjugue tous nos désirs, nos passions et notre confusion.

    La joie est une pratique qui contrecarre l’envie et la jalousie. Dans ce sens particulier, la joie est la célébration et participation au bonheur d’ autrui. Un tel sentiment est si fort et si puissant que non seulement il vous fait vous sentir bien, mais, comme il est dit dans le Bodhicharyvatara de Shantideva, en faisant cette pratique vous partagez la vie de l’ autre personne ; vous devenez des associés.

    La quatrième motivation est l’ équanimité qui est très importante. C’est la pratique qui est l’antidote de l’arrogance et de l’ignorance. L’essence de l’équanimité est de voir l’égalité de tout ce qui vit, voir que tous les êtres ont la nature de Bouddha.

    Parfois ces pensées peuvent s’élever très spontanément. Certaines situations dans la vie quotidienne peuvent inspirer une compassion naturelle : rencontrer un vieux mendiant, un ivrogne ou quelqu’un dans une situation réellement désespérée. Alors, quand vous faites cette rencontre, le sentiment de compassion s’écoule spontanément, vous ouvrez votre cœur et vous vous oubliez pour un moment. C’est là un moment excellent pour pratiquer. Cependant, ce qui arrive souvent, c’est que nous nous ouvrons complètement pendant une seconde. Puis nous commençons à mettre des limites, à nous demander combien d’aide donner, combien d’argent donner, et nous considérons nos propres intérêts. Et l’aide ainsi donnée se trouve ainsi limitée, nous nous mettons à calculer le mérite de notre action, espérant que les autres la reconnaîtront.

    En premier lieu, donc, quand quelqu’un vous inspire cette ouverture, vous devriez considérer cette personne comme le Bouddha. Ce peut être le cas. Il y a beaucoup d’histoires de personnes qui n’avaient développé aucune compassion bien qu’elles aient pratiqué pendant fort longtemps. Les Bouddhas essayaient toutes sortes de manières de leur enseigner la compassion, et l’une de celles-ci consistait à se manifester comme mendiant. Ainsi, la compassion est éveillée et coule en vous. Ne la retenez pas : ouvrez-vous.

    3. « Comment générer la compassion ? »


    Il y a deux pratiques principales pour cultiver la compassion .La première, c’est par « l’échange ».Comme vous expirez vous considérer toutes les bonnes dont vous jouissez (votre santé, votre bonheur, votre mérite, leurs causes) et vous les donner considérant que tous les êtres qui souffrent les reçoivent. Et lorsque vous inspirez vous prenez sur vous toute la souffrance des autres. C’est une pratique très puissante et qui ne doit pas être mal comprise. Il n’ est pas question de prendre sur soi toute la négativité d’ autrui, mais sa souffrance. En donnant votre mérite il s’accroît par le fait d’ être donné et il vous rend d’ autant plus riche. C’est alors comme un trésor sans limite. La capacité à prendre sur vous et à transmuter la souffrance d’autrui s’accroît, et à votre tour vous pouvez donner toujours plus.

    La deuxième manière de générer la compassion se fait par notre propre expérience de la souffrance. Souvent on trouvent que les pauvres, ou ceux qui ont connu la souffrance, sont plus ouverts, plus heureux . Ceux qui ont aidés les réfugiés Tibétains par exemple, n’étaient pas les riches ou les gens à leur aise, mais ceux qui était pauvres et avaient eux même des vies difficiles. Ils savaient ce que c’ était de souffrir et d’ avoir faim et à cause de cela ils étaient capables d’ aider. Ceux qui n’ ont pas l’expérience de la souffrance ne peuvent pas être aussi ouverts. La compassion devrait s’étendre aussi aux êtres qui ne peuvent expérimenter la compassion, qui ne comprennent pas réellement la souffrance et leur propre nature.

    Ainsi l’ amour et la compassion sont une pratique, une pratique réelle et non une simple idée . Si vous dites OM MANI PADME HUNG 100 fois ou même une seule , dédiez au bénéfice des autres le bien qui en provient , partagez le avec eux : c’ est très puissant. Il est dit dans un sutra que ce n’est pas la taille d’un acte mais la motivation qui crée la puissance du résultat. Chaque situation est fluide, la direction est déterminée par la motivation et c’est elle qui injecte de l’énergie dans l’action. C’est pourquoi une fraction de secondes de compassion a de plus grands résultats qu’un an de méditation où l’on se préoccupe d’abord de soi.

    Nous craignons, en nous ouvrant, d’être blessés mais, dans l’ ouverture, il n’y a pas de risque de blessure. C’est lorsque nous nous ouvrons à demi que nous sommes blessés. une blessure vient du fait de se retenir de s’ouvrir naturellement.

    Les maîtres les plus hautement réalisés pourraient être comparer à de « vieux chiens ». Ils se donnent si complètement qu’ils n’ont rien à perdre et peuvent être utilisés complètement. Si vous atteignez cet état mental, nul ne peut abuser de vous. Des personnes peuvent vous utiliser à leur profit, mais elles ne peuvent pas abuser de vous.

    4. Le Bodhisattva


    Bodhi signifie « quelqu’un qui est éveillé, ouvert, sans égoïsme, sans ego ». Sattva désigne un guerrier, courageux, sans peur, quelqu’un qui a renoncé totalement, qui peut s’ ouvrir sans crainte d’ être blessé.

    Bouddha est un exemple d’une personne complètement ouverte. Il était un être humain comme chacun d’entre nous, mais il a brisé le cercle vicieux. Il s’éveilla. Il nous a laissé sa stratégie, partageant avec nous son expérience, pour nous montrer comme il s’ est libéré. Sa stratégie c’était la compassion. L’esprit illuminé, l’ esprit éveillé est compassion.

    La compassion est plus puissante que n’importe quelle pratique de méditation ou quel acte d’adoration. Quand cette ouverture se produit vous vous perdez vous même et il y a un lien direct avec les êtres qui ne sont plus « autres » et « en dehors de soi ».La plupart du temps nous ne voyons que nos propres problèmes et nous sommes in sensibles et fermés. Mais personne n’ est libre de la souffrance.

    C’est l’ignorance, le manque de conscience claire, et notre perception dualiste qui obscurcissent notre nature de Bouddha. Pire que tout, c’est le concept de « je » et « les autres », de sujet et d’objet. Quand vous vous ouvrez et vous oubliez vous-même, vous avez en fait coupé à travers ce dualisme du « je » et de « l’autre ». Vous pouvez alors communiquer directement avec n’importe quel autre être, avec tous les êtres, directement, en tant que un et non pas deux. C’est puissant parce que c’est un, direct, et ça touche le cœur.

    On coupe à travers toute notre confusion et cela a le pouvoir de la vérité. Vous pouvez réellement sentir les changements chimiques et physiques dans votre corps lorsque la compassion coule en vous.

    Il y a quatre vers bien connus qui offrent une perspective complète sur la compassion :

    « A cause de la variété des apparences qui sont comme la lune dans l’eau,


    Les êtres sont fourvoyés dans la chaîne sans fin du Samsara.


    Voyant cela, pour les ramener à se reposer dans leur propre nature,


    Je générerai les quatre pensées illimitées »


    Les phénomènes sont comme des reflets dans l’eau. Si vous avez cent bols d’eau vous voyez le reflet de cent lunes. Dans votre ignorance vous êtes comme des enfants qui sautent dans l’eau pensant que la lune est entrain de se noyer. Nous pouvons commencer à voir que la vraie souffrance du Samsara ce n’est pas tant qu’il est douloureux, pas tant qu’il est ennuyeux pas tant qu’il est misérable, pas tant qu’il est joyeux ; mais c’est qu’il est une totale perte de temps. Il est tellement sans raison que c’ est comme courir sur place, s’épuiser réellement en pensant que vous êtes en train d’aller quelque part. C’est pourquoi,

    par compassion, les Bouddhas ne peuvent s’empêcher d’agir et d’enseigner la compassion.

    1980

    Sogyal Rinpoché

    LÉRAB LING
    l’Engayresque
    34 650 Roqueredonde
    Tél : 04 67 88 46 00
    http://www.rigpafrance.org


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