La non-violence, seule voie de libération pour le Tibet, conférence de Samdhong Rinpoché
La question tibétaine est envisagée par un maître spirituel tibétain, du point de vue du karma et de la compassion. Il faut savoir témoigner une compassion extrême vis-à-vis des Chinois qui, depuis cinquante ans, ont fait preuve d’une totale inhumanité dans le pays qu’ils occupent.
Par Sofia Stril-Rever
Conférence de SAMDHONG RINPOCHE
président du Parlement tibétain en exil,
directeur de l’Institut de Hautes Etudes Tibétaines de Sarnath
organisée par l’association FRANCE-TIBET
Traduction française : Claude Arpi
Université de Paris-IV Sorbonne, amphithéâtre Descartes
le 16 octobre 2000
Conférence ou enseignement ?
On appelle « enseignement » dans le bouddhisme le discours d’un maître appelé à faire prendre conscience à son auditoire de vérités qui ne sont jamais purement théoriques, mais appellent à la réflexion de chacun. Il y a trois temps dans un enseignement, premièrement le temps de l’écoute, deuxièmement le temps de la réflexion et troisièmement le temps de la mise en pratique de la compréhension intime du sens de l’enseignement.
A la différence de l’enseignement, la conférence n’implique pas forcément le troisième temps. On vient à une conférence pour enrichir sa connaissance d’un sujet et pour s’informer. Le public ne reconnaît pas nécessairement au conférencier la qualité de maître susceptible d’induire un changement intérieur, de transformer notre vie. Alors que le bouddhiste écoute un enseignement pour avancer sur la voie spirituelle, ce qui implique un autoexamen et une transformation des émotions, des pensées, de toute la personnalité.
La question s’est posée hier : conférence ou enseignement ? On avait annoncé une conférence. Mais les propos de Samdhong Rinpoche ont été ceux d’un maître spirituel qui a donné un enseignement sur la non-violence. Or si la question peut ainsi se poser, cela tient à la particularité du problème tibétain. Au Tibet, dont le chef temporel est aussi un chef spirituel aujourd’hui mondialement reconnu et aimé, on ne peut séparer religion et politique. Dans l’histoire de cette nation, l’une et l’autre sont indissociables. La Chine le sait bien puisque le fait de posséder un portrait du Dalaï-Lama a été décrété « Crime contre la sûreté de l’Etat », passible de torture et de plusieurs années d’emprisonnement. L’identité tibétaine se reconnaît dans la pratique du bouddhisme incarné en un chef religieux. Et, depuis la Révolution culturelle, les campagnes de rééducation visant à éradiquer le séparatisme ou la revendication identitaire ont principalement frappé les monastères, avec un regain de persécution ces mois derniers.
Devant une banderole représentant au centre le Onzième Panchen Lama, le plus jeune prisonnier politique du monde, avec à gauche un résistant tibétain poing levé, et à droite le drapeau tibétain, Samdhong Rinpoche n’a pas parlé en militant de la cause de son peuple. Il a invité chacun à examiner les causes de la violence et à les éliminer, dans le cadre d’une thématique du « désarmement intérieur » prôné par le Dalaï-Lama.
Un karma négatif, cause de la perte du Tibet
Samdhong Rinpoche a tout d’abord rappelé l’extrême souffrance endurée par les Tibétains pendant 50 années d’oppression chinoise. Un tiers de la population est morte des suites de l’occupation, il n’y a pas historiquement l’exemple équivalent d’une telle destruction d’un peuple. Le Tibet dans son histoire, qui commence en 27 avant J.C., jusqu’en 1951, a toujours été une nation souveraine et indépendante, exception faite de 20 années d’occupation mongole au XIII° siècle. Le peuple tibétain devrait donc jouir pleinement de son droit à l’autodétermination. Mais aujourd’hui ce droit est bafoué, il subit une occupation étrangère.
Le Tibet est un pays totalement consacré à la préservation de valeurs spirituelles, depuis le VII° siècle, date de l’introduction du bouddhisme. Venu de l’Inde, le bouddhisme a apporté les valeurs de la compassion, la bonté et l’amour, essence des enseignements bouddhistes. Avalokiteshvara, bodhisattva de la compassion infinie, incarne la compassion de tous les Bouddhas envers tous les êtres sensibles. Or le Dalaï-Lama est vénéré comme l’incarnation, au plan terrestre, d’Avalokiteshvara. C’est donc la compassion que les Tibétains ont choisie comme chef de leur nation.
Cela ne veut pas dire que les Tibétains seraient exempts de violence, de haine ou de cupidité. Les émotions négatives et la violence ont aussi fait partie de l’histoire de ce peuple qui avait choisi la compassion incarnée pour le guider. Et si le Tibet est aujourd’hui un pays occupé, la faute en revient aux Tibétains, à un mauvais karma qu’ils ont créé. La souffrance de ce peuple martyre est de nature karmique, de ce fait l’expérience en est inévitable. Les Chinois sont entrés au Tibet par la force, ils y font régner la répression et la torture. Toutes les souffrances, celles des Tibétains comme des Chinois, proviennent d’un karma de violence.
La solution à la violence ne peut être que la non-violence
Pourtant, prévient Samdhong Rinpoche, on aurait tort de considérer ce qu’endurent actuellement les Tibétains comme un cas isolé et particulier. Il faut l’analyser à la lumière de ce qui se passe dans la communauté universelle que forme aujourd’hui l’humanité. Le problème tibétain se reproduit en effet à l’échelle planétaire et c’est le problème de l’humanité dans son ensemble. Or si l’on cherche à identifier la cause et la nature réelles du problème, on trouve la violence. Donc la solution à la violence ne peut être que dans son opposé, la non-violence.
C’est un fait que lorsqu’une maison brûle, on n’éteint pas l’incendie en l’attisant, par exemple en versant de l’essence. Pour lutter contre le feu, on utilise le contraire du feu, on a recours à l’eau. De même, la violence ne peut être résolue que par la non-violence.
Samdhong Rinpoche insiste : il parle ici de faits et non de religion ou de philosophie. Historiquement on a vu que dans l’Inde occupée par les Britanniques, les luttes armées et les émeutes pour la liberté n’ont jamais abouti. C’est l’action non-violente de Gandhi qui a triomphé. Il y a d’autres exemples encore, comme ceux de Martin Luther King aux Etats-Unis ou de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Les problèmes raciaux ont pu être résolus pacifiquement par la non-violence.
Beaucoup pensent que Gandhi a pu réussir parce que son ennemi était l’Angleterre, un pays de droit. Ils disent que les Tibétains n’ont aucune chance avec la non-violence contre la Chine, pays de non droit d’un peuple cruel. Je ne suis pas convaincu par cet argument. Il n’y a pas de demi-mesure dans la violence, il n’importe pas qu’elle soit commise par un peuple qui serait plus ou moins puissant. On ne peut pas dire que parce que la Chine est très forte elle ne comprendra pas le langage de la non-violence.
Une non-violence pure et complète
Ce qui importe est de développer une non-violence pure et complète. Seule cette non-violence authentique peut s’opposer et triompher de toutes les formes de violence, qu’elles proviennent de peuples puissants ou non. Ce n’est pas une question de loi ou de pouvoir, le seul antidote à la violence est la non-violence. Une non-violence de tout son être, il faut se donner totalement à la non-violence.
La non-violence est plus forte que la violence, elle nécessite le plus héroïque des courages. Ce n’est pas l’arme des faibles. La violence naît d’émotions négatives, la non-violence d’émotions positives. La non-violence n’est pas l’attitude des lâches. Elle est en résonance avec notre nature humaine profonde, la nature de Bouddha en nous.
Les actions non-violentes sont celles d’un esprit rempli de compassion et les Tibétains doivent, vis-à-vis des Chinois, engendrer une compassion extrême. Il faut savoir leur témoigner le plus haut degré d’amour et de compassion en raison des atrocités et des fautes qu’ils ont commises. L’inhumanité provient de l’ignorance et les ignorants méritent la plus grande des compassions.
Aujourd’hui la violence ne fait que croître au sein de la communauté humaine. Il y a à cela une série de facteurs. Premièrement, le nationalisme exacerbé. Deuxièmement, l’économie qui crée un immense fossé entre riches et pauvres. Troisièmement, la ségrégation raciale. Quatrièmement, le fanatisme religieux qui transforme les religions, source de fraternité en facteur de division. Et cinquièmement, la déstabilisation de l’écosystème car les hommes ont détruit l’équilibre écologique. L’ensemble de ces cinq facteurs est d’ailleurs présent aujourd’hui au Tibet. Cette nation donne l’exemple de ce qu’encourt l’humanité avec l’aggravation de tels facteurs à risque.
Les quatre nobles vérités modernes de la non-violence
Pour développer une action non-violente efficace, il faut tenir compte de l’ensemble de ces différents facteurs et créer un profond esprit de compassion universelle. C’est une tâche immense. L’effort est à la fois individuel et collectif. Car l’esprit de compassion n’est pas développé sous l’effet de la propagande et de l’endoctrinement. Il naît spontanément lorsque les conditions requises sont réunies.
Quelles sont les conditions favorables ? Premièrement reconnaître la nature de la souffrance qui est la violence. Deuxièmement comprendre les causes de la violence. Troisièmement comprendre les causes de la non-violence. Quatrièmement comprendre les méthodes de la non-violence pour faire cesser la violence.
A ce point Samdhong Rinpoche dresse un parallèle avec les quatre nobles vérités. L’enseignement fondamental du Bouddha sur la souffrance est parfaitement adapté et se prête à l’analyse de la violence et de ses causes. Il nous quitte sur cet enseignement de paix et de compassion, pris aux sources du bouddhisme. Les quatre nobles vérités modernes sont celles de la non-violence.
Le lendemain, 17 octobre, Samdhong Rinpoche donna une conférence de presse au Bureau du Parlement européen, à Paris. On lui posa cette question :
Rinpoche, pensez-vous que la compassion puisse désarmer la Chine et sauver le Tibet ?
Samdhong Rinpoche : Oui, si les Tibétains arrivent à développer en eux une compassion authentique. Si les majorité des Tibétains avaient de la compassion pour les Chinois, après trois mois on verrait une évolution positive. Mais c’est très difficile. Le peuple tibétain a énormément souffert, de multiples façons. Notre cœur a été meurtri très profondément. C’est un effort extrêmement difficile auquel Sa Sainteté le Dalaï-Lama nous exhorte continuellement.
Pourquoi trois mois avant de voir s’amorcer une évolution positive ?
Samdhong Rinpoche : La compassion est très puissante, elle ne connaît pas de limite de temps. Je parle de trois mois parce que je n’ai pas le courage de Gandhi qui parlait de vingt-quatre heures. Gandhi disait que s’il pouvait réunir cent satyagrahin*, l’Inde serait libérée en vingt-quatre heures. Je parle de trois mois parce que j’envisage la mise en place d’un processus de réformes sociales et politiques qui prendrait environ ce temps-là. Mais c’est approximatif. Je veux simplement laisser entendre que la compassion a un réel pouvoir de transformer l’état de choses actuel au Tibet.
* les satyagrahin, littéralement « ceux qui possèdent la fermeté de la vérité » sont les adeptes du mouvement non-violent de résistance à l’oppression inauguré par Gandhi en Inde, à partir de 1920, dans un but politique. Ce mouvement qu’on appelle le satyagraha ainsi que la réflexion du Mahatma Gandhi inspirent profondément Samdhong Rinpoche qui a placé, au-dessus de son bureau de Président du Parlement tibétain en exil, un portrait de Gandhi.
Sofia Stril-Rever
http://www.buddhaline.net
La question tibétaine est envisagée par un maître spirituel tibétain, du point de vue du karma et de la compassion. Il faut savoir témoigner une compassion extrême vis-à-vis des Chinois qui, depuis cinquante ans, ont fait preuve d’une totale inhumanité dans le pays qu’ils occupent.
Par Sofia Stril-Rever
Conférence de SAMDHONG RINPOCHE
président du Parlement tibétain en exil,
directeur de l’Institut de Hautes Etudes Tibétaines de Sarnath
organisée par l’association FRANCE-TIBET
Traduction française : Claude Arpi
Université de Paris-IV Sorbonne, amphithéâtre Descartes
le 16 octobre 2000
Conférence ou enseignement ?
On appelle « enseignement » dans le bouddhisme le discours d’un maître appelé à faire prendre conscience à son auditoire de vérités qui ne sont jamais purement théoriques, mais appellent à la réflexion de chacun. Il y a trois temps dans un enseignement, premièrement le temps de l’écoute, deuxièmement le temps de la réflexion et troisièmement le temps de la mise en pratique de la compréhension intime du sens de l’enseignement.
A la différence de l’enseignement, la conférence n’implique pas forcément le troisième temps. On vient à une conférence pour enrichir sa connaissance d’un sujet et pour s’informer. Le public ne reconnaît pas nécessairement au conférencier la qualité de maître susceptible d’induire un changement intérieur, de transformer notre vie. Alors que le bouddhiste écoute un enseignement pour avancer sur la voie spirituelle, ce qui implique un autoexamen et une transformation des émotions, des pensées, de toute la personnalité.
La question s’est posée hier : conférence ou enseignement ? On avait annoncé une conférence. Mais les propos de Samdhong Rinpoche ont été ceux d’un maître spirituel qui a donné un enseignement sur la non-violence. Or si la question peut ainsi se poser, cela tient à la particularité du problème tibétain. Au Tibet, dont le chef temporel est aussi un chef spirituel aujourd’hui mondialement reconnu et aimé, on ne peut séparer religion et politique. Dans l’histoire de cette nation, l’une et l’autre sont indissociables. La Chine le sait bien puisque le fait de posséder un portrait du Dalaï-Lama a été décrété « Crime contre la sûreté de l’Etat », passible de torture et de plusieurs années d’emprisonnement. L’identité tibétaine se reconnaît dans la pratique du bouddhisme incarné en un chef religieux. Et, depuis la Révolution culturelle, les campagnes de rééducation visant à éradiquer le séparatisme ou la revendication identitaire ont principalement frappé les monastères, avec un regain de persécution ces mois derniers.
Devant une banderole représentant au centre le Onzième Panchen Lama, le plus jeune prisonnier politique du monde, avec à gauche un résistant tibétain poing levé, et à droite le drapeau tibétain, Samdhong Rinpoche n’a pas parlé en militant de la cause de son peuple. Il a invité chacun à examiner les causes de la violence et à les éliminer, dans le cadre d’une thématique du « désarmement intérieur » prôné par le Dalaï-Lama.
Un karma négatif, cause de la perte du Tibet
Samdhong Rinpoche a tout d’abord rappelé l’extrême souffrance endurée par les Tibétains pendant 50 années d’oppression chinoise. Un tiers de la population est morte des suites de l’occupation, il n’y a pas historiquement l’exemple équivalent d’une telle destruction d’un peuple. Le Tibet dans son histoire, qui commence en 27 avant J.C., jusqu’en 1951, a toujours été une nation souveraine et indépendante, exception faite de 20 années d’occupation mongole au XIII° siècle. Le peuple tibétain devrait donc jouir pleinement de son droit à l’autodétermination. Mais aujourd’hui ce droit est bafoué, il subit une occupation étrangère.
Le Tibet est un pays totalement consacré à la préservation de valeurs spirituelles, depuis le VII° siècle, date de l’introduction du bouddhisme. Venu de l’Inde, le bouddhisme a apporté les valeurs de la compassion, la bonté et l’amour, essence des enseignements bouddhistes. Avalokiteshvara, bodhisattva de la compassion infinie, incarne la compassion de tous les Bouddhas envers tous les êtres sensibles. Or le Dalaï-Lama est vénéré comme l’incarnation, au plan terrestre, d’Avalokiteshvara. C’est donc la compassion que les Tibétains ont choisie comme chef de leur nation.
Cela ne veut pas dire que les Tibétains seraient exempts de violence, de haine ou de cupidité. Les émotions négatives et la violence ont aussi fait partie de l’histoire de ce peuple qui avait choisi la compassion incarnée pour le guider. Et si le Tibet est aujourd’hui un pays occupé, la faute en revient aux Tibétains, à un mauvais karma qu’ils ont créé. La souffrance de ce peuple martyre est de nature karmique, de ce fait l’expérience en est inévitable. Les Chinois sont entrés au Tibet par la force, ils y font régner la répression et la torture. Toutes les souffrances, celles des Tibétains comme des Chinois, proviennent d’un karma de violence.
La solution à la violence ne peut être que la non-violence
Pourtant, prévient Samdhong Rinpoche, on aurait tort de considérer ce qu’endurent actuellement les Tibétains comme un cas isolé et particulier. Il faut l’analyser à la lumière de ce qui se passe dans la communauté universelle que forme aujourd’hui l’humanité. Le problème tibétain se reproduit en effet à l’échelle planétaire et c’est le problème de l’humanité dans son ensemble. Or si l’on cherche à identifier la cause et la nature réelles du problème, on trouve la violence. Donc la solution à la violence ne peut être que dans son opposé, la non-violence.
C’est un fait que lorsqu’une maison brûle, on n’éteint pas l’incendie en l’attisant, par exemple en versant de l’essence. Pour lutter contre le feu, on utilise le contraire du feu, on a recours à l’eau. De même, la violence ne peut être résolue que par la non-violence.
Samdhong Rinpoche insiste : il parle ici de faits et non de religion ou de philosophie. Historiquement on a vu que dans l’Inde occupée par les Britanniques, les luttes armées et les émeutes pour la liberté n’ont jamais abouti. C’est l’action non-violente de Gandhi qui a triomphé. Il y a d’autres exemples encore, comme ceux de Martin Luther King aux Etats-Unis ou de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Les problèmes raciaux ont pu être résolus pacifiquement par la non-violence.
Beaucoup pensent que Gandhi a pu réussir parce que son ennemi était l’Angleterre, un pays de droit. Ils disent que les Tibétains n’ont aucune chance avec la non-violence contre la Chine, pays de non droit d’un peuple cruel. Je ne suis pas convaincu par cet argument. Il n’y a pas de demi-mesure dans la violence, il n’importe pas qu’elle soit commise par un peuple qui serait plus ou moins puissant. On ne peut pas dire que parce que la Chine est très forte elle ne comprendra pas le langage de la non-violence.
Une non-violence pure et complète
Ce qui importe est de développer une non-violence pure et complète. Seule cette non-violence authentique peut s’opposer et triompher de toutes les formes de violence, qu’elles proviennent de peuples puissants ou non. Ce n’est pas une question de loi ou de pouvoir, le seul antidote à la violence est la non-violence. Une non-violence de tout son être, il faut se donner totalement à la non-violence.
La non-violence est plus forte que la violence, elle nécessite le plus héroïque des courages. Ce n’est pas l’arme des faibles. La violence naît d’émotions négatives, la non-violence d’émotions positives. La non-violence n’est pas l’attitude des lâches. Elle est en résonance avec notre nature humaine profonde, la nature de Bouddha en nous.
Les actions non-violentes sont celles d’un esprit rempli de compassion et les Tibétains doivent, vis-à-vis des Chinois, engendrer une compassion extrême. Il faut savoir leur témoigner le plus haut degré d’amour et de compassion en raison des atrocités et des fautes qu’ils ont commises. L’inhumanité provient de l’ignorance et les ignorants méritent la plus grande des compassions.
Aujourd’hui la violence ne fait que croître au sein de la communauté humaine. Il y a à cela une série de facteurs. Premièrement, le nationalisme exacerbé. Deuxièmement, l’économie qui crée un immense fossé entre riches et pauvres. Troisièmement, la ségrégation raciale. Quatrièmement, le fanatisme religieux qui transforme les religions, source de fraternité en facteur de division. Et cinquièmement, la déstabilisation de l’écosystème car les hommes ont détruit l’équilibre écologique. L’ensemble de ces cinq facteurs est d’ailleurs présent aujourd’hui au Tibet. Cette nation donne l’exemple de ce qu’encourt l’humanité avec l’aggravation de tels facteurs à risque.
Les quatre nobles vérités modernes de la non-violence
Pour développer une action non-violente efficace, il faut tenir compte de l’ensemble de ces différents facteurs et créer un profond esprit de compassion universelle. C’est une tâche immense. L’effort est à la fois individuel et collectif. Car l’esprit de compassion n’est pas développé sous l’effet de la propagande et de l’endoctrinement. Il naît spontanément lorsque les conditions requises sont réunies.
Quelles sont les conditions favorables ? Premièrement reconnaître la nature de la souffrance qui est la violence. Deuxièmement comprendre les causes de la violence. Troisièmement comprendre les causes de la non-violence. Quatrièmement comprendre les méthodes de la non-violence pour faire cesser la violence.
A ce point Samdhong Rinpoche dresse un parallèle avec les quatre nobles vérités. L’enseignement fondamental du Bouddha sur la souffrance est parfaitement adapté et se prête à l’analyse de la violence et de ses causes. Il nous quitte sur cet enseignement de paix et de compassion, pris aux sources du bouddhisme. Les quatre nobles vérités modernes sont celles de la non-violence.
Le lendemain, 17 octobre, Samdhong Rinpoche donna une conférence de presse au Bureau du Parlement européen, à Paris. On lui posa cette question :
Rinpoche, pensez-vous que la compassion puisse désarmer la Chine et sauver le Tibet ?
Samdhong Rinpoche : Oui, si les Tibétains arrivent à développer en eux une compassion authentique. Si les majorité des Tibétains avaient de la compassion pour les Chinois, après trois mois on verrait une évolution positive. Mais c’est très difficile. Le peuple tibétain a énormément souffert, de multiples façons. Notre cœur a été meurtri très profondément. C’est un effort extrêmement difficile auquel Sa Sainteté le Dalaï-Lama nous exhorte continuellement.
Pourquoi trois mois avant de voir s’amorcer une évolution positive ?
Samdhong Rinpoche : La compassion est très puissante, elle ne connaît pas de limite de temps. Je parle de trois mois parce que je n’ai pas le courage de Gandhi qui parlait de vingt-quatre heures. Gandhi disait que s’il pouvait réunir cent satyagrahin*, l’Inde serait libérée en vingt-quatre heures. Je parle de trois mois parce que j’envisage la mise en place d’un processus de réformes sociales et politiques qui prendrait environ ce temps-là. Mais c’est approximatif. Je veux simplement laisser entendre que la compassion a un réel pouvoir de transformer l’état de choses actuel au Tibet.
* les satyagrahin, littéralement « ceux qui possèdent la fermeté de la vérité » sont les adeptes du mouvement non-violent de résistance à l’oppression inauguré par Gandhi en Inde, à partir de 1920, dans un but politique. Ce mouvement qu’on appelle le satyagraha ainsi que la réflexion du Mahatma Gandhi inspirent profondément Samdhong Rinpoche qui a placé, au-dessus de son bureau de Président du Parlement tibétain en exil, un portrait de Gandhi.
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