Question simple...mais pas tant !

Oui ! cher Hild-Rick,

Je lis effectivement très mal. Mais j’ai tout de même conscience que vous connaissez et avez parfaitement développé tout ce dont je parle. Emporté par le flot d'une pensée... sur la dureté du chemin, cette expression qui se retrouve souvent dans les propos des chercheurs.

J'ai aussi bien pris conscience des difficultés rencontrées dans votre vie.

Je vous demande simplement de ne pas trop vous formaliser quant à la quantité d’inepties que je peux produire et de mon manque de vigilance quant aux récits très détaillés de chacun.

Merci de m’avoir calmé. Je vais diminuer de ce pas ma production...
;-)
En toute amitié.

Cher “Joe” me serai-je mal exprimé ? Me formaliser, certes non, bien au contraire !

Bon, essayons de clarifier le propos fort intéressant au demeurant et vous avez le “mérite” de l’avoir engagé !
Qui vous parle d’inepties ? Non il ne m’apparaît pas que je connaisse “parfaitement” ce dont il est question, je suis un esprit lent, laborieux à comprendre les choses et affligé de bien des lacunes, et ma vie n’a que peu d’importance, en dehors peut être des quelques très, très rares personnes qui me font confiances, ce qui m’oblige à être au plus près de toutes les vues erronées que je peux développer. Je ne vois pas cette quête comme “dure” ou difficile (même si c’est le cas parfois, trop peut être pour mes faibles capacités de bien médiocre prétendu pratiquant de je ne sais trop quoi à vrai dire ! D’un drôle de “pot-eau-feu” soit disant “spirituel” !), mais plutôt comme délicat à mettre en place et enœuvre, subtil. Et nos échanges, ceux de “Yéshé-Kunga” et les vôtres sont d’une inestimable “richesse” et qualité réelle. Nul ne me semble-t-il vous demandera de diminuer votre “production”, enfin pas moi toujours. C’est simplement que je me dis souvent qu’il faut bien recadrer ce qui est avancé pour éviter autant que faire ce peu, ce que j’appelle la possible induction de la “méditation parasite” sur le coussin, et de l’extrême importance de sa relation à la vie de tous les jours. Et là effectivement parfois je ne vous sens plus, mais c’est peut être une impression mal à propos... et au plaisir de vous lire.
Bien à vous... amitiés et bonne soirée.

Hilde-Rik, “naljorpa-idiotas”, errant sur les bords du Grand-Rien.

Joe écrit : « Cependant quand j’observe la façon
dont j’appréhende cette souffrance, je me rends compte que je ne lui laisse pas
le droit d’exister. Je me dis que si cette situation difficile se présente
c’est qu’elle a sa raison d’être. » (…)

« Par contre ce qui pour moi est utile est de cultiver
la présence à chaque instant. Une présence qui est très détendue, qui n’est que
regard vif et précis et qui ne se laisse pas saisir par le jeu des mécanismes.
Même si les mécanismes entrent en jeu, ce n’est pas un problème…ils sont
reconnus, il n’y a aucun besoin d’intervenir, d’appliquer un quelconque remède,
de modifier quoi que ce soit. »


Toujours, comme le rappelle Hilde-Rik, ce rapport étroit,
cette unité du « coussin » et de la vie quotidienne (debout…).

Honnêtement, je me sens plus bête qu’une bique, plus
froussard qu’un toutou, plus paresseux qu’un vieux chat, et aussi
« mystique » (dzogchenpa, gars du zen, taoïste, thoreauïen,
poète-sage, ami de Mañjushrî, élève de D. Khyentsé Rinpoché, traducteur-lotsawa
à la petite semaine, etc. etc.) que la chaise qui me supporte.

Je tiens « concentré » quelques minutes sur un
sujet « objectif » – une phrase chinoise à traduire ; je tiens
concentré un huitième de seconde sur un moment de l’esprit, un fragment de visualisation,
un bout de syllabe-germe, la pointe d’une étincelle d’intuition (fort
probablement erronée de part en part) sur je ne sais quelle
essence-vide-nature-lumineuse-compassion-indéfectible – et j’ai l’audace de
donner des conseils de récognition à mes aînés par la sagesse, par la
profondeur, l’expérience.

Diantre !

Il y a des moments « avec » et des moments
« sans ».

J’aspire de tout mon être (!?) au remède suprême que Joe
évoque, au grand rien-à-faire qui défait et fait tout, mais le goût du bien dire,
de la phrase jolie – tant de temps qui se perd – creuse la tombe, je le sens,
de mon progrès sur la voie.

Dame Vacuité me fait de l’œil, cette belle enfant que je ne
cesse de réinventer avec des concepts si bancaux que je les appelle
« absence de concept ». Dame Compassion m’appelle tout le jour, et la
nuit, dans l’absurdité de mes rêves, aussi.

J’aurais tellement aimé être moins vain. Je ne parviens qu’à
me désoler de mon incurie, de mon impéritie, de ma gabegie (Dieu que la langue
française me facilite le travail en matière de temps perdu).

Je me gausse de mots.

Je voudrais tellement réaliser la Grande Perfection de Mañjushrî
telle que Mipham Namgyal Gyatso, Khyentsé Rinpoché et mon maître Lotus l’incarnent
au-delà de toute petitesse.

Que la simplicité, le rien-à-faire, l’état naturel est
difficile.

Je crois vous comprendre, Joe et Hilde-Rik. Ce que je ne
comprends pas, c’est pourquoi, si prévenu, si « boosté », si guidé,
mené, emmené, porté, tellement aimé, je ne parviens pas à m’arracher à cette
nullité d’où je vous parle.

J’ai la bouche pleine de mots, la tête pleine d’idées
venteuses, d’idées éventées – je pense à Timon de Phlionte qui dans une « Sille »
traitait les philosophes d’« outres vides pleines d’idées creuses »…
Il n’aimait que Pyrrhon d’Elis, lequel n’avança jamais rien, fit encore moins,
et pourtant but quand il avait soif, salua quand on le saluait et prenait soin
de ne pas tomber dans les ravins qu’il lui arrivait de longer…

Voilà quelques jérémiades comme un anti-écho à votre active
sagesse, les amis.

Qu'ils sont beaux tes propos !

Un rien joueur d'une situation qui va d'une rive à l'autre en un seul regard,

le chemin est tantot celui des étoiles, tant s'enfouit dans la forêt,

il est surtout ici et maintenant

si hier la peine évoquait la lassitude du gros nuage,

ce matin, le sourire est de retour avec le soleil

qui réchauffe l'ici et maintenant

pour mieux s'y maintenir encore dans un présent plein de vacuité.

alors dans la joie et la fraternité,

prenons nos mains pour une longue ronde chantée et bon enfant,

nos coeurs sont à nouveau remplis de nos sourires,

allons ! et Bonne journée à toutes et tous

Bonne journée, déjà midi, mais pas encore : heure d'été.

Dans le silence de la vallée, la tronçonneuse du voisin chante du Villon.

La ouate de l'air panse une piqûre d'insecte sur la bedaine du poète.

Un doute s'élève, joli doute, un instant de pureté comme tous les instants.

Puissions-nous tous, facilement et vite, jouir de cette inévitable perfection !

Mais quel est ce doute instant de pureté ?

Puissions-nous tous, facilement et vite, jouir de cette inévitable perfection !

Quel beau voeu mais est-il réalisable en ces termes ?


Bon après midi

Tout à l'heure la joie, un peu enfantine ; maintenant, une crise de perplexité...

Bon vent à tous et toutes, quoi qu'il en soit !

Allez, je retourne au pèlerinage de Sudhana...

Hey yeshé Kunga,

Est-ce vraiment un anti-écho ou est-ce succomber à cette tradition, pour celui qui a vu, qui s’en remet à l’immensité de sa propre insignifiance. Il est tout à fait justifié de remettre les justes proportions à leur place. Sur un certain plan nous ne sommes rien, sur un autre nous sommes tout. Le Désir n’est pas le désir personnel, lorsqu’on ne peut plus prétendre quoi que ce soit cela ne provient que de la sphère ultime. Mais tant que l’on se sait être, il est toujours très sain de voir sa propre arrogance, sa propre prétention... Alors je les contemple avec une joie toute démesurée et si peu inconditionnée.

J'admire toujours votre plume fanglong. Et votre santé...quelques améliorations ?


joe
where you goin' with that gun in your hand?

Il y a toujours du paradoxal, du sidéralement paradoxal, dans la
simplicité : tant de complications, par exemple ; tant de variété dans
l'unité ; d'inégalité dans le lisse de chez lisse dont se tisse l'ennui
de ne rien accepter en s'attribuant tout.

Sans antalgiques, les céphalées de fanglong le rendraient encore plus
fou, encore plus inutile, à moins qu'elles ne le tuent. Sans ces
constants maux de tête, ce fanglong serait le rudra qu'il est. Mais
être, flatus vocis, les gnomes s'en tapent.

Vivement que l'instant, qui n'a jamais été, ne soit plus !

Pour en revenir au coussin, ce gentil compagnon de tous mes espoirs mal placés, je le vénère par une nouvelle disposition qui s’est faite jour. D’abord physiquement disparu, le « coussin » de la vie qui s’élève du sol et qui telle une flamme s’envole pour s’unir au ciel a pris sa place. Ce sol dont la dureté première me montre toute la pauvreté de mon état d’esprit à son contact. Non le sol n’est pas dur, seule ma réaction l’est.

Ce nouveau coussin ne se laisse fréquenter non pas pour obtenir, avec l’esprit d’un conquérant, mais il m’indique que seule l’oblation à la vie, à la voie est de mise pour que l’instant cesse de l’être.

Fréquenter de façon vraiment intime le trouble qui vit en soi, en toute occasion, comme un ami mal en point par exemple, est la porte vers l’essence de ce trouble. Les cataplasmes de pratique, de méthodes, de bonnes pensées ne font qu’ajourner un ressenti qui, en lui même est la porte – bien qu’il n’y ait aucune porte.

Fréquenter de façon vraiment intime le trouble qui vit en soi, en toute
occasion, comme un ami mal en point par exemple, est la porte vers
l’essence de ce trouble.

Douce-Gloire s'incline les mains jointes.