
Plaidoyer pour plus d'altruisme
Altruisme, compassion, gentillesse: rarement ces mots n'ont autant été à la «mode». Pour Matthieu Ricard, moine bouddhiste et traducteur du Dalaï-lama, cela traduit un véritable changement de culture. Et des individus eux-mêmes.
Pourquoi, selon vous, ce soudain intérêt pour des valeurs telles que la gentillesse?
Nous prenons conscience que l'empathie, l'altruisme, la coopération ou encore la gentillesse font partie de notre nature. Mais cela n'a rien de nouveau. Darwin, déjà, parlait de la nécessaire entraide chez les humains et les animaux. Seulement, dès le début du XXe siècle, des perspectives dogmatiques se sont imposées pour renier ces idées. Freud décrète que l'altruisme est une compensation du désir de faire du tort aux autres, donnant ainsi le sentiment que l'égoïsme est un signe de santé psychique; des économistes affirment que l'altruisme est nuisible à la productivité; des scientifiques tels que Richard Dawkins parlent du «gène égoïste»... Mais aujourd'hui, on en revient. En psychologie, les études de Daniel Batson montrent que l'altruisme véritable existe; en économie, Ernst Feir prouve la nécessité de prendre en compte cette valeur dans l'élaboration de modèles économiques... Autant de courants d'idées qui sont en train de changer nos cultures.
Mais pourquoi maintenant?
Parce qu'avec la globalisation, nous sentons bien que nous sommes tous sur le même bateau. Face à la question écologique, face aux écarts entre riches et pauvres, entre nord et sud, nous comprenons que l'heure n'est plus à la compétition mais à la coopération. Sans quoi, il n'y aura pas un vainqueur et un vaincu: nous serons tous perdants. Et à l'échelle individuelle, nous mesurons bien que cet égoïsme et cet individualisme font notre malheur. Ils sont la cause de notre sentiment de solitude, de nos ruminations excessives, de nos déprimes...
Certes, nous ressentons le besoin de plus d'altruisme et de gentillesse. Mais dans les faits, n'est-ce pas davantage le rejet de l'autre et l'agressivité qui dominent?
Est-ce que cela domine ou est-ce que cela nous choque parce que c'est contre-nature? Vous êtes au bord de la route, vous avez un pneu crevé et personne ne s'arrête pour vous venir en aide. Que se passe-t-il? Vous êtes outré! Si l'égoïsme était le dénominateur commun de tous les êtres humains, il ne nous choquerait pas. Et nous ne nous sentirions pas si mal dans notre peau après en avoir fait preuve.
Mais vouloir être gentil ne suffit pas pour l'être! Généralement, nos comportements égoïstes ou malveillants ne sont-ils pas «plus forts que nous»?
Vous ne pouvez pas refuser de retirer votre main du feu et vous plaindre d'être brûlé! Si vous n'avez pas compris que l'égocentrisme vous rend misérable, passez un week-end à ne cultiver que cela et voyez comment vous vous sentez le dimanche soir. Le week-end suivant, essayez de cultiver l'empathie et l'altruisme et comparez. Être dans l'ouverture et dans la considération de l'autre procure un réel soulagement. C'est une bouffée d'air. Parce que cela va avec le courant de la réalité: nous sommes tousinterdépendants.
Niez-vous que nous puissions avoir des penchants égoïstes?
Pas du tout! Je suis un mélange d'ombre et de lumière mais quelles sont les conséquences sur mon bien-être de mes comportements égoïstes et, à l'inverse, de mes comportements altruistes? Les montées de haine ou de jalousie viennent vite, elles sont puissantes et nous n'avons pas besoin de les cultiver. En revanche, une réflexion est nécessaire pour comprendre les mécanismes de la souffrance et du bien-être et un entraînement de l'esprit est indispensable pour cultiver l'altruisme.
Vous parlez du Dalaï-lama, incarnation suprême de l'altruisme. Pourtant, cela ne suffit pas pour arranger la situation de son peuple...
D'accord. Mais pensez-vous que si nous faisions sauter des Boeing chinois et entrions dans la spirale de la vengeance, le peuple tibétain souffrirait moins? Quand il y a un petit espoir de négociation entre Israël et la Palestine, on leur donne le prix Nobel. Mais quand le Dalaï-lama est d'emblée dans la volonté de dialogue, au lieu de le soutenir, on dit qu'il est un faible! Pourtant, vouloir s'ouvrir aux autres n'est pas une preuve de faiblesse, c'est une preuve d'intelligence.
Conseils pour évoluer vers plus de gentillesse
Matthieu Ricard en est convaincu, «ce ne sont pas les gouvernements qui vont proclamer du jour au lendemain "devenons altruistes". Les changements culturels viennent d'abord de la population. Je crois à l'effet "gouttes de pluie": ce sont quelques gouttes sur un trottoir, auxquelles d'autres s'ajoutent, puis cela forme une flaque et bientôt, tout le trottoir est humide. Ce sont les ONG, les gens qui entretiennent des liens sociaux, ce sont aussi des phares intellectuels qui créent des points d'inflexion. Ensuite, notre tendance naturelle à l'imitation entre en jeu. C'est ainsi que les cultures changent. Et pour changer au niveau individuel, Matthieu Ricard propose ainsi quelques conseils à appliquer quotidiennement et qui, selon lui, permettent d'évoluer progressivement vers plus de gentillesse: «Au lieu de penser pendant trente secondes: "comme ce serait bien si j'étais plus gentil?", asseyez-vous et interrogez-vous: "Certes, je suis maladroit mais au fond, je ne souhaite ni souffrir, ni faire souffrir les autres. Quant à cette personne qui m'agace, elle aussi, elle est maladroite vis-à-vis d'elle-même et des autres mais elle non plus ne se réveille pas le matin en voulant faire souffrir. Si j'accorde de la valeur à mon désir d'être heureux, je dois aussi accorder de la valeur au sien". C'est la première étape pour se reconnaître en tant qu'un être humain relié à un autre être humain qui, de fait, mérite d'être respecté. Ensuite, il s'agit de cultiver l'amour altruiste. Commencez avec quelqu'un que vous aimez: votre enfant, votre chat, votre compagnon, votre épouse... Pensez à lui et laissez croître en votre esprit un flot d'amour pour lui. Faites cela vingt minutes, tous les jours. Un mois plus tard, vous aurez commencé à changer et quand vous serez exposé à une situation difficile, cette nouvelle habileté vous viendra facilement à l'esprit. Les études sur la neuroplasticité font état des modifications structurelles et fonctionnelles dans le cerveau des méditants à long terme mais également à court terme: entre huit semaines et trois mois de méditation altruiste, trente minutes par jour, apportent déjà des changements significatifs, par exemple sur la tendance à l'anxiété, à la rumination et à la dépression.
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